« Simenon est de la même famille que Maupassant ( dont l’œuvre tout entière fut écrite en une dizaine d’années) , un écrivain apparemment simple, raconteur d’histoires. Mais dont le lecteur peut indéfiniment découvrir et reprendre les livres, sûr, dès qu’il en a commencé un, de ne pouvoir s’empêcher d’aller jusqu’au bout. » (Extrait du Magazine littéraire de février 2003 : sur les traces de Simenon)
« Simenon est né à Liège le 12 février 1903. C’est à Liège qu’il passe les dix-neuf premières années de sa vie, les plus importantes selon lui, car ce sont les années au cours desquelles il emmagasine l’essentiel des images, des sensations et des expériences sur lesquelles sa personnalité et son ouvre se construiront.
Il est issu d’un milieu modeste. Son père était employé dans une compagnie d’assurances, son grand-père tenait boutique de chapelier, sa mère avait été vendeuse au rayon mercerie d’un grand magasin.
A l’âge de quinze ans et demi, il interrompt prématurément ses études pour gagner sa vie. Très jeune il a décidé d’écrire et c’est par la voie du journalisme qu’il débute. Engagé à la Gazette de Liége comme reporter à tout faire, il rend compte des faits divers et rédige quotidiennement un billet d’humeur. Parallèlement il s’essaie aussi au roman et publie, en 1921, sous le pseudonyme de Georges Sim, Au Pont des Arches, petit roman humoristique de mours liégeoises.
En décembre 1922, il décide de quitter Liège pour conquérir Paris. Il se lance alors résolument dans une littérature alimentaire qui lui permet de gagner largement sa vie tout en faisant son apprentissage de romancier. Sous divers pseudonymes, il publie, entre 1923 et 1933, un millier de contes et quelque deux cents romans populaires de tous genres : sentimentaux, érotiques, policiers, d’aventures.
En compagnie de son épouse Régine Renchon, une artiste peintre liégeoise qu’il a surnommée Tigy, il découvre le Paris des années folles, mais aussi la campagne française, la vie sur les rivières et les canaux, la mer et les pêcheurs et bientôt le vaste monde.
En 1929, il crée le personnage du commissaire Maigret qui est lancé de façon tapageuse par un Bal anthropométrique qui réunit le tout-Paris. Maigret est immédiatement célèbre et sera le héros très populaire d’une série de 75 romans dont le dernier, paru en 1972, s’intitule Maigret et M. Charles.
Très vite Simenon est capable de se passer du meneur de jeu qu’est Maigret pour écrire des romans dont le caractère psychologique s’affirme nettement au fil des années : 117 romans « durs » parmi lesquels on peut citer : Les fiançailles de M. Hire (1933), La maison du canal (1933), Le coup de lune (1933), Les inconnus dans la maison (1940), Trois chambres à Manhattan (1946), La neige était sale (1948), Pedigree (1948), Feux rouges (1953), La boule noire (1955), Le passage de la ligne (1958), Le train (1961), Les anneaux de Bicêtre (1963), Le petit saint (1965), Le chat (1967) .
Sans jamais cesser d’écrire, Simenon trouve le temps de voyager et de déménager à de multiples reprises. Il quitte Paris pour s’installer en Charente, puis en Vendée pendant la 2e guerre mondiale. En 1945, il quitte la France, qui lui fait des ennuis, pour s’installer aux U.S.A. où il rencontre Denyse Ouimet qui devient sa seconde épouse. En 1955, il regagne brusquement la France, puis s’installe définitivement en Suisse dans la région de Lausanne.
A l’automne 1972, coup de tonnerre, le romancier annonce officiellement qu’il prend sa retraite : vivre la vie de ses personnages est devenu un supplice insupportable ! Pour s’occuper il se met à dicter au magnétophone des souvenirs, confidences et bavardages sur l’actualité qui seront recueillis en 22 volumes. Le suicide de sa fille Marie-Jo le force à reprendre une dernière fois la plume pour rédiger ses volumineux Mémoires intimes (1981).
Le 4 septembre 1989, Simenon s’éteint à Lausanne et ses cendres sont dispersées dans le jardin de sa dernière maison par sa fidèle compagne Teresa.
Une véritable légende s’est formée autour de ce phénomène de l’écriture. Auteur à succès connu hors de France avant la guerre, Simenon est à présent un romancier mondialement apprécié. Traduits dans une soixantaine de langues, ses romans sont portés à l’écran et largement diffusés par la télévision. Maigret a sa statue en Hollande, Simenon son buste et son auberge de jeunesse en Outremeuse, à Liège. Quant à ses précieuses archives littéraires, elles sont depuis 1976 déposées au Fonds Simenon de l’Université de Liège, sa ville natale à laquelle il est toujours resté profondément attaché. Sans Liège, Simenon eut été un écrivain différent ! »
Ce texte provient du très beau site qu’ont réalisé la région wallone et la Ville de Liège en l’honneur du centenaire de la naissance de Simenon : .
