Introduction
«Les amoureux de Marivaux sont les premiers amoureux parfaitement purs de notre théâtre, car ils n’ont pas à lutter avec les lois de la cité ou de l’honneur, comme dans Corneille, avec la fatalité, comme dans Racine, avec des pères avares ou des tuteurs jaloux, comme dans Molière. Non, ils sont seulement aux prises avec eux-mêmes lorsqu’ils voient se révéler dans leur cœur un sentiment inconnu.» Kléber Haedens, Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
«J’ai guetté dans le cœur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l’amour lorsqu’il craint de se montrer, et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d’une de ses niches.» Marivaux
Le double triomphe du langage et de l’amour
De 1722, date de La Surprise de l’Amour, son premier succès, jusque 1742 date de son entrée à l’académie française, Marivaux a créé trois journaux ( le spectateur français, l’Indigent philosophe, et le cabinet du philosophe) et a écrit une petite vingtaine de pièces de théâtre, dont ses chefs d’œuvre : La Double Inconstance, le Jeu de l’amour et du hasard, Les Fausses confidences…
Si certains ont accusé Marivaux de tourner sans cesse autour du même sujet, force est de constater qu’il ne s’est jamais répété. Ce dont témoigne son théâtre, c’est du double triomphe du langage et de l’amour. Ses pièces sont une habile partie de cache-cache entre l’être et le paraître, la sincérité et le mensonge, l’amour pour l’autre et l’amour-propre.
Ses personnages jonglent avec les subtilités du langage, ils ne s’embarrassent pas de la morale et ne songent qu’à leur plaisir. Et si, comme dans la pure tradition de la commedia dell’arte, ils utilisent parfois des déguisements ou des masques, c’est pour brouiller les cartes entre maîtres et domestiques et dénoncer certains préjugés sociaux. C’est aussi, le plus souvent, pour démasquer les faux-semblants et faire triompher la vérité.
Virginie Delisle
Biographie
1688 | Né à Paris le 4 février de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux |
1698 | Son père est nommé contrôleur puis directeur de la Monnaie à Riom Marivaux fait ses études classiques chez les oratoriens de Riom |
1710 | Etudes de droit à Paris. Marivaux se montre peu assidu. Il préfère fréquenter les salons littéraires de Mme de Lambert et de Mme de Tencin |
1712 | il abandonne ses études de droit. Il publie Le Père prudent et équitable, sa première comédie en vers |
1714 | Marivaux compose Le Télémaque travesti. Il prend parti pour les Modernes dans le dernier épisode de la querelle qui les oppose aux anciens |
1716 | l’Iliade travestie, poème burlesque |
1717 | Lettres sur les habitants de Paris Il épouse Colombe Bologne, fille d’un riche avocat |
1719 | Naissance de sa fille Mort de son père |
1720 | Annibal, tragédie en 5 actes et en vers : unique tragédie de Marivaux; ce fut un échec l’Amour et la Vérité (Théâtre Italien) Arlequin poli par l’amour (Théâtre Italien); comédie en un acte et en prose : premier succès Marivaux est ruiné par la faillite de Law |
1721 | Il est licencié en droit puis est reçu avocat mais n’exercera jamais réellement Il lance le Spectateur françois, un journal qu’il souhaiterait hebdomadaire. Marivaux, unique rédacteur, est à la fois conteur, moraliste, et philosophe. Il éditera le Spectateur françois jusqu’en 1724 et produira 25 numéros |
1722 | Arlequin poli par l’amour La Surprise de l’Amour |
1723 | La Double Inconstance, mort de son épouse |
1724 | la Fausse Suivante ou le Fourbe puni Le Dénouement imprévu |
1725 | L’Ile des esclaves L’héritier de village |
1727 | L’Indigent Philosophe, nouveau journal de Marivaux, dans lequel il se fait philosophe L’Ile de la raison ou les Petits Hommes |
1728 | Le triomphe de Plutus |
1729 | La Nouvelle Colonie ou la ligue des femmes |
1730 | Le Jeu de l’amour et du hasard, comédie d’intrigue en 3 actes et en prose. Hésitants devant le mariage, Silvia et Dorante décident tous deux de changer leurs habits. Silvia prend ceux de Lisette, sa femme de chambre tout en mettant Orgon, son père dans la confidence. Dorante prendra, lui, ceux de son valet Arlequin. Quiproquos entre les faux maîtres et les valets d’un jour. La pièce se termine dans la joie, d’autant plus que le hasard fait triompher l’amour tout en respectant l’ordre social |
1731 | La réunion des Amours Il commence l’écriture d’un grand roman : La Vie de Marianne |
1732 | Le Triomphe de l’Amour |
1733 | L’Heureux Stratagème |
1734 | La Méprise |
1735 | La Mère Confidente |
1736 | Le Legs |
1737 | Les fausses Confidences, comédie en trois actes et en prose. Dorante, fils d’avocat sans fortune, réussit à se faire engager comme intendant Chez Araminte, une jeune et riche veuve, dont il est secrètement amoureux. Grâce à la complicité de son ancien valet, Dubois, et avec le soutien de M. Rémy, son oncle, il parviendra à faire triompher son amour |
1738 | La Joie imprévue |
1739 | Les Sincères |
1740 | L’Epreuve |
1741 | La Commère ( non représentée) |
1742 | Il est élu à l’Académie française ( contre Voltaire) Il y prononce plusieurs discours : Réflexions sur le progrès de l’Esprit humain (1744), sur Corneille et Racine (1749), sur les Romains et les anciens Perses (1751) |
1744 | La Dispute |
1745 | Sa fille se fait religieuse |
1746 | Le Préjugé vaincu |
1750 | La Colonie |
1754 | L’Education d’un prince |
1755 | La femme infidèle |
1757 | Les Acteurs de bonne foi |
1761 | La Provinciale |
1763 | Malade depuis 1758, Marivaux meurt le 12 février à Paris |
Oeuvres
1712 | Le Père prudent et équitable |
1714 | Le Télémaque travesti. |
1716 | l’Iliade travestie, |
1717 | Lettres sur les habitants de Paris |
1720 | Annibal l’Amour et la Vérité Arlequin poli par l’amour |
1722 | Arlequin poli par l’amour La Surprise de l’Amour |
1723 | La Double Inconstance |
1724 | la Fausse Suivante ou le Fourbe puni Le Dénouement imprévu |
1725 | L’Ile des esclaves L’héritier de village |
1727 | L’Indigent Philosophe L’Ile de la raison ou les Petits Hommes |
1728 | Le triomphe de Plutus |
1729 | La Nouvelle Colonie ou la ligue des femmes |
1730 | Le Jeu de l’amour et du hasard |
1731 | La réunion des Amours La Vie de Marianne |
1732 | Le Triomphe de l’Amour |
1733 | L’Heureux Stratagème |
1734 | La Méprise |
1735 | La Mère Confidente |
1736 | Le Legs |
1737 | Les fausses Confidences |
1738 | La Joie imprévue |
1739 | Les Sincères |
1740 | L’Epreuve |
1741 | La Commère |
1744 | La Dispute |
1746 | Le Préjugé vaincu |
1750 | La Colonie |
1754 | L’Education d’un prince |
1755 | La femme infidèle |
1757 | Les Acteurs de bonne foi |
1761 | La Provinciale |