L’Avare de Molière

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Cette comédie en cinq actes et en prose de Molière a été écrite en 1668. Créée au Palais-Royal le 9 septembre 1668, la pièce est ensuite publiée à Paris. Médiocrement accueillie, elle n’est jouée que neuf fois avant d’être retirée. Les spectateurs sont déroutés par les  » ambivalences esthétiques  » et par l’utilisation de la prose ( ce qui est assez rare pour une pièce en cinq actes de l’époque). Il y avait au début de 1669, un espoir de remonter l’Avare, mais celui-ci fut balayé par le triomphe de Tartuffe enfin autorisé à être joué à cette période.

L’Avare a pourtant été rapidement considérée comme l’archétype de la Comédie de Molière. Le succès de la pièce fut posthume . Cette pièce a été jouée 2078 fois à la Comédie française entre 1680 et 1963 . C’est la seconde pièce la plus jouée derrière Tartuffe.

Résumé de l’Avare

ACTE PREMIER

L’action se passe à Paris, dans la maison d’Harpagon, un riche bourgeois veuf et père de deux enfants, Cléante et Élise . Les deux enfants d’Harpagon craignent chacun pour leurs amours respectifs car l’avarice de leur père risque de mettre en péril leurs projets de mariage :  » Donner est un mot pour qui il a tant d’aversion , dit de lui La Flèche, le valet de Cléante, qu’il ne dit jamais : je vous donne , mais : je vous prête le bon jour « .

Élise est secrètement fiancée à Valère, gentilhomme napolitain qui lui a sauvé la vie lors d’un naufrage et qui s’est introduit chez Harpagon en qualité d’intendant. Cléante, lui, voudrait épouser Mariane, une jeune fille pauvre, dont il est amoureux. Secrètement Cléante se révolte contre l’avarice et le despotisme de son père qui ne lui permettent pas d’apporter de l’aide à Mariane. Il envisage même de s’enfuir avec sa bien-aimée à l’étranger.

Harpagon lui-même est rongé d’inquiétude : il a enterré dans son jardin une cassette contenant dix mille écus d’or et il craint qu’on ne lui dérobe. Obsédé par cette crainte, il soupçonne tout le monde et va même jusqu’à chasser brutalement, après l’avoir interrogé et fouillé, La Flèche, le valet de Cléante. Il soupçonne également ses propres enfants . Réussissant temporairement à calmer ses doutes , il leur apprend qu’il a l’intention d’épouser Mariane, de destiner Élise à Anselme, un vieillard de ses amis, et de donner pour femme à Cléante, une veuve de sa connaissance. Comme Élise s’oppose énergiquement à ce mariage que son père a imaginé pour elle, Harpagon demande à son intendant Valère d’intervenir pour la convaincre. Ce dernier se retrouve ainsi dans un plaisant embarras. Il fait semblant de donner raison à Harpagon mais reste vigilant et n’hésiterait pas à fuir avec Elise si la situation le nécessitait.

ACTE Il

Cléante cherche à emprunter quinze mille francs. Son valet lui a trouvé un préteur , mais ce dernier réclame un taux exorbitant et y ajoute des conditions abracadabrantes, notamment l’obligation d’y inclure un amas de vieilleries hétéroclites évaluées à un prix extravagant. Tandis qu’il s’indigne contre ces conditions tyranniques, Cléante découvre, lors de l’arrivée de maître Simon, la personne chargée de la transaction que le préteur avec qui il songe à entrer en affaires n’est autre Harpagon. Le père et le fils s’opposent violemment .

Frosine, une intrigante se vante auprès de La Flèche d’obtenir d’Harpagon de bons subsides en échange de services qu’elle lui rend dans la négociation de son mariage avec Mariane. Profitant de l’absence d’Harpagon, le valet la met en garde contre l’avarice légendaire de son maître.

Arrive Harpagon. Frosine lui fait croire que Mariane a une prédilection pour les vieillards et qu’elle accepte de l’épouser. L’absence de dot tourmente pourtant Harpagon. Frosine le rassure en lui indiquant que les habitudes d’économie de la jeune fille pauvre constituent un réel atout. Vient le moment pour Frosine de se faire rétribuer. Harpagon reste sourd aux sollicitations de Frosine et prétexte une affaire urgente pour s’éclipser.