A lire également Le Magazine littéraire de février 2003 (5,35 Euros) qui consacre un excellent dossier à Georges Simenon. Disponible en kiosque ou au siège du Magazine : 40 rue des Saints Pères, 75007 Paris.
1903 | Georges Simenon naît officiellement à Liège le 13 février. En réalité, Henriette Simenon, sa maman, a accouché à minuit dix, le vendredi 13 février 1903. Superstitieuse, elle a demandé à son mari de faire une fausse déclaration pour ne pas nuire à son enfant . Son père Désiré est le fils d’un chapelier et travaille dans un bureau d’assurances de Liège. Henriette Brüll, sa maman, dernière d’une famille de treize enfants, a une ascendance néerlandaise et prussienne. En juillet les Simenon s’installent rue de Gueldre. |
1906 | Naissance de Christian, son frère. Les Simenon s’installent rue Pasteur (cette rue est devenue la rue Georges Simenon en 1978) |
1908-1914 | Georges fait ses études à l’Institut Saint-André (Frères des Ecoles chrétiennes) . Il est un bon élève. |
1914 | Georges part étudier au Collège Saint-Louis, collège tenu par des Jésuites. Il reste un an dans cet établissement. |
1915 | Il poursuit ses études au Collège Saint-Servais, établissement plus scientifique. Son intérêt pour les études commence à faiblir. Il obtient des notes assez moyennes sauf en français. |
1918-1919 | Son père tombe gravement malade. Georges arrête ses études et commence à travailler notamment comme commis dans une librairie. |
1919 | Simenon est engagé au journal conservateur la Gazette de Liége comme commis, puis comme journaliste et reporter. Il a en charge les faits divers… |
1920 | Il rencontre de jeunes écrivains à la Caque, un lieu où ils ont l’habitude de se réunir et qu’il évoquera dans ses romans ( Le Pendu de Saint-Pholien et les Trois crimes de mes amis). Il y fait notamment la connaissance de Robert Denoël qui éditera Louis Ferdinand Céline. |
1921 | Il rencontre Régine Renchon, une peintre, qu’il surnommera Tigy. Ils se marieront en 1923. Simenon publie son premier roman Au Pont des Arches. Son père meurt en Novembre , à l’âge de 44 ans. Simenon effectue son service militaire à Liège. |
1922 | Simenon décide de partir pour Paris. Il débarque Gare du Nord le 10 décembre. |
1923 | Il épouse, le 24 mars, Régine Renchon. Il écrit des contes pour plusieurs journaux et revues. Il devient le secrétaire du marquis de Tracy. Il y découvre un univers de luxe et de richesse. |
1924 | Il continue à écrire des contes pour plusieurs publications, notamment Le Matin, dont Colette est la directrice littéraire. Il signe ses textes d’une vingtaine de pseudonymes. Il écrit son premier roman populaire Le Roman d’une dactylo. |
1925 | Simenon passe l’été à Etretat, l’hiver, place des Vosges. Il rencontre Joséphine baker. Leur brûlante liaison durera jusqu’en 1927. |
1927 | Il passe ses vacances d’été à l’île d’Aix. Il rencontre Vlaminck, Derain, Picasso… |
1928 | Simenon commence à s’intéresser à la navigation de plaisance. Il achète la Ginette, un bateau de cinq mètres. Il réalise un tour de France en naviguant sur les rivières et les canaux. |
1929 | Simenon fait construire son bateau à Fécamp : l’Ostrogoth. Au printemps il navigue vers la Belgique, puis va jusqu’en Hollande. Selon la légende, il esquisse le personnage de Maigret dans le port de Delfzijl (Pietr le Letton) |
1930 | Simenon écrit ses premiers Maigret à bord de l’Ostrogoth à quai à Morsang-sur-Seine. Il publie dans l’ouvre , la maison de l’inquiétude, un roman dit « populaire » dont Maigret est le héros. Il signe sous le nom de Georges Sim. |
1931 | Il parvient à faire éditer chez Arthème Fayard deux Maigret : Monsieur Gallet, décédé, et Le Pendu de Saint Pholien . Le 20 février les deux livres sont lancés à la Boule Blanche, un des cabarets à la mode de la rue Vavin. 9 autres Maigret sont publiés dans les mois qui suivent |
1932 | Publication chez Arthème Fayard de six nouvelles aventures de Maigret. En avril Simenon s’installe à « La Richardière « , une gentilhommière de Marsilly, près de La Rochelle. Jean Renoir est le premier à adapter l’une ouvre de Simenon : La nuit du Carrefour. |
1933 | Simenon effectue un tour d’Europe et effectue plusieurs reportages dont un entretien avec Trotsky. Il signe en octobre un contrat avec l’éditeur Gaston Gallimard. |
1934 | Simenon publie le Locataire chez Gallimard et son dix-neuvième Maigret chez Fayard. Il part en décembre pour un tour du monde. |
1935 | Il réalise son tour du monde , ce qui lui inspierar plusieurs romans dts exotiques. |
