Ce roman évoque l’étonnant destin de Jean-Baptiste Grenouille, qui possède un sens olfactif incroyable. Ses aventures se déroulent en France au XVIII ème siècle.
Résumé du Roman
Jean-Baptiste Grenouille naît à Paris le 17 juillet 1738. Il vient au monde au milieu de légumes et de poissons avariés, lors « d’une des journées les plus chaudes de l’année« . Sa mère, accusée d’infanticide, est condamnée et décapitée. Le petit Jean-Baptiste est confié à plusieurs nourrices. Aucune d’elle ne le garde. Elles considèrent toutes qu’il est soit trop goulu, soit inquiétant car ne possédant aucune odeur.
L’une des nourrices le ramène au père Terrier, moine au cloître de Saint-Merri. Ce dernier est frappé par l’extraordinaire sensibilité olfactive du nourrisson. Ce don l’inquiète et il se débarrasse vite de Grenouille.
il est alors confié à Mme Gaillard, une femme sans odorat. Dans cette maison, Grenouille survit dans un milieu hostile. Il apprend à distinguer les odeurs environnantes.
Mme Gaillard détecte les dons olfactifs de Grenouille. Lorsqu’il a 9 ans, elle décide de le confier au maître tanneur Grimal qui est à la recherche de main-d’œuvre : » Au premier coup d’œil qu’il jeta sur M. Grimal, Grenouille sut que c’était là un homme capable de le battre à mort à la moindre incartade. » Le jeune Grenouille est corvéable à merci, il enterre et déterre les peaux et va puiser de l’eau au fleuve. Il effectue les travaux les plus pénibles. Grenouille tombe gravement malade et survit miraculeusement à cette grave maladie. A l’âge de douze ans, M. Grimal lui donne la permission de sortir le dimanche, puis l’année suivante de sortir une heure , chaque soir, après le travail . Pendant ce temps libre, Grenouille se promène dans Paris et y recherche les odeurs les plus extraordinaires : » Il avait à sa disposition la plus grande réserve d’odeur du monde. »
Le 1er septembre 1753, anniversaire de l’accession au trône de Louis XV, Grenouille assiste à un feu d’artifice tiré depuis le pont royal. Il est irrésistiblement attiré par un parfum délicieux inconnu jusqu’alors : » Il s’apprêtait déjà à tourner le dos à cet ennuyeux spectacle, pour rentrer en suivant la galerie du Louvre, lorsque le vent lui apporta quelque chose : quelque chose de minuscule , d’à peine perceptible, une miette infime , un atome d’odeur et même moins encore, plutôt le pressentiment d’un parfum, qu’un parfum réel, et pourtant en même temps le pressentiment infaillible de quelque chose qu’il n’avait jamais senti. » Il suit ce magnifique parfum à la trace . Celui-ci le conduit à travers des ruelles de Paris jusque dans la rue des Marais. Il découvre une jeune fille rousse : Pour Grenouille, il fut clair que sans la possession de ce parfum, sa vie n’aurait plus de sens. » Voulant à tout prix posséder ce parfum, il étrangle la fille et lui arrache ses vêtements pour pouvoir « s’imprégner jusqu’à l’ivresse de son parfum ». Cette rencontre va donner un sens à sa vie : » il fallait qu’il soit un créateur de parfums. Et pas n’importe lequel. Le plus grand parfumeur de tous les temps. »
Quelque temps après, Grenouille parvient à se faire engager comme apprenti chez Guiseppe Baldini, un parfumeur connu, mais qui est bord de la faillite, en raison de la concurrence de Pélissier, un nouveau génie de la parfumerie. Grenouille, pour se faire engager est parvenu à retrouver la formule d’Amor et Psyché, le dernier parfum à la mode. Mieux, il a même réussi à en améliorer sa composition. Baldini rachète Grenouille à M. Grimal. Le tanneur convaincu d’avoir réalisé la meilleure affaire de sa vie, fête tellement cet événement, qu’il finit par tomber dans la Seine et se noie .
Chez Baldini, Grenouille apprend les secrets de la distillation et l’art de composer les parfums. Certains parfums créés par lui, assurent gloire et fortune à Baldini qui les produit sous son nom. Tout Paris redevient fou des parfums de Baldini.
Mais Grenouille se rend compte qu’il ne pourra jamais créer toutes les odeurs dont il rêve. Puis il tombe gravement malade. On le croit mort, mais il revient à la vie en apprenant qu’il existe, à Grasse, dans le sud de la France, d’autres méthodes pour extraire et fabriquer des parfums.
