Introduction
… Passionné pour lui même, ne s’intéressant profondément à rien sous couleur de s’intéresser à tout, habile à s’enrichir, feignant d’avoir du bon sens… insolent avec l’Eglise et prudent avec Dieu, gaulois, rusé, ambitieux et moqueur, tel est Voltaire qui représente mieux que tout autre l’un des côtés célèbres, aimables et parfois irritants de l’esprit français. Kléber Haedens, Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Né en 1694 et mort à plus de quatre-vingt ans, Voltaire couvre tout le dix-huitième siècle. Enfant alors que La Fontaine et Racine étaient encore de ce monde, il aurait pu rencontrer, au soir de sa vie, le jeune Chateaubriand.
Voltaire a eu un champ d’action immense, au point même de se voir reprocher, parfois, une certaine superficialité, tant son œuvre est éparpillée : de la comédie à la tragédie, du dialogue au pamphlet, du journalisme au conte philosophique, de l’ouvrage historique au discours, Voltaire a pratiqué, en vers ou en prose, presque tous les genres.
Il a aussi été un combattant infatigable, et son écriture a toujours été au service de ses idées. Méprisé par les monarchistes et les religieux, le philosophe de Ferney a conquis les républicains, les anticléricaux et tous ceux se réclamant de la tolérance et d’un certain humanisme.
Ce qui est paradoxal, deux siècles après sa mort, c’est que l’on ait presque oublié ses tragédies, alors que Voltaire y attachait une grande importance. Et, au contraire, nous étudions ses contes, alors qu’il les considérait, lui, comme mineurs.
Voltaire incarne aujourd’hui le philosophe s’étant opposé à l’intolérance, et ayant, avant beaucoup d’autres, défendu les droits de l’homme et les grandes causes de l’humanité.
Thibault Doulan
Biographie
1694 | François Marie Arouet naît le 21 novembre à Paris. Il est le troisième enfant d’une famille dont le père est receveur à la Cour des Comptes. |
1704 | Il effectue de 1704 à 1711 de brillantes études de rhétorique et de philosophie chez les jésuites du collège Louis Le Grand. Cette éducation l’initie aux plaisirs de la conversation et du théâtre. Son parrain, l’abbé de Châteauneuf le présente à Ninon de Lenclos, alors âgée de plus de quatre-vingt ans. La légende veut que la vieille courtisane, charmé par le jeune homme, l’ait couché…. sur son testament. |
1713 | Le jeune François Marie Arouet néglige ses études de droit. Il part comme secrétaire d’ambassade à la Haye. Il tombe amoureux d’une jolie huguenote, l’ambassadeur le renvoie à Paris. |
1714 | Son parrain, l’abbé de Châteauneuf, l’introduit dans les milieux mondains et libertins parisiens. Il vole de château en château et anime les dîners galants de ses vers hardis. |
1716 | Ses écrits satiriques sur les amours incestueuses du Régent font scandale. Ce mélange d’insolence et d’inconscience lui vaudront d’être emprisonné onze mois à la Bastille ( mai 1717 à avril 1718). |
1718 | Dès sa sortie de prison, le jeune Arouet prend le pseudonyme de Voltaire (anagramme probable de A.R.O.V.E.T L.e I.eune). Il présente sa première tragédie, Œdipe et connaît un beau succès. |
1722 | Le Régent, guère rancunier, lui accorde une pension. Mort de son père, qui lui lègue une belle fortune. |
1723 | Il publie La Henriade, une épopée consacrée à la grandeur de Henri IV. |
1725 | Il est chargé des représentations théâtrales pour les fêtes du mariage de louis XV. |
1726 | À la suite d’une altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire est une nouvelle fois embastillé pendant deux semaines. A sa libération, il s’exile en Angleterre. Il y passera deux ans et demi. Ce séjour au sein de la monarchie parlementaire et libérale anglaise l’influencera. Il y découvrira notamment la tolérance religieuse et un « souffle »de liberté. |
1728 | Il dédie La Henriade, à la reine d’Angleterre. Cette œuvre sera très appréciée des anglais. |
1729 | Retour en France. |
1731 | Histoire de Charles XII. Le gouvernement ordonne la saisie de cette œuvre, mais celle-ci circulera clandestinement. |
1732 | Zaïre, tragédie écrite en trois semaines. Il obtient un immense succès et apparaît comme le digne successeur de Corneille et Racine. |
1773 | Le Temple du Goût. |
1734 | Lettres Philosophiques. Voltaire y fait l’éloge des mœurs politiques anglaises; une façon pour lui de dénoncer les travers de la monarchie française. Ces lettres déclenchent un immense scandale. Elles sont condamnées à être brûlées et Voltaire, pour échapper à la Bastille, doit quitter Paris. Il se réfugie dans le château d’Emilie du Châtelet, à Cirey en Champagne. Il y restera dix ans et va s’adonner à l’étude, à l’écriture, à des expériences de physique et à la philosophie scientifique. Il compose également plusieurs pièces de théâtre. |
1735 | Traité de métaphysique, Mort de Jules César |
1736 | Le Mondain, poème à la fois épicurien et ironique, sur le bonheur d’être sur terre. Alzire ou les Américains L’Enfant Prodigue Voltaire entame en Août, des relations épistolaires avec Fréderic II, alors prince royal de Prusse. Cette correspondance débouchera en 1741 sur un premier séjour de Voltaire à Berlin, chez celui qui sera devenu entre-temps roi de Prusse. |
1738 | Éléments de la philosophie de Newton, ouvrage de vulgarisation qui contribua largement à la diffusion des idées nouvelles. |
1739 | Une Vie de Molière |