ACTE III

Harpagon, qui a invité Mariane à dîner, multiplie les recommandations à ses domestiques, en particulier à maître Jacques pour limiter le plus possible la dépense. Devant les protestations de ce dernier Valère se joint à Harpagon pour inciter le cocher-cuisinier à faire des économies.

Maître Jacques se querelle avec l’intendant, reçoit des coups de bâton et jure de se venger à la première occasion. Mariane, conduite par Frosine, arrive, pleine d’appréhension et toute tremblante à l ‘idée de rencontrer Harpagon. Elle a une pensée émue pour le mystérieux jeune homme dont elle est amoureuse. Le physionomie d’Harpagon la rebute, elle est paralysée. Lorsqu’elle reconnaît Cléante, le jeune homme qui lui a fait la cour, elle est troublée. Les deux jeunes gens se font comprendre l’un à l’autre leurs véritables sentiments, en usant un langage à double sens, devant un Harpagon qui a du mal à saisir ces échanges codés. Mais Harpagon explose de colère lorsque Cléante lui ôte du doigt une bague de diamant pour l’offrir en son nom à Mariane. On annonce alors la visite d’une personne qui apporte à Harpagon de l’argent. L’avare s’empresse d’aller l’accueillir.

ACTE IV

Cléante et Mariane demandent à Frosine de les aider pour convaincre Harpagon à renoncer à son projet de mariage. Celle-ci imagine de faire rencontrer à l’avare une riche veuve. C’est alors qu’Harpagon survient brusquement et qu’il surprend son fils en train de baiser la main de Mariane. Il devine qu’on lui cache quelque chose. Il feint alors d’avoir renoncé à la jeune fille pour inciter Cléante à lui confier ses véritables sentiments. Le jeune homme tombe dans le piège et avoue à son père qu’il est amoureux de Mariane et lui a fait la cour. Harpagon entre dans une terrible colère et menace de frapper son fils.

Maître Jacques survient alors et entreprend de réconcilier le père et le fils. Il prend à part chacun d’eux et lui fait croire que l’autre renonce à Mariane. Après le départ de Maître Jacques, les deux protagonistes prennent conscience du malentendu, et la querelle reprend avec plus de violence entre Cléante et Harpagon. L’avare déshérite son fils, le chasse et le maudit. Arrive alors La Flèche portant la cassette d’Harpagon, qu’il a dérobée. Harpagon qui a découvert le vol arrive affolé, furieux, et assoiffé de vengeance. Il jure de retrouver les coupables.

ACTE V

Une enquête est ordonnée. Un commissaire de police, convoqué par Harpagon, mène son enquête. Harpagon souhaite que le commissaire fasse arrêter tous les habitants de la ville. Le policier interroge maître Jacques. Ce dernier pour se venger de Valère, l’accuse d’avoir dérobé la cassette. Valère arrive, et Harpagon le presse d’avouer son crime. Croyant son amour découvert, Valère plaide coupable , mais il proteste de l’honnêteté de ses intentions. Le quiproquo dure un moment jusqu’à ce qu’Harpagon, au comble de la fureur, comprenne l’idylle entre Elise et Valère. Il menace d’enfermer sa fille et de faire pendre l’intendant.

L’arrivée du seigneur Anselme, un aristocrate napolitain, va permettre de clarifier la situation.  Pour se disculper, Valère dévoile son identité et raconte son histoire. On découvre alors que le seigneur Anselme n’est autre que le père de Valère et Mariane, laissés jadis pour mort lors d’un naufrage.

Tout est bien qui finit bien : un double mariage va unir Valère à Élise et Cléante à Mariane. Harpagon retrouve sa  » chère cassette  » avec grand bonheur et le seigneur Anselme prendra à sa charge les frais de cérémonie et les besoins des deux ménages.

Lou Castelane

Source bibliographique

Molière , Fernand Egéa , Balises ( Editions Nathan)
l’Ecole des Femmes ,Jean Butin
, profil d’une oeuvre ( Editions Hatier)
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
50 romans clés de la Littérature française de Jean-Claude Berton, ( Hatier)
Kléber Haedens  Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions Larousse)