Introduction
«La liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir» (De L’Esprit des Lois)
La gloire de Montesquieu s’est trop vite figée dans le marbre des bustes et le métal des médailles, substances polies , dures, incorruptibles. La postérité le voit de profil, souriant de tous les plis de sa toge et de son visage, d’un sourire ciselé dans le minéral…. S’il a jamais provoqué le scandale, l’affaire est éteinte et l’auteur excusé : nul litige avec la postérité. Il n’a guère d’ennemi, il n’appelle donc aucun défenseur. Il habite l’immortalité avec modestie. Le voici presque abandonné à la grande paix des bibliothèques.
Jean Starobinski
Montesquieu
Seuil, 1953
Biographie
1689 | Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu, est né le 18 janvier . Il est le fils d’une grande famille de parlementaires bordelais. Il est élevé jusqu’à l’âge de onze ans au château de La Brède |
1696 | Mort de sa mère |
1708 | Il suit ses études de droit à Bordeaux. Il obtient sa licence de droit et devient avocat. Il se rend à Paris et fréquente les milieux savants et lettrés |
1713 | Mort de son père, il hérite du château de la Brède et de ses riches vignobles Toute sa vie, Montesquieu restera fidèle à ses racines de propriétaire terrien et à ses devoirs de magistrat |
1714 | Il devient conseiller au parlement de Bordeaux |
1715 | Montesquieu épouse la protestante Jeanne de Lartigue |
1716 | Son oncle lui lègue sa fortune et sa charge de président du Parlement de Bordeaux Montesquieu publie un traité de philosophie politique : Sur la Politique des Romains dans la religion |
1717 | Parallèlement à ses responsabilités de magistrat et de propriétaire terrien, Montesquieu se passionne pour les sciences. Il devient membre de l’Académie des sciences de Bordeaux, et rédige de nombreux traités de physique, de médecine |
1721 | Lettres persanes : Ce roman épistolaire de Montesquieu, l’un de ses chefs-d’œuvre, est publié anonymement à Amsterdam, probablement pour lui éviter de compromettre sa réputation de magistrat. Cet anonymat n’est que de courte durée et diffère sans doute de plusieurs années (1728) l’élection de son auteur à l’Académie française. Le succès de ce roman audacieux ouvre à Montesquieu les portes des salons parisiens, notamment celui de l’influente marquise de Lambert et celui du club de l’Entresol |
1725 | Les salons parisiens et les milieux libertins qu’il fréquente alors, lui inspire Le Temple de Gnide, un roman galant Traité général des devoirs Il écrit Le Dialogue de Sylla et d’Eucrate , ouvrage qui ne sera publié qu’en 1745 |
1726 | Montesquieu renonce à sa charge de président à mortier |
1728 | Grâce à la puissante influence de la Marquise de Lambert, et malgré la réserve de Louis XV et du cardinal de Fleury qui lui reprochent la frivolité des Lettres Persanes, Montesquieu est admis à l’Académie française. De 1728 à 1731, il fait le tour des pays d’Europe : Hongrie, Italie, Hollande, Angleterre, où il demeure un an et demi. Ces voyages permettent à Montesquieu d’effectuer une observation approfondie de la géographie, de la culture, de la diplomatie, des conditions économiques, des mœurs et des systèmes politiques des différents pays européens. |
1734 | Montesquieu publie Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence. En fait cette réflexion devait être l’un des chapitres d’un important ouvrage de philosophie politique qu’il méditait depuis longtemps. Cet essai, que pendant quatorze ans encore, il rédigera, organisera, augmentera, remaniera, sera « l’œuvre de toute sa vie »: De l’Esprit des Lois |
1745 | Le Dialogue de Sylla et d’Eucrate |
1748 | Montesquieu publie, à Genève et sans nom d’auteur, les trente et un livres de l’Esprit des Lois, Ce livre eut un immense retentissement et fut critiqué à la fois par les jésuites et les jansénistes. Les premiers, tout en finesse, et les seconds avec virulence lui reprochèrent ses critiques de l’Eglise , ses inclinations au déisme et à la religion naturelle ( croyance en une divinité en dehors de toute église établie). Il sera également reproché à De l’Esprit des Lois, son analyse critique de la monarchie. |
1750 | Montesquieu répond aux accusations en publiant La défense de l’Esprit des Lois, une brillante clarification de sa réflexion et une redéfinition des éléments clefs de sa pensée politique . |
1751 | L’Esprit des Lois est mis à l’Index. La Faculté de Théologie de la Sorbonne condamne cet essai et en fait extraire, les années suivantes, 17 propositions |
1754 | Lysimaque |
1755 | Il meurt à Paris, presque aveugle, le 10 février |
1757 | Publication (posthume) de l’article « Essai sur le goût » que par amitié pour Diderot et d’Alembert, Montesquieu avait rédigé dans les dernières années de sa vie, pour leur Encyclopédie |
Oeuvres
1716 | Sur la Politique des Romains dans la religion |
1721 | Lettres persanes |
1725 | Le Temple de Gnide Traité général des devoirs |
1734 | Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence |
1745 | Le Dialogue de Sylla et d’Eucrate |
1748 | De l’Esprit des Lois |
1750 | La défense de l’Esprit des Lois |
1754 | Lysimaque |
1757 | Publication (posthume) de l’article « Essai sur le goût » pour l’Encyclopédie |