1741 | Mahomet ou le fanatisme, essai sur le drame du pouvoir. |
1744 | Le comte d’Argenson, devenu ministre des Affaires Etrangères, fait revenir Voltaire à Paris. Il est également soutenu par Mme de Pompadour, la nouvelle favorite du roi. Il devient historiographe du roi Louis XV La Bataille de Fontenoy |
1746 | Voltaire est élu à l’académie française |
1748 | Zadig : premier conte philosophique important de Voltaire. Il traite de la destinée humaine, du bonheur, du destin, du bien et du mal… Sémiramis, tragédie. Voltaire est peu apprécié du couple royal. Déçu, désabusé, il se retire un an, avec Emilie du Châtelet, à la cour du roi de Pologne Stanislas, à Lunéville. |
1749 | Mme du Châtelet, qui a une liaison avec le jeune poète Saint-Lambert, meurt en couches. Cette mort affecte profondément Voltaire qui décide alors de répondre à l’invitation de Frédéric II, et part pour la Prusse. |
1750 | Oreste On retire à Voltaire, contre les usages, sa fonction d’historiographe. Il part pour Berlin à la cour du roi Fréderic II de Prusse. Les relations entre le roi philosophe et le philosophe roi sont d’abord idylliques, mais celles-ci deviendront vite orageuses. |
1751 | Le Siècle de Louis XIV |
1752 | Micromégas, conte philosophique qui traite de la relativité des connaissances. |
1753 | Brouille entre Frédéric II et Voltaire. Le philosophe doit quitter l’Allemagne. La France lui refuse l’asile, en raison du scandale causé par l’édition pirate de son Abrégé de l’Histoire Universelle. Voltaire s’installe à Ferney, près de Genève. |
1755 | En mars, il s’installe avec Mme Denis, dans les environs de Genève. Il achète une propriété qu’il appelle Les Délices. |
1756 | Essai sur l’Histoire générale et sur les mœurs. Voltaire joue un rôle essentiel dans le renouveau des études historiques. Poème sur le désastre de Lisbonne Premier désaccord avec Rousseau sur la question de la Providence. |
1757 | Il collabore au septième tome de l’Encyclopédie. Les autorités genevoises n’apprécièrent pas l’article Genève qu’il y rédige, en raison des critiques sévères contre la République et la religion calviniste qu’il contient. |
1759 | Candide, conte philosophique considéré comme l’un de ses chefs d’oeuvre. Le héros, Candide, est un jeune homme crédule à qui son précepteur, Pangloss, inculque une théorie très simpliste sur l’optimisme. Les mésaventures du jeune héros mettent à mal cette doctrine. Cela permet à Voltaire de se moquer de toutes les théories métaphysiques qui ne résistent pas à l’épreuve des faits. Au-delà du procès de l’intolérance, du fanatisme, de la mauvaise foi ou de la superstition, Candide est aussi une défense du pragmatisme, présenté comme une forme de lucidité et de sagesse. |
1760 | Voltaire s’établit à Ferney. Il va faire de cette petite ville du pays de Gex, un haut lieu de l’Europe intellectuelle. Il engage une correspondance avec plusieurs souverains : l’impératrice Catherine II de Russie, Frédéric II, les rois de Pologne, du Danemark et de Suède. De Paris, des personnages influents lui témoignent également leur soutien : Choiseul (alors Ministre des Affaires étrangères), d’Alembert, Richelieu, Turgot, Condorcet… |
1762 | Voltaire défend Calas, un huguenot condamné sans preuve pour avoir tué son fils, qu’il soupçonnait de vouloir se convertir au catholicisme |
1763 | Traité sur la Tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas Ce Traité sur la Tolérance est une protestation contre l’injustice faite à l’accusé et contre le fanatisme d’une accusation née de la rumeur et de la haine. |
1764 | Le Dictionnaire philosophique portatif. Voltaire y raille la métaphysique, le fanatisme, la théologie et y expose ses grands principes politiques : Lois, Etats, Gouvernements… Commentaires sur Corneille |
1765 | La Philosophie de l’Histoire |
1770 | Neuf Volumes de Questions sur l’Encyclopédie |
1772 | Epître à Horace |
1775 | Lettres de M. de Voltaire à l’Académie française |
1778 | Voltaire quitte Ferney le 5 février. Retour triomphal à Paris. Voltaire meurt le 30 mai et est enterré presque clandestinement, l’Eglise lui ayant refusé des obsèques. Pourtant, en février, 4 mois avant sa mort, il déclarait vainement, dans une ultime profession de foi : » Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition.. » |
1791 | Sa dépouille est transférée au Panthéon. |
Oeuvres
1718 | Œdipe |
1723 | La Henriade |
1731 | Histoire de Charles XII |
1732 | Zaïre |
1773 | Le Temple du Goût. |
1734 | Lettres Philosophiques |
1735 | Traité de métaphysique, Mort de Jules César |
1736 | Le Mondain Alzire ou les Américains L’Enfant Prodigue |
1738 | Eléments de la philosophie de Newton |
1739 | Une Vie de Molière |
1741 | Mahomet ou le fanatisme, |
1744 | La Bataille de Fontenoy |
1748 | Zadig Sémiramis |
1750 | Oreste |
1751 | Le Siècle de Louis XIV |
1752 | Micromégas |
1753 | Abrégé de l’Histoire Universelle |
1756 | Essai sur l’Histoire générale et sur les mœurs. Poème sur le désastre de Lisbonne |
1757 | Il collabore au septième tome de l’Encyclopédie. |
1759 | Candide |
1763 | Traité sur la Tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas |
1764 | Le Dictionnaire philosophique portatif. Commentaires sur Corneille |
1765 1765 | La Philosophie de l’Histoire |
1770 | Neuf Volumes de Questions sur l’Encyclopédie |
1772 | Epître à Horace |
1775 | Lettres de M. de Voltaire à l’Académie française |