Il existe deux versions du «Horla».
Un premier «Horla» a été publié dans Gil Blas, à Paris le 16 octobre 1886, puis repris dans la Vie populaire le 9 décembre 1886. Ce premier récit ne fut jamais intégré à un recueil du vivant de Maupassant.
Une seconde version fut publiée directement dans un recueil auquel elle donna son titre. Ce recueil fut publié chez Ollendorff en mai 1887.
Résumé de la première version
Le Dr Marrande dirige une maison de santé. Il réunit « trois de ses confrères et quatre savants» pour écouter la confession d’un malade qu’il qualifie de cas « le plus bizarre et le plus inquiétant qu’il ait jamais rencontré ».
Le patient commence par raconter sa vie dans sa propriété normande des bords de Seine. Son existence était jusqu’à ce jour d’automne de l’an passé calme et sereine.
Puis il fut pris de « malaises bizarres et inexplicables», et connut des cauchemars qui le fatiguèrent et le firent maigrir.
C’est alors que survinrent plusieurs faits inexplicables. Il y eut d’abord sa carafe d’eau qui fut bue la nuit, alors que sa chambre était verrouillée, puis une rose qu’une main invisible cueillit lors d’une promenade. Il y eut ensuite un verre qui se brisa seul et une page qui se tourna pendant une lecture…
Le patient en vint à se persuader qu’un être invisible et maléfique vivait à ses côtés. Il se mit alors à le guetter et le surprit un soir alors que celui-ci venait de lui dérober son reflet dans une glace.
Il décida alors de de retirer dans la maison de santé Dr Marrande. S’il ne parvient pas expliquer son mal, il se souvient toutefois que ses premiers troubles sont apparus suite au passage d’un trois-mâts en provenance du Brésil où sévissait alors une épidémie de folie.
Le récit de son patient achevé, le Dr Marrande conclut : « Je ne sais si cet homme est fou ou si nous le sommes tous les deux … ou si … si notre successeur est réellement arrivé. »
Résumé de la seconde version
Cette seconde version est la plus célèbre et la plus longue. Maupassant eut recours à la forme du journal intime et supprima ainsi tout intermédiaire entre le narrateur et le lecteur.
Le narrateur est un homme de quarante-deux ans qui coule des jours paisibles dans sa propriété rouennaise située au bord de la Seine.
Un jour il voit passer devant sa maison un trois-mâts brésilien. A compter de ce jour, il est victime d’étranges sensations, de malaises et de fièvre. Il en vint à se qu’il n’était pas seul, qu’on le suivait quoi qu’il fasse, qu’il était pourchassé par un être qu’il ne pouvait voir.
Le narrateur nous décrit son anxiété et le trouble qui l’habite. Il évoque ce jour, où il s’est endormi en laissant près de son lit une carafe remplie d’eau. A son réveil , alors qu’il était sûr que personne n’avait pu s’introduire dans sa chambre, qu’elle ne fut pas sa surprise de retouver la carafe vide.
De plus en plus souffrant, il ressent des phénomènes étranges et a l’impression qu’une force mystérieuse le menace.
Il décide de se rendre au Mont-Saint-Michel et parle avec un moine de l’existence de choses invisibles. Ce dernier lui raconte de vielles légendes qui évoquent la présence sur cette terre d’autres êtres que les hommes.
Il rentre chez lui, et très rapidement sa « folie » le reprend. Ne sachant plus quoi penser , et se demandant s’il devient fou, il décide de réaliser quelques expériences : la nuit avant de se coucher, il place divers aliments et boissons à coté de son lit. « On » boit la carafe d’eau , puis le lait. Il en arrive à la conclusion effrayante que quelqu’un est présent dans sa chambre chaque nuit et que celui-ci boit son eau et mange ses aliments.
Il décide de se rendre à Paris où il reste trois semaines. Il assiste à une séance d’hypnotisme qui le trouble profondément . Une question lancinante l’angoisse : Existe-t-il des forces invisibles ?
Rentré chez lui, il est à nouveau saisi par la peur. Il ne paraît plus maître de ses actes.
Un jour alors qu’il se promène dans le jardin il voit devant lui une rose se casser et s’élever dans les airs. Inquiet par ce qu’il vient de voir, il s’assied dans un fauteuil. C’est alors qu’il voit une page de son livre qu’il avait auparavant posé, se tourner comme si une personne était là en train de le lire.
Maintenant, l’homme en est sûr, un être invisible est à quelques pas de lui, l’envahissant de sa présence pesante ; il baptisa cet être « le horla ».
Un soir il il se retourne vers son miroir comme il a l’habitude de faire. Il est surpris de ne plus apercevoir son reflet. Celui-ci a disparu. Puis lentement il réapparait comme si quelqu’un ou quelque chose était passé devant lui…
Le narrateur finit par mettre le feu à sa maison pour tuer « le horla ». Mais il doute du succès de son action. Sera-t-il obligé de se tuer lui aussi ?
Source bibliographique
Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty ( Editions larousse)
Kléber Haedens Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française.