Introduction
« Vous êtes la fière impudeur, le sage plaisir, l’insolente liberté… »
En fait Colette n’est pas son prénom, mais le nom de son père, le capitaine Colette.
Pourtant parler de Colette, c’est avant toute chose parler de sa mère, Adèle-Eugénie-Sidonie Landoy, dit Sido, qui restera sa conscience campagnarde et lui donnera le goût de la liberté. Auprès de Sido, la jeune Colette a une éducation assez libérale : en majeur, les joies de la nature et le plaisir des lectures libres ; le catéchisme et les contraintes de tous ordres étant quant à eux relégués au second plan.
De cette enfance bourguignonne, elle gardera une conscience profonde de la nature se mêlant à une sensualité souvent provocante. D’un côté les treilles et les jardins, l’aurore et le crépuscule, de l’autre l’agitation mystérieuse des animaux et des hommes et une innocente effronterie. Un parfum de scandale l’accompagnera souvent : » Vous n’êtes pas du tout une femme convenable , Madame Colette, lui dira Jean Anouilh. Vous êtes la fière impudeur, le sage plaisir, l’insolente liberté, le type même de la fille qui perd les institutions les plus sacrées et les familles ».
Pendant plus d’un demi-siècle, de Claudine paru en 1900 jusqu’aux Paradis terrestres (1953), elle va publier une multitude de romans et récolter honneurs et gloire . Elue à l’académie Goncourt au fauteuil de Sacha Guitry, promue Grand officier de la Légion d’honneur en 1953, elle mourra l’année suivante. Son enterrement provoquera un dernier scandale puisqu’elle bénéficiera à la fois d’obsèques nationales dans la cour d’honneur du Palais Royal , tandis que l’Eglise catholique refusera à cette femme de spectacle par deux fois divorcée , un enterrement religieux.
Michèle Jacquemelle
Biographie
1) Une enfance campagnarde heureuse
Naissance de Sidonie-Gabrielle Colette à Saint-Sauveur en Puisaye le 28 janvier 1873
Colette n’est pas son prénom, mais le nom de son père, le capitaine Colette.
Parler de Colette, c’est avant tout chose parler de sa mère, Adèle-Eugénie-Sidonie Landoy, dit Sido, qui restera sa conscience campagnarde et lui donnera le goût de la liberté. Sido épouse en secondes noces son amant, Jules-Joseph Colette avec qui elle vivra en Bourgogne.
Colette connaît une jeunesse heureuse, partageant le plaisir de la lecture avec celui des jeux avec les animaux.
2) Une vie de bohême sans plaisir
A Paris, Colette rencontre Henri Gauthier Villars, dit Willy, don Juan scandaleux de la Belle Epoque. Elle l’épouse le 15 mai 1893, à 20 ans. Willy l’introduit dans le Paris mondain et l’entraîne dans une vie de bohème qui surprend plus que n’intéresse Colette. Timide, avec son accent bourguignon, elle fréquente cependant des salons parisiens. Willy se lance dans la littérature en faisant travailler une troupe de négres comme Debussy ou Fauré pour des chroniques musicales et va demander à sa femme de lui écrire un livre de souvenirs d’enfance, du genre « Le petit Chose » d’Alphonse Daudet qui connaît à l’époque un vif succès. C’est ainsi qu’en 1900, Claudine à l’école paraît sous la signature de Willy, celui-ci prétendant avoir reçu le manuscrit d’une inconnue, créant ainsi la légende da la fameuse Claudine.
Devant le succès, Willy pousse sa femme à écrire 3 suites (Claudine à Paris 1901, Claudine en ménage 1902, Claudine s’en va 1903) assorties d’un volume intitulé Minne (1904) et des Egarements de Minne (1905).
1906, Colette se sépare de Willy.
Elle noue des amitiés féminines scandaleuses et en 1907, fait scandale en se produisant au Moulin Rouge aux côtés de Mathilde de Morny, surnommée Missy, déguisée en homme.
1910 : elle divorce de Willy.