1937 | Simenon fait la connaissance de Raimu, Pagnol, Fernandel… |
1938 | Simenon publie chez Gallimard : L’Homme qui regardait passer les trains, Monsieur La Souris, la Marie du Port, Le Suspect. |
1939 | Naissance le 19 avril de Marc Simenon, son premier enfant. |
1940 | Lors de l’invasion allemande, Simenon est nommé haut commissaire aux réfugiés belges à la Rochelle où il réside. Malade, il consulte un médecin qui diagnostique une maladie grave qui ne lui laisserait que quelques années à vivre. Il commence alors à écrire Je me souviens , un récit destiné à son fils. |
1941 | Gaston Gallimard qui lui rend visite emporte le manuscrit de Je me souviens . Sur les conseils de Gide, Simenon retravaillera ce manuscrit qui deviendra Pedigree. |
1942 | Simenon publie La Veuve Couderc , et Maigret revient. Il est accusé d’avoir des origines juives, mais sa mère lui fait parvenir les certificats nécessaires. |
1945 | Simenon est astreint à « résidence fixe » aux Sables-d’Olonne. Puis il vient à Paris. Il part pour l’Amérique avec Tigy et Marc. Il change de maison d’édition et signe un contrat avec les Presses de la Cité. Il rencontre Denyse, une jeune canadienne. C’est le coup de foudre. |
1946 | Simenon voyage à travers les Etats-Unis avec Tigy et Denyse. Il écrit des reportages pour France-Soir. Julien Duvivier réalise Panique, un film tiré des Fiançailles de M. Hire. |
1947 | Simenon s’installe à Tucson (Arizona). Décès de son frère Christian. |
1948 | Simenon s’installe près de la frontière mexicaine. Publication de Pedigree, version retravaillée de Je me souviens. , sur les conseils d’André Gide. |
1949 | Denyse met au monde John, le second fils de Simenon. Simenon est réhabilité et lavé de toute accusation d’intelligence avec les allemands durant la seconde guerre mondiale. |
1950 | Simenon divorce d’avec « Tigy » et épouse Denys. Le couple s’installe à Lakeville dans le Connecticut. Il y resteront jusqu’en 1955, mais Simenon gardera cette maison . |
1951 | Période très créative : Simenon écrit 26 romans à Lakeville, dont Tante Jeanne, La Mort de Belle, L’horloger d’Everton, Maigret a peur, Le Revolver de Maigret. Sortie au cinéma de La Vérité sur Bébé Donge, une adaptation d’Henri Decoin |
1952 | Simenon voyage en France et en Belgique. Il connaît un vif succès. |
1953 | Naissance de Marie-Georges, dite Marie-Jo, sa fille. |
1955 | Simenon rentre définitivement en Europe. Il s’installe à Mougins (Alpes-Maritimes), puis à Cannes. |
1957 | Il s’installe en Suisse, au château d’Echandens, dans le canton de Vaud. |
1958 | Claude Autant-Lara tourne En cas de Malheur, avec Jean Gabin, Brigitte Bardot et Edwige Feuillère. |
1959 | Naissance de Pierre, troisième enfant avec Denyse. Publication de La Femme en France, l’un de ses rares essais |
1960 | Simenon préside le jury du XIIIème Festival de Cannes. |
1961 | Relations amoureuses avec Teresa, leur femme de chambre. Simenon est grand-père. Jean-Pierre Melville adapte L’Aîné des Ferchaux avec Jean-Paul Belmondo et Charles Vanel. |
1963 | Simenon quitte château d’Echandens pour s’installer à Epalinges. Denyse entre en cure de désintoxication dans un établissement hospitalier. |
1964 | Denyse quitte définitivement Epalinges. |
1966 | Inauguration, à Delfzijl, en Hollande en préence de Simenon de la statue de Maigret. Présence de nombreux interprètes du commissaire au cinéma ou à la télévision. |
1967 | Début de la publication des oeuvres complètes aux Editions Rencontre de Lausanne (72). Publication de : Le Chat, que Pierre Granier-Deffere adaptera en 1971 avec Jean Gabin et Simone Signoret. |
1970 | Mort de la mère de Simenon. |
1971 | Simenon est élu membre de l’American Academy of Arts and Letters. |
1972 | Il puble les Innocents, un roman et Maigret et M. Charles. Il annonce sa décision de ne plus écrire de romans. |
1973 | A l’aide d’un magnétophone, Il commence ses « Dictées » |
1974 | Simenon publie Lettres à Ma mère |
1975 | Simenon publie Un homme comme un autre et des Traces de pas, les deux premières de se 21 dictées. |
1976 | Simenon fait don de ses archives à l’Université de Liège. |
1978 | Suicide le 19 mai de sa fille Marie-Jo. |
1981 | Simenon publie ses dernières dictées ( Les Libertés qu’il nous reste, La Femme endormie, Jour et Nuit et Destinées) et Les Mémoires intimes. |
1984 | Simenon subit une opération d’une tumeur au cerveau. |
1989 | Simenon meurt à Lausanne le 4 septembre. |
Source Bibliographique
Magazine littéraire de février 2003 : sur les traces de Simenon