Baldini finit par accepter de laisser partir Grenouille. Celui-ci quitte Paris par un jour de mai de l’année 1756. La nuit même, la maison de Baldini est précipitée dans la Seine. Baldini et son épouse ne peuvent être sauvés, pas plus d’ailleurs que les cahiers aux six cents formules de parfums créées par Grenouille.
Deuxième partie
Grenouille se rend dans le sud de la France à pied. Durant ce voyage, il prend conscience qu’il a horreur des humains et recherche une totale solitude. Il décide de s’arrêter au sommet d’un volcan de deux mille mètres appelé le Plomb du Cantal. Il va hiberner sept ans dans une grotte située sur cette « montagne de la solitude« . Durant ce long séjour Grenouille s’imagine dans un château d’odeurs. Il revisite toutes les odeurs et tous les parfums qu’il a connus ou imaginés depuis son enfance. Il pense particulièrement au parfum de la jeune fille de la rue des Marais.
Puis un jour, c’est « la catastrophe intérieure » : » il poussa un cri aussi épouvantable que si on l’avait brûlé vif ». Grenouille réalise qu’il n’a lui-même aucune odeur. Horrifié par cette révélation, il quitte sa grotte.
Grenouille est accueilli, dans la région de Montpellier, par le Marquis de la Taillade-Espinasse, un noble ayant tourné le dos à Versailles et s’étant retiré sur ses terres pour se consacrer aux sciences. Le marquis, intrigué d’apprendre que Grenouille a vécu pendant sept ans dans une grotte, souhaite tester sur lui sa théorie concernant le fluidum letale ( le fait qu’il ait été si longtemps au contact de la terre le rend particulièrement intéressant à ses yeux), et le soigner grâce à « une cure de désintoxication » de son imagination. Lors de ce séjour, Grenouille découvre sa silhouette dans un miroir : « il fit un petit signe de tête à la silhouette et vit qu’en le lui rendant, elle dilatait discrètement les narines…«
Grenouille décide alors de se composer une fragrance humaine. Il se rend compte que cette odeur lui permet de passer inaperçu. Puis dans la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier, lors d’un mariage, il réalise à nouveau l’étendue de son pouvoir et est envahi d’un immense contentement : « Qui maîtrisait les odeurs maîtrisait le cœur des hommes« . Il désire créer un parfum lui permettant d’influencer les hommes, de les dominer et de se faire aimer d’eux.
Le Marquis de la Taillade-Espinasse organise une nouvelle conférence pour montrer l’effet positif de son traitement sur Grenouille. Cette conférence connaît un immense succès. Grenouille est le seul à savoir que la grande sympathie que le public lui manifeste est dû au parfum dont il s’est couvert.
Grenouille reste encore quelques semaines chez le Marquis. Puis tandis qu’il quitte Montpellier en cachette, le Marquis, lui, part seul en direction du Pic du Canigou. Il a décidé d’expérimenter, nu comme un ver, une cure de rajeunissement .
Troisième partie
Grenouille poursuit son voyage et arrive à Grasse. Il est fasciné par ces nouvelles effluves qu’il y découvre. Il est surtout attiré par le parfum extraordinaire d’une jeune fille, Laure. Il veut absolument s’approprier cette odeur : « Ah il voulait avoir ce parfum! Non pas l’avoir de façon aussi vaine , aussi lourdaude que naguère celui de la jeune fille de la rue des Marais. Celui-là, il n’avait fait que s’en saouler , le détruisant du même coup. Non, le parfum de cette jeune fille derrière le mur, il voulait véritablement se l’approprier ; l’ôter d’elle comme une peau et en faire son propre parfum. Comment cela se passerait, il l’ignorait encore. Mais il avait deux ans devant lui pour l’apprendre... » Pendant ce temps, il travaille chez la veuve Arnulfi. Le premier compagnon, Druot lui donne des leçons et l’initie à l’enfleurage à froid.
Mettant à profit ces nouvelles connaissances, Grenouille essaye de capter les odeurs des objets, des animaux et des hommes. Il constate qu’il faut d’abord les tuer. Ainsi il parvient à s’approprier le parfum d’un petit chien, puis ensuite , celui d’un homme.
Grenouille retourne respirer le parfum de Laure : » elle était encore là cette plante à l’incomparable beauté , elle avait passé l’hiver sans dommage, elle était en pleine sève. » S’il constate avec bonheur que le parfum de Laure n’a rien perdu de sa séduction, il réalise que celui-ci s’estompera avec le temps.
C’est alors que plusieurs meurtres de jeunes filles sont commis dans la ville. La cité est saisie d’effroi. Les pères ne savent plus comment protéger leurs filles du cruel meurtrier qui assassine les plus belles jeunes filles de Grasse. Puis les meurtres cessent. La population attribue ce répit à l’évêque qui a décidé solennellement d’excommunier ce terrible assassin.
