Introduction
« Lamartine est mort. C’est le plus grand des Racine, sans excepter Racine. » Victor Hugo – Pierres – 1869
Son nom évoque un jeune homme séduisant, les cheveux aux vents, le regard mélancolique, soupirant autour d’un lac. L’adjectif, lamartinien, qu’il a suscité, suggère pour les uns : « romantisme, séduction et émotion » , pour les autres » molle harmonie, déluge de bons sentiments , et ruissellement larmoyant »
Lamartine n’a pas suscité que l’admiration. Jules Renard ne l’épargne guère : « Lamartine rêve cinq minutes et écrit une heure. L’art c’est le contraire… » Et ce n’est pas Mark Twain qui vient à son secours : « cet homme-là, dit-il en évoquant Lamartine, n’a jamais pu entendre parler d’un sujet pathétique sans se répandre en eau. On aurait dû l’endiguer. »
Si le nom de Lamartine est populaire, force est de constater que son œuvre et sa personnalité le sont moins , cantonnés qu’ils sont dans une approche littéraire réductrice. Ainsi Lamartine ne serait que le poète mélancolique, l’interprète des tristesses existentielles que dénonçaient ses détracteurs , tel Paul Claudel qui posait la question :
» Pourquoi s’attacher à ne rien dire comme tout le monde, faire des idées les plus communes des énigmes inintelligibles, les envelopper pour déguiser leur nullité de nuages métaphysiques, de vapeurs mystiques et de brouillards mélancoliques, qui ne laissent plus voir que le vide de la pensée, quand un rayon de bon sens les dissipe ? »
Cette attitude est sévère , même si le personnage fut peut-être plus éminent dans son être et ses actes que dans son œuvre. Il dut aussi, à la fin de sa vie, s’essouffler dans une surproduction littéraire imposée par l’énormité de sa dette et occasionnée par l’amertume de son échec politique. (1)
Guy Jacquemelle
(1) : Source : l’excellent site d’Emile Magnien, conservateur honoraire du musée de Mâcon sur Alphonse de Lamartine : l’écrivain, le poète, l’homme politique
Biographie
1790 | Naissance à Mâcon, le 21 octobre d’Alphonse-Marie-Louis de Lamartine. Il est le fils de Pierre de Lamartine et d’Alix des Roys, famille de petite noblesse. Ils vivent à Mâcon jusqu’en 1797 |
1797 | La famille de Lamartine s’installe à Milly |
1801 | Alphonse est envoyé par sa famille dans la pension Puppier à Lyon |
1802 | Il s’enfuit de la pension . Ce sont les gendarmes qui l’y ramènent. Il y terminera l’année scolaire. |
1803 | Alphonse entre au collège des jésuites de Belley, dans l’ain. Il y suivra les classes de troisième, seconde, rhétorique et philosophie. Brillant élève, il commence à s’enthousiasmer pour l’étude littéraire : Virgile, Horace et Chateaubriand. De cette période naît sa vocation poétique. |
1808 | Il découvre chez son ami Guichard, les philosophes du XVIII ème siècle |
1811 | La famille d’Alphonse de Lamartine rassemble des fonds pour permettre au jeune conscrit des armées de l’empire de s’offrir un remplaçant. Il n’est pas question dans son milieu de servir « l’usurpateur » Napoléon. Il voyage à Florence, Rome, puis Naples. Il compose des vers souvent légers, inspirés de ses aventures sentimentales : la plus célèbre fut celle qui le conduit dans les bras d’Antoniella qu’il appellera dans ses récits, Graziella. |
1812 | Lamartine revient à Milly dont il devient, grâce à l’aide se son père, le maire. Début involontaire d’une carrière politique locale. Son ambition le conduira vers une carrière nationale. |
1813 | Il écrit Médée, une tragédie. |
1814 | Il s’engage comme garde du corps de louis XVIII. Mission interrompue pendant les 100 jours ( mars-juin) : Lamartine se réfugie en Suisse. Il reprend son service en Août mais démissionne en novembre. |
