Oscar Wilde en 1892, Photographie d’Alfred Ellis
« J’ai mis tout mon génie dans ma vie; je n’ai mis que mon talent dans mon oeuvre. » confidence d’Oscar Wilde à André Gide (1891)
« Les enfants commencent par aimer leurs parents. En grandissant, ils les jugent, quelquefois ils leur pardonnent. » Oscar Wilde
Oscar Wilde est né à Dublin en 1854. Il est le fils d’un chirurgien irlandais de réputation internationale. Sa mère, Jane Francesa Elgee, est une poètesse pleine de ferveur nationaliste, qui dans les années 1840, soutient la cause irlandaise face à l’Angleterre.
Après des études classiques au Trinity College à Dublin, où déjà il fait preuve d’une forte personnalité et se distingue des autres étudiants par l’extravagance des ses vêtements, Oscar Wilde est admis à l’université d’Oxford. Il a notamment comme professeur John Ruskin, l’un des porte-paroles d’un mouvement culturel qui estime que l’art ne doit être que recherche du Beau, sans aucune préoccupation morale ou sociale.
Oscar Wilde est un élève brillant et distingué. Il a les cheveux longs, porte des cravates lavallière et orne les boutonnières de ses costumes d’un œillet, d’un lis ou d’un chrysanthème.
Esprit subtil et excentrique, dandy d’une rare élégance, sa célébrité devient grande dans les milieux culturels et aristocratiques londoniens qui accueillent avec ravissement ses premiers Poèmes (1881).
Il devient très vite l’un des théoriciens de « l’art pour l’art », et le chef de file des « esthètes ». Il est ainsi invité à donner une série de conférences aux Etats-Unis sur l’esthétisme.
De retour en Europe, il s’installe à Paris, où il écrit deux pièces de théâtre (la Duchesse de Padoue, 1883), Véra ou les Nihilistes, 1883) . Il rencontre les principaux écrivains français de l’époque : Verlaine, Mallarmé, Zola, Daudet, et Hugo. De retour à Londres (1884), il épouse l’une de ses admiratrices, Constance Lloyd. Ils auront deux enfants.
Rédacteur en chef du magazine The Woman’s World de 1887 à 1889, il y montre ses talents de pamphlétaire et son art du paradoxe. Il s’emploie également à défendre la cause féministe.
Pour ses enfants, il organise des bals costumés et écrit des contes (le Prince heureux et autres contes, 1888). Il publie également des nouvelles (le Crime de lord Arthur Saville et autres histoires, 1891), un essai (Intentions, 1891) et aussi son seul roman (le Portrait de Dorian Gray, 1891).
Ce roman lui vaut une très grande notoriété, mais le public anglais, choqué, lui reproche l’immoralité de certains personnages.
En 1895, Oscar Wilde décide de porter plainte en diffamation contre le Marquis de Queensberry, le père d’Alfred Douglas, son amant. Ce procès tourne mal. Finalement c’est le Marquis de Queensberry qui porte l’affaire devant les tribunaux, accusant Wilde de pervertir son fils . Oscar Wilde est condamné pour délit d’homosexualité à 2 ans de travaux forcés le 27 mai 1895. Il purgera cette peine dans la très répressive prison de Reading, au sud de l’Angleterre.
Il sort de prison le 19 mai 1897, et s’exile en France, à Berneval, près de Dieppe. C’est un homme brisé et ruiné. Il prend pour pseudonyme le nom de Sebastian Melmoth.
Il publie en 1898, la ballade de la geôle de Reading, un témoignage émouvant sur sa douleur de prisonnier. Il meurt à Paris, en 1900 dans la misère et la solitude.
Guy Jacquemelle
Quelques aphorismes et citations d’Oscar Wilde
Je vis tellement au-dessus de mes revenus qu’en vérité nous menons, eux et moi, une existence entièrement séparée.
Les femmes ont beaucoup plus de chance que les hommes sur cette terre, beaucoup plus de choses leur sont interdites.
Je ne voyage jamais sans mes mémoires. Il faut toujours avoir quelque chose de sensationnel à lire dans le train.
Il n’y a que deux sortes de gens vraiment attrayants : ceux qui savent absolument tout et ceux qui ne savent absolument rien.
Quand on dit la vérité, on est sûr d’être tôt ou tard découvert.
Les mélomanes sont absurdement peu raisonnables. Ils veulent toujours que l’on soit absolument muet au moment où l’on ne demande qu’à être totalement sourd.
L’expérience, nom dont les hommes baptisent leurs erreurs.
Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu’au clair de lune et qui, comme punition, aperçoit l’aurore avant les autres hommes.
La vie est tout simplement un mauvais quart d’heure composé d’instants exquis.
C’est toujours un tort de donner des conseils, mais en donner de bons ne vous sera jamais pardonné.
Les hommes veulent toujours être le premier amour d’une femme. C’est là leur vanité maladroite. Les femmes ont un sens plus sûr des choses. Ce qu’elles aiment, c’est être le dernier amour d’un homme.