Jusqu’en 1912, pour gagner sa vie, elle se produit sur des scènes parisiennes et provinciales.
3) Colette, journaliste et écrivain reconnue
En 1910, « La vagabonde » est a deux doigts d’obtenir le prix Goncourt.
Sido meurt en octobre 1912.
Deux mois après, le 19 décembre 1912, elle épouse Henry de Jouvenel, codirecteur au journal « Le matin ».
Le 3 Juillet 1913, de cet amour, naît une petite fille, Colette dite Bel-Gazou.
Colette délaisse le music hall pour se consacrer au « Matin ». A la fin de la guerre, elle en devient la directrice littéraire.
Elle continue d’écrire, l’Entrave, l’envers du music hall (1913) tout en soignant des malades réfugiés dans le lycée Janson de Sailly.
« Chéri » paraît en 1920 pour devenir l’année suivante une pièce à succès.
Henry de Jouvenel commence une carrière politique le conduisant de sénateur en Corrèze en 1921 vers la Société des Nations. Il prône le désarmement européen avec Briand.
1923, Colette se sépare d’Henry et signe pour la 1ère fois de son nom le blé en herbe.
4) La consécration
En 1925, Colette rencontre Maurice Goudeket qui devient en 1935 son 3ème époux.
Elle poursuit son œuvre littéraire mais le scandale la suit lorsqu’elle publie en feuilleton ces plaisirs…rebaptisés plus tard le pur et l’impur » (1932).
Elle entre à l’Académie royale de Belgique en 1935.
1940, elle commence son Journal à rebours.
En 1941, son mari, en tant que juif est arrêté par les allemands. Colette arrive à le faire libérer.
Dès 1943, elle souffre de l’arthrose qui finit par l’immobiliser.
Sa notoriété ne cesse de croître après la guerre. Elle est élue à l’unanimité à l’Académie Goncourt. Ses « œuvres complètes » paraissent en 1948, certaines sont mises en scène, d’autres portées à l’écran. Audrey Hepburn donne vie à Gigi et triomphe aux Etats Unis.
1953, Colette devient grand officier de la légion d’honneur.
1954 : des obsèques nationales, dérangeant une dernière fois la France bourgeoise catholique, lui sont données dans la cour d’honneur du Palais-Royal.
Michèle Jacquemelle
Oeuvres
1900 | Claudine à l’école |
1901 | Claudine à Paris |
1902 | Claudine en ménage |
1903 | Claudine s’en va |
1904 | Minne Dialogue de bêtes |
1905 | Les Egarements de Minne Sept dialogues de bêtes |
1907 | La retraite sentimentale |
1908 | Les vrilles de la vigne |
1909 | L’Ingénue libertine |
1911 | La Vagabonde |
1913 | L’entrave L’Envers du music-hall |
1916 | La paix chez les bêtes |
1917 | Les Heures longues Les Enfants dans les ruines |
1918 | Dans la foule |
1919 | Mitsou |
1920 | Chéri La chambre éclairée |
1922 | La maison de Claudine Le Voyage Egoïste |
1923 | Le Blé en herbe |
1924 | La femme Cachée |
1926 | La Fin de Chéri |
1928 | La naissance du jour |
1929 | Sido |
1930 | Histoires pour Bel-Gazou |
1932 | Paradis terrestres La treille muscate Prisons et paradis Ces plaisirs… |
1933 | La Chatte |
1934 | Duo La jumelle noire |
1936 | Mes apprentissages Chats |
1939 | Le Toutounier |
1940 | Chambre d’Hôtel |
1941 | Journal à rebours Julie de Carneilhan |
1942 | De ma fenêtre |
1943 | Le Képi De la patte à l’aile Flore et Pomone Nudité Gigi |
1944 | Trois… Six…Neuf… Broderie ancienne |
1945 | Belles saisons |
1946 | L’Etoile Vesper Flore |
1948 | Pour un herbier |
1949 | Le Fanal Bleu |
1953 | Paradis terrestres |
Liens
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