Introduction
« Un Cocktail, des Cocteau »
« Dramaturge et romancier, cinéaste et essayiste, peintre et scénariste , Cocteau fit de la poésie le dénominateur commun d’une ouvre abondante et protéiforme. Enfant terrible des lettres , il passa avec éclat d’un domaine de la création artistique à un autre, avec un brio qu’on lui envia et lui reprocha à la fois. Arbitre de la vie intellectuelle , artistique et mondaine de son temps , il reste paradoxalement mal connu , sa légende de touche-à-tout surdoué et de « Paganini du violon D’Ingres ayant peut-être masqué sa véritable stature ».Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
« Chez Cocteau, il y avait par moments la grandeur ; une grandeur étrange , très près d’une sorte de pouvoir occulte. C’était un médium ». Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts, 1980
« C’est sans nul doute avec Jean Cocteau que les termes : poète et poésie ont pris leur définition la plus précise. Doué de tous les moyens d’expression , il a réalisé le vou de Nietzsche qui rêvait que l’on fut « danseur dans la bataille » et que l’on tendît sur le monde un ciel bleu plus terrible que les nuages et les fumées des enchanteurs suspects ». André Fraigneau, Cocteau par lui-même, 1976
« Véritable lien entre le monde d’hier (Proust) et l’avant-garde ( autour de Picasso), entre les années Lumière et le cinéma de Godard, Cocteau avec un sens inné du rebondissement , c’est l’éternel retour. Un fil de fer qui court de Stravinsky à Genet, de Coco Chanel à Jean Marais, des anges du symbolisme à l’éloge de Johnny Hallyday, de 1889, année où l’on inaugure la Tour Eiffel, à 1963, l’assassinat de John Kennedy. « Mondain et maudit » , méconnu à bien des égards, une véritable légende du siècle avec sa grandeur et ses ambiguïtés » François Baudot, Elle, 8 septembre 2003
Biographie
1889 | Jean Cocteau est né à Maisons-Laffitte, le 5 juillet 1889. Il est issu d’une famille de la grande bourgeoisie parisienne. Il est le fils de Georges Cocteau, Avocat devenu rentier et d’Eugénie Lecomte. Il a une sour et un frère : Marthe (12 ans) et Paul (8 ans). |
1898 | Il est âgé de neuf ans lorsque son père se suicide dans son lit d’une balle dans la tête. « Le tragique restera l’une des préoccupations majeures du poète, une exorcisation jamais comblée. » Sa mère élèvera seule ce garçon complexe qui refuse de grandir, trouvant dans les états maladifs un moyen de se faire choyer. Cocteau passe son enfance au grès des réceptions musicales que donne son grand-père, un être d’une grande culture artistique. Le grand-père de Jean Cocteau n’a de cesse d’initier le petit nonchalant de la famille à la musique. Cette initiation musicale influencera beaucoup sa perception créatrice tout au long de sa vie. |
1904 | Il est renvoyé pour indiscipline du Lycée Condorcet. Il ne gardera qu ‘un souvenir marquant de ce lycée : celui de la révélation de la beauté masculine en la personne de son camarade, Dargelos, le « premier symbole des forces sauvages qui nous habitent ». Dargelos a inspiré l’un des personnages du Livre Blanc et des Enfants Terribles. |
1908 | En 1908, Cocteau, alors âgé de 19 ans, fait la connaissance du célèbre tragédien Edouard de Max. Ce dernier, fasciné par l’écriture de Jean Cocteau , décide d’organiser une Matinée poétique au Théâtre Fémina, sur les Champs-Elysées, en l’honneur de Cocteau. On y fait la lecture de ses poèmes et Edouard de Max n’hésite pas à la présenter comme un jeune prodige. |
1909 | Jean Cocteau fait la connaissance de Marcel Proust et de la Comtesse de Noailles. Il se promènera dans les rues de Paris, affichant un style très provoquant. Il publie un premier recueil poétique, La Lampe d’Aladin. |
1912 | Il rencontre Serge de Diaghilev, mécène et directeur de troupe Russe. Cette rencontre a une influence déterminante : « Le premier son de cloche, qui ne se terminera qu’avec ma mort, me fut sonné par Diaghilev, une nuit, place de la Concorde. Nous rentrions de souper après le spectacle. Nijinsky boudait, à son habitude. Il marchait devant nous. Diaghilev s’amusait de mes ridicules. Comme je l’interrogeais sur sa réserve (j’étais habitué aux éloges), il s’arrêta, ajusta son monocle et me dit : « Etonne-moi » ». Cette discussion sert de révélateur : Cocteau décide alors d’arrêter son existence superficielle : « Cette phrase me sauva d’une carrière de brio. Je devinai vite qu’on n’étonne pas un Diaghilev. De cette minute, je décidai de mourir et de revivre. Le travail fut long et atroce. Cette rupture, je la dois comme tant d’autres à cet ogre ». Cocteau fait la connaissance de Stravinsky Représentation de Le Dieu bleu |
1913 | la création par Diaghilev du Sacre du Printemps de Stravinski est pour lui une véritable révélation, qui influencera son ouvre. Mais Le Sacre du Printemps est mal reçu du grand public. Cocteau est très affecté par l’échec de son ami |
1914 | Cocteau est ambulancier en Champagne, puis en Flandre. |
1915 | Cocteau rencontre Satie, Picasso, Braque, Derain, Modigliani. |
1916 | Cocteau participe aux manifestation artistiques et poétiques avec Max Jacob, Reverdy, Apollinaire, Cendrars. |
1917 | Première du ballet réaliste Parade avec Diaghilev d’après une chorégraphie de Léonide Massine, sur une musique d’Erik Satie et dans des décors de Picasso. |
1919 | Cocteau publie les poèmes du Cap de Bonne espérance , L’Ode à Picasso, Le Coq et l’Arlequin, Le Potomak. Il rencontre Raymond Radiguet |
1920 | Cocteau crée Le Bouf sur le Toit, un spectacle burlesque sur une musique de Milhaud. Les décors sont signés Raoul Dufy. Il fonde avec Raymond Radiguet la revue Le Coq |
1921 | Création du Gendarme incompris en collaboration avec Radiguet Création de Les Mariés de la tour Eiffel, dont la première est troublée par les dadaïstes |
1922 | Cocteau publie Vocabulaire Il présente Antigone « contraction » de la pièce de Sophocle . La musique est signée Honegger, et les costumes , Chanel. |
1923 | Cocteau publie Thomas l’imposteur , Le Grand Ecart, Plain-Chant Mort subite de Radiguet le 20 décembre qui affecte terriblement Cocteau. Il déclare l’année suivante à l’abbé Mugnier : « je n’écrirai plus ». Désespéré Cocteau commence à s’adonner à l’opium. Malgré de nombreuses cures de désintoxication, il consommera de la drogue jusqu’à la fin de sa vie. |
1925 | Cocteau publie l’Ange Heurtebise et les autoportraits du Mystère de Jean L’oiseleur |
1926 | Première d’Orphée le 15 juin |
1927 | Représentation du Pauvre Matelot et d’Odipus Rex |
1928 | Cocteau fait publier sans nom d’auteur ni d’éditeur, Le Livre blanc |
1929 | Publication des Enfants terribles |
1930 | La Voix humaine est jouée à la Comédie française. Cocteau réalise son premier film : Le sang d’un poète. Cocteau est hospitalisé pendant 40 jours en raison d’une typhoïde. |
1932 | La Machine Infernale est mise en scène par