Biographie
1854 | Naissance d’Oscar Wilde à Dublin le 16 octobre. Il est le deuxième fils de William Wilde médecin et chirurgien de réputation internationale et de Jane Francesa Elgee. Son père est passionné d’archéologie et l’auteur d’un ouvrage sur Jonathan Swift. Sa mère a une très grande culture. Elle est un poète engagé, qui dans les années 1840, a soutenu la cause irlandaise face à l’Angleterre. Elle a publié ses premiers poèmes sous le pseudonyme de Speranza. |
1864 | Oscar Wilde est élève à la Portora Royal School, à Enniskillen, jusqu’en 1871; il y apprend le français, le latin et le grec et se montre très brillant dans ces deux dernières matières. |
1867 | Mort d’Isola (10 ans), sa sœur cadette. Oscar Wilde est profondément affecté par cette mort. |
1871 | Oscar Wilde poursuit ses études au Trinity College, à Dublin. Il fait preuve d’une forte personnalité et se distingue des autres étudiants par l’extravagance des ses vêtements et de ses opinions. |
1874 | Oscar Wilde obtient une bourse pour Magdalen College, l’un des collèges les plus côtés de l’Université d’Oxford. Il y restera jusqu’en 1878. Il est un élève brillant, réputé à la fois pour ses tenues de dandy et son insolence. Il a les cheveux longs, porte des cravates lavallière et orne les boutonnières de ses costumes d’un œillet, d’un lis ou d’un chrysanthème. Il côtoie à Londres les milieux culturels et aristocratiques. |
1875 | Oscar Wilde voyage en Italie. Il tombe amoureux de Florence Balcombe, qui, en 1878, épousera Bram Stoker, l’auteur de Dracula. |
1876 | Mort de son père |
1877 | Oscar Wilde voyage en Grèce. Il a comme professeur John Ruskin, l’un des porte-parole du mouvement « esthète », une « école » qui estime que l’art ne doit être que recherche du Beau, sans aucune préoccupation morale ou sociale. Oscar Wilde est très réceptif à ce discours qui correspond parfaitement à ses propres aspirations. |
1878 | Oscar Wilde publie ses premiers poèmes dans des revues irlandaises et anglaises. L’un de ces poèmes, Ravenna, obtient le Newdigate Prize. Oscar Wilde dont le snobisme et l’anticonformisme s’accentuent ne va pas tarder à devenir l’une des figures emblématiques de ce mouvement. |
1879 | Oscar Wilde s’installe à Londres. Son extravagance, ses bons mots, ses paradoxes, l’ironie dont il fait preuve face à la « bonne société » victorienne, son militantisme en faveur de « l’art pour l’art » le rendent vite célèbre. |
1880 | Oscar Wilde s’installe à Chelsea, il écrit sa première pièce de théâtre Vera. |
1881 | Oscar Wilde publie Poems. Ce premier recueil de poèmes est accueilli avec enthousiasme : Les jeunes dandys l’admirent, la respectable société victorienne, est elle, un peu plus réservée. Vera, la pièce qu’il a écrite l’année précédente, sera retirée de l’affiche à la veille de la première. A la fin de l’année, Oscar Wilde part aux Etats-Unis pour une série de conférences sur l’esthétisme. A son arrivée, il dit: » ne rien avoir à déclarer en dehors de son génie ». Cette tournée d’un an le mène de la Côte Est ( Boston, New-York) jusqu’à la Californie. Il fait connaître aux américains le renouveau anglais de cette fin du dix-neuvième siècle. |
1883 | De retour en Europe, il se rend à Paris, où il rencontre les principaux écrivains français de l’époque : Verlaine, Mallarmé, Zola, Daudet, Hugo (qui selon la légende s’endort durant cet entretien). Il fait également la connaissance de l’actrice Sarah Bernhardt. Il donne une série de conférences en Angleterre et en Irlande sur le thème de la « maison magnifique ». Lors d’une conférence à Dublin, il rencontre une jeune admiratrice, Constance Lloyd, qu’il épousera l’année suivante. Il écrit une poème, Le sphinx, et une pièce de théâtre : La Duchesse de Padoue. Véra, sa première pièce est enfin montée à New York, mais sans grand succès. |
1884 | Oscar Wilde épouse Constance Lloyd et le couple s’installe à Chelsea dans la « maison de beauté », une demeure magnifiquement décorée, qui deviendra le lieu de rendez vous de toute la société artistique londonienne. Oscar Wilde et Constance Lloyd auront deux fils : Cyril (1885) et Vyvyan (1886). |
1886 | Oscar Wilde écrit son premier essai, La vérité des masques sur Shakespeare. Cet essai est publié en revue. |
1887 | Il devient le rédacteur en chef du magazine The Woman’s World. Il y restera jusqu’en 1889. Il y montre ses talents de pamphlétaire et son art du paradoxe. Il s’emploie également à défendre la cause féministe. |
1888 | Il écrit des contes pour ses enfants The Happy Prince and Other Tales ( Le Prince Heureux et autres contes). |