1816 | Il rencontre à Aix les bains, Julie Charles, épouse d’un grand physicien. La belle créole y soigne une maladie pulmonaire. C’est le coup de foudre. Dans les mois qui suivent, alterneront longues et fébriles attentes et brèves et fugitives retrouvailles. |
1817 | De Janvier à mai, Lamartine fréquente à Paris le salon de Julie Charles. D’août à septembre il l’attend en vain à Aix . Il écrit le Lac qui évoque l’angoisse d’un amour en danger et la tristesse occasionnée par la fuite du temps L’état de santé de Julie s’est détérioré. Elle meurt le 18 décembre. Lamartine l’apprend à Milly le jour de Noël. |
1819 | Il est présenté à Miss Birch lors du mariage de sa sœur Césarine. Il a une liaison de février à juin avec Léna de Larche, la princesse italienne. Au sortir de cette liaison, Alphonse le séducteur s’affirme catholique, « conversion » qui durera 12 ans Il revoit en Août à Aix, Marianne-Elisa Birch et la demande en mariage |
1820 | Parution en mars des Méditations poétiques, qui connaissent un grand succès Fin mars, Lamartine est nommé attaché d’ambassade à Naples et en juin, à Chambéry, il épouse Marianne-Elisa Birch |
1821 | En janvier Lamartine quitte Naples pour Rome Naissance à Rome en février de leur premier fils, le petit Alphonse de Lamartine |
1822 | Naissance en mai à Mâcon de leur fille Julia de Lamartine En novembre, mort du jeune Alphonse de Lamartine |
1823 | Publication en septembre de la Mort de Socrate et de Nouvelles Méditations poétiques |
1824 | En février mort de la sœur d’Alphonse de Lamartine, Césarine de Vignet. En Août, mort de son autre sœur Suzanne de Montherot. En décembre Lamartine échoue à l’Académie française. |
1825 | La mort de Lord Byron, l’année précédente inspire à Lamartine 2000 vers, répartis en 49 sections : le dernier chant du pèlerinage dHarold . Lamartine est nommé secrétaire d’ambassade à Florence |
1826 | Lamartine est chargé d’affaires de France en Toscane |
1828 | Retour en France qui plonge Lamartine dans une grande tristesse. Il écrit Novissima Verba, poème du désespoir, sous-titré, Mon âme est triste jusqu’à la mort |
1829 | Séjour à Paris. Il rencontre Chateaubriand et Hugo et se lie avec Sainte-Beuve. En Novembre, il est élu à l’Académie française, grâce notamment à l’appui de Chateaubriand. Mort de sa mère |
1830 | En avril, Lamartine est reçu à l’Académie française par Cuvier. En juin, publication d’Harmonies poétiques et religieuses En septembre Lamartine abandonne sa carrière diplomatique et présente sa démission à Louis-Philippe |
1831 | Echec à la députation Publication de 3 Odes politiques (contre la peine de Mort, A Némesis, et les révolutions) et d’un essai intitulé Sur la politique rationnelle. Ces écrits témoignent de son engagement politique et d’une pensée tournée vers le progrès |
1832 | Lamartine réalise un vieux rêve : celui d’un voyage en Orient. » Je suis né oriental et mourrai tel » écrira-t-il plus tard. En juillet il s’embarque à Marseille sur l’Alceste, et arrive à Beyrouth en septembre. Il visite le tombeau du Christ en terre sainte. En décembre, Julia, sa fille, meurt à Beyrouth. Quinze ans après la mort de Julie Charles, dix ans après celle de son Fils Alphonse, trois ans après celle de sa mère Lamartine est frappé par le deuil. Sa foi religieuse vacille. Il « hurle » son chagrin, son désespoir, et sa révolte contre Dieu dans Gethsémani , ou la mort de Julia. Ces poèmes qu’il composera en 1833 et 1834 seront publiés en 1835 dans Voyage en Orient. |