A la suite de ces crimes, Antoine Richis, le bourgeois le plus riche de la ville, qui est aussi le père de Laure, essaye de garder son sang froid, mais il est terrorisé par un rêve prémonitoire. Il craint pour la vie de sa fille. Il imagine un stratagème, pour espère-t-il, la sauver.
Il souhaite la soustraire au redoutable assassin et organise secrètement son départ pour la Napoule, où elle épousera Alphonse, le fils du baron de Bouyon. Ainsi mariée pense-t-il, Laure perdra tout attrait pour le meurtrier.
Grenouille se rend compte que la merveilleuse senteur a disparu. Il décide de partir à sa recherche, car il sait que le moment est venu de capturer l’odeur de Laure afin de créer le parfum parfait.
Grâce à son nez, il retrouve la trace de Laure et s’installe dans la même auberge qu’elle. Le soir, il parvient à s’introduire dans sa chambre, et la tue. Pour capturer son parfum, il lui rase les cheveux, s’empare de sa chemise et procède à son enfleurage.
Au petit matin, la nouvelle de la mort de Laure se répand dans Grasse. La population est terrorisée et décide de tout mettre en œuvre pour capturer le meurtrier.
Après quelques jours, sur les informations d’un garde, la maison de Grenouille est fouillée. On y retrouve les cheveux et les vêtements de Laure ainsi que ceux d’autres victimes. Grenouille est arrêté. La haine de la population est immense. Grenouille est jugé et condamné à la peine de mort.
Dans sa prison, il semble indifférent au sort qui l’attend. Son exécution est fixée à cinq heures, l’après-midi. Dès le matin, les habitants se pressent pour ne pas perdre une miette du spectacle. Grenouille réalise alors un miracle. Il se verse une goutte du parfum de Laure et toute la population ne voit en lui qu’un être faible et innocent. C’est la liesse générale. Richis, le père de la victime se jette dans ses bras et décide de le recueillir chez lui. Cette adoption lui permettra de l’aider à supporter la disparition de sa fille adorée. Mais durant la nuit, Grenouille quitte Grasse en cachette.
Après son départ, on arrête Druot, qui entre-temps a épousé la veuve Arnulfi. On le juge rapidement . Il est reconnu coupable des crimes et pendu immédiatement.
Quatrième partie
Grenouille , lui, a décidé de rentrer à Paris. Sur la route, il analyse sa vie qu’il considère comme un échec. Certes, avec le parfum qu’il a créé et dont il n’a utilisé qu’une seule goutte pour échapper à la mort, il pourrait se faire aimer de la terre entière. Mais il a envie de mourir. Arrivé à Paris, il retourne sur le lieu de sa naissance. Durant la nuit, cet endroit est livré à tous les assassins de la capitale. « Il s’était aspergé des pieds à la tête avec le contenu de cette petite bouteille et était apparu tout d’un coup inondé de beauté comme d’un feu radieux ». Les criminels sont d’abord stupéfaits. « Ils éprouvaient une attirance pour cet homme qui avait l’air d’un ange« . Puis soudain, ils craquent. » Ils se précipitèrent vers l’ange, lui tombèrent dessus, le plaquèrent au sol. » Grenouille est dépecé et dévoré par l’assistance : « Une demi-heure plus tard, Jean-Baptiste Grenouille avait disparu de la surface de la terre jusqu’à la dernière fibre. » Sur le visage des assassins, » flottait une virginale et délicate lueur de bonheur » : Ils avaient l’impression pour la première fois, « d’avoir fait quelque chose par amour. »
Quatrième de couverture de l’édition Livre de Poche
Au XVIIIème siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance, furent épouvantables et tout autre que lui n’aurait pas survécu. Mais Grenouille n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n’avait besoin de rien.
Or ce monstre de Grenouille, car il s’agissait bel et bien d’un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l’univers, car » qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes « .
C’est son histoire, abominable… et drolatique, qui nous est racontée dans Le Parfum, un roman qui, dès sa parution, eut un succès extraordinaire et est devenu très vite un best-seller mondial.
« A vue de nez, un chef d’œuvre »
Bernard Pivot
« »Ici, chaque page sent, on n’a jamais lu ça. Odeur de fleurs, de tourbe ou de sanie, tout est mêlé, avec une extraordinaire virtuosité… »
Sylvie Genevoix, Madame Figaro.
Source bibliographique
Le Parfum de Patrick Süskind (Fayard, 1986)
Le Parfum de Patrick Süskind par Guillaume Bardet (Ellipses, Résonances)