Modeste secrétaire, élevant seule son fils, Marylou est très en retard pour une importante réunion de travail. Coincée dans les embouteillages et le métro, elle finit par piquer un sprint, son lourd dossier sous le bras. Elle tente le tout pour le tout. Parfois la vie tient à une poignée de minutes.
Albert Foehn est lui plutôt en avance, il a rendez-vous chez un notaire pour régler sa succession. À soixante-dix-huit ans il ne lui reste que quelques mois à vivre. En une fraction de seconde la vérité sur son existence éclate.
Producteur de cinéma influent, père d’un grand fils dont il ne se sent pas proche, Tom veut demander sa main à la capricieuse Libby. Il en est très amoureux. Un stupide accident de vélo va changer la donne.
La brillante Prudence, » partner » dans un cabinet de conseil réputé, a dû mal à se faire une place au sommet. La couleur de sa peau entrave son ascension. Mais parfois la vie vous remet les cartes en main.
Un chien, un macaron à la violette, un suicide raté, l’explosion d’un immeuble, vont modifier le destin de ces protagonistes et les réunir dans un hôpital. Telle la chute de dominos, la providence, bousculant leur vie, s’amuse à redistribuer le jeu.
Croisant le destin de personnages en mal d’amour, à la manière d’un brillant Magnolia, Providence est un roman choral qui pointe les solitudes de notre époque, les lâchetés et les compromissions de la société.
Valérie Tong Cuong a publié cinq romans : Big (Nil, 1997), Gabriel (Nil, 1999), Où je suis (Grasset, 2001), Ferdinand et les iconoclastes (Grasset, 2003), Noir dehors (Grasset, 2006). Elle écrit et chante dans le groupe Quark.
La neuvième symphonie
Début avril, je savais juste que Valérie Tong Cuong était une grande romancière, mais je n’avais pas encore eu la chance de lire l’un de ses romans. C’est un article dithyrambique, sur Fig Tree, qui a déclenché l’étincelle . J’ai acheté le jour même Providence , son dernier roman; et quel bonheur !
Quatre personnages principaux, et plus encore de personnages secondaires . Quatre trajectoires qui, sans le talent généreux de Valérie Tong Cuong, n’avaient aucune chance de se croiser.
Marylou élève seule son magnifique Paulo, un fils de douze ans. Elle a peur d’arriver en retard à une réunion capitale et craint pour son emploi .
Albert est un célèbre architecte de soixante-dix-huit ans, à qui son médecin, un ami, a diagnostiqué une sale maladie. C’est pourquoi il a rendez-vous chez son notaire .
Tom, producteur de cinéma de cinquante-sept ans, est fou amoureux de la capricieuse Libby.
Et enfin Prudence, brillante « partner » dans un cabinet de conseil , cache depuis l’âge de onze ans, une blessure secrète.
Les personnages de Providence sont tous un peu cabossés par la vie et ne croient plus au miracle. Ils sont loin de se douter , ce matin-là, que le destin leur a donné rendez-vous.
Un passager du métro qu’ils ne connaissent pas, une explosion criminelle, un macaron à la violette, un chien indocile, et la porte entrouverte d’une sale d’attente … vont faire converger les trajectoires de ces vies jusque-là parallèles.
Providence raconte avec un mélange d’humour et de gravité les blessures bénignes de la vie quotidienne et les drames qu’il faut apprendre à apprivoiser. Valérie Tong Cuong a pour ses personnages une tendresse infinie. Elle les aime, et sa passion est communicative.
Le rythme vif, la construction lumineuse, et l’écriture fluide et captivante font de ce roman une brillante symphonie.
J’ai refermé ce livre en ayant dans la tête les hautbois, les clarinettes, les flûtes, les bassons, les altos, les violoncelles et les contrebasses dirigés par Ozawa dans la neuvième de Beethoven et mon coeur faisait boum. Providence est le plus beau des hymnes à la joie et vous offre le plus lumineux des sourires.
Guy Jacquemelle
Avant ou après avoir lu, Providence, précipitez vous sur l’interview qu’a donnée Valérie Tong Cuong à auteurs.tv. Dans ce magnifique entretien vous apprendrez comment nait un premier roman et comment une rencontre peut changer un destin.