Émile ou De l’éducation, traité d’éducation, 1762
On a vu comment la Nouvelle Héloïse tentait de répondre au moins partiellement au problème soulevé par l’opposition apparemment irréductible entre nature et culture. L’Emile aborde la question sous l’angle pédagogique en proposant un idéal d’éducation qui forme un être à la fois sociable et non dénaturé. La société à laquelle Emile est préparé est celle du Contrat social.
Le traité est composé de cinq livres retraçant les étapes chronologiques de ce programme éducatif. Le livre I est consacré à la première enfance, et aux toutes premières impressions et sensations. Le livre II suit l’enfant, en gros de deux à sept ans : le précepteur guide le développement de sa sensibilité et de son raisonnement. L’expérience pratique, la découverte par soi-même, ainsi que l’éducation physique jouent un grand rôle. Le livre III (de sept à douze ans) aborde l’éducation de l’intelligence : l’observation de la nature fournit la matière à des leçons d’astronomie, de physique, etc. Dans le même temps, Emile est formé à un métier manuel, pour être capable au besoin de gagner sa vie : il sera menuisier.
Dans le livre IV, Emile a seize ans : la vie morale et sensible s’éveille en lui. Il est temps d’aborder les questions de sexualité, de morale et de religion. C’est ici que prend place la célèbre Profession de foi du vicaire savoyard, dans laquelle Rousseau définit la religion naturelle.
Dans le livre V, il s’agit de marier Emile. Il rencontre, aime et épouse Sophie, une jeune fille que l’on a élevée dans les mêmes principes que lui. C’est ainsi qu’est envisagé le problème de l’éducation des filles.
L’ouvrage est condamné par le Parlement, en particulier à cause de la Profession de foi du vicaire savoyard. Ce programme pédagogique idéal offre une vision novatrice de l’enfance.
Nathalie Cros