1833 | En Janvier, Lamartine est élu député de Bergues (Nord). Il apprend cette élection en avril alors qu’il est encore en Orient. En octobre, il rentre à Mâcon. En décembre il prend séance à la chambre des députés, il y siègera jusqu’en 1851. |
1834 | Les Destinées de la poésie sont publiées dans la Revue des Deux Mondes |
1835 | Publication de Voyage en Orient |
1836 | Publication de Jocelyn, inspiré par la vie de l’Abbé Dumont, curé de Milly |
1837 | Lamartine est élu député de Bergues et de Mâcon |
1838 | Il opte pour Mâcon Publication de la Chute d’un Ange : face aux malheurs qui se sont abattus sur lui et les siens , Cédar, l’ange puni pour avoir aimé une femme, fait éclater la malédiction. Il affronte une mort grandiose, au milieu du bûcher qu’il a lui même allumé. Ce poème, en 15 visions, sera un échec |
1839 | Publication de Recueillements poétiques Lamartine s’exclame à la chambre des députés : La France est une nation qui s’ennuie |
1840 | Mort de Pierre de Lamartine, son père Lamartine combat le bellicisme de Thiers |
1842 | Lamartine est réélu député de Mâcon |
1843 | En janvier Lamartine prononce un discours de rupture avec le régime : Périssent nos mémoires pourvu que nos idées triomphent… |
1847 | Publication de l’Histoire des Girondins |
1848 | En février Lamartine devient chef du gouvernement provisoire En avril, il est élu triomphalement dans dix départements avec 1 600 000 voix. Pourtant, en décembre, c’est l’échec cuisant aux élections à la présidence de la république : il n’obtient que 17 910 voix face à Louis Napoléon, qui lui en obtient , cinq millions et demi. |
1849 | Les Confidences sont diffusées dans la Presse Publication de Raphaël Il fonde le Conseiller du Peuple qui paraîtra d’Avril 1849 à fin 1851 Lamartine est battu aux élections législatives de Mâcon en mai, mais sera élu député du Loiret en juin En juillet il publie Histoire de la Révolution de 1848 |
1850 | Première de Toussaint Louverture à la porte Saint-martin. Lamartine célèbre le héros qui tente d’instaurer la République des Noirs : je suis de la couleur de ceux qu’on persécute… |
1851 | Publication des Nouvelles confidences |
1853 | Publication des Visions |
1854 | Publication de l’Histoire de la Turquie |
1855 | Publication de l’Histoire de la Russie |
1856 | Cours familier de littérature : paraîtra mensuellement jusqu’en 1869 |
1860 | Vente de Milly |
1863 | Publication de Mémoires Politiques Mort de sa femme Marianne |
1865 | Publication de Portraits et Biographies |
1867 | Lamartine est frappé d’apoplexie. Il perd la raison et l’usage de la parole. |
1869 | Mort de Lamartine : il succombe d’une seconde apoplexie le 28 février. |
1870 | Parution posthume de Mémoires Inédits |
1871 | Parution posthume de Manuscrit de ma Mère |
1873 | Parution posthume de Poésies inédites et de Correspondances |
Oeuvres
1820 | Méditations poétiques |
1823 | la Mort de Socrate Nouvelles Méditations poétiques |
1825 | le dernier chant du pèlerinage dHarold . |
1828 | Novissima Verba |
1830 | Harmonies poétiques et religieuses |
1831 | 3 Odes politiques : contre la peine de Mort, A Némesis, et les révolutions un essai intitulé Sur la politique rationnelle |
1834 | Les Destinées de la poésie |
1835 | Voyage en Orient |
1836 | Jocelyn |
1838 | la Chute d’un Ange |
1839 | Recueillements poétiques |
1847 | Histoire des Girondins |
1849 | Les Confidences Raphaël Histoire de la Révolution de 1848 |
1851 | Nouvelles confidences |
1853 | Visions |
1854 | Histoire de la Turquie |
1855 | Histoire de la Russie |
1863 | Mémoires Politiques |
1865 | Portraits et Biographies |
1870 | Mémoires Inédits (posthume) |
1871 | Manuscrit de ma Mère (posthume) |
1873 | Poésies inédites (posthume) Correspondances (posthume) |