1889 | Publication de deux essais : Le déclin du mensonge et Pen, Pencil and Poison |
1890 | Il publie une première version de ce qui sera son unique roman : Le portrait de Dorian Gray. Ce roman sera publié dans sa version définitive en 1891. Publication de deux nouveaux essais : Le critique comme artiste et L’âme de l’homme sous le socialisme. |
1891 | Publication de deux recueils de nouvelles, Lord Arthur Savile’s crime and Other Stories (Le crime de Lord Arthur Savile et autres contes) et A House of Pomegranates (Une maison de grenades). Publication d’un recueil d’essais, Intentions. Publication dans sa version définitive de son unique roman, Le Portrait de Dorian Gray. Dans sa préface, Oscar Wilde développe sa théorie artistique : « Dire d’un livre qu’il est moral ou immoral n’a pas de sens. Un livre est bien ou mal écrit – c’est tout. » Ce roman lui vaut une très grande notoriété, mais le public anglais, choqué, lui reproche l’immoralité de certains personnages. Il rencontre Lord Alfred Douglas avec qui il va avoir une relation passionnée. le Marquis de Queensberry, père d’Alfred Douglas menace publiquement Oscar Wilde. Malgré les conseils de ses amis, Oscar Wilde intentera un procès au Marquis; démarche périlleuse dans un pays où l’homosexualité est punie par la loi. Oscar Wilde effectue un voyage à Paris et rencontre Mallarmé. |
1892 | Oscar Wilde écrit des comédies, critiques ironiques de la société traditionnelle anglaise. Ces pièces renouvellent radicalement le théâtre anglais. Le 22 Février c’est la première à Londres de Lady Windermer’s Fan (L’eventail de Lady Windermere). Salomé, tragédie qu’Oscar Wilde, dont la première représentation était programmée, est interdite. Oscar Wilde publiera cette pièce en Français l’année suivante. |
1893 | Le 19 Avril, première de A Woman of No Importance (Une Femme sans Importance) |
1894 | Publication en revue de Sentences philosophiques à l’usage de la jeunesse. Salomé, traduite en anglais par Lord Alfred Douglas et illustrée par Aubrey Beardsley, est publiée en Angleterre. |
1895 | Première de An Ideal Husband (Un Mari Idéal), et de The Importance of Being Earnest ( l’Importance d’être Constant) . Rebondissement dans le procès entre Oscar Wilde et le Marquis de Queensberry, père d’Alfred Douglas, son amant. Cette fois c’est le Marquis de Queensberry qui porte l’affaire devant les tribunaux, accusant Wilde de pervertir son fils . Oscar Wilde est condamné pour délit d’homosexualité à 2 ans de travaux forcés le 27 mai 1895. Il purgera cette peine à la prison de Reading, au sud de l’Angleterre, geôle à l’ambiance très répressive . Oscar Wilde y écrit la ballade de la geôle de Reading, témoignage émouvant de sa douleur de prisonnier . cette ballade sera publiée en 1898. |
1896 | Le 11 Février : Première de Salomé à Paris avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Salomé. Mort de Lady Jane Wilde, la mère d’Oscar Wilde. |
1897 | En prison Oscar Wilde écrit une longue lettre à Lord Alfred Douglas, qui plus tard sera publiée sous le titre De Profundis. A l’expiration de sa peine, le 19 mai 1897, oscar Wilde s’exile en France, à Berneval, près de Dieppe et prend le nom de Sebastian Melmoth. C’est un homme brisé et ruiné. Puis il rejoint Lord Alfred Douglas en Italie. |
1898 | Mort de sa femme, Constance Wilde Oscar Wilde s’installe à Paris Publication de la ballade de la geôle de Reading |
1899 | Publication de An Ideal Husband (Un Mari Idéal), et de The Importance of Being Earnest ( l’Importance d’être Constant). Mort de Willie Wilde, son frère |
1900 | Après un voyage à Rome et à Naples au printemps Oscar Wilde succombe à une méningite cérébrale le 30 novembre à l’hôtel d’Alsace à Paris. Il est enterré au Père-Lachaise. |
1905 | De Profundis, le testament de Wilde, à l’origine une lettre écrite en prison à Lord Alfred Douglas à qui l’auteur reprochait son silence, sera publié cinq ans après sa mort dans une version abrégée et dans sa totalité quarante-quatre ans plus tard ! |
Oeuvres
1878 | Ravenna |
1881 | Poèmes |
1883 | Le sphinx, La Duchesse de Padoue |
1886 | La vérité des masques sur Shakespeare |
1888 | Le Prince Heureux et autres contes |
1889 | Le déclin du mensonge et Pen, Pencil and Poison |
1890 | Le portrait de Dorian Gray Le critique comme artiste L’âme de l’homme sous le socialisme |
Le crime de Lord Arthur Savile et autres contes Une maison de grenades Intentions |
|
1892 | L’eventail de Lady Windermere |
1893 | Une Femme sans Importance |
1894 | Sentences philosophiques à l’usage de la jeunesse. |
1895 | Un Mari Idéal L’Importance d’être Constant |
1898 | la ballade de la geôle de Reading |
1905 | De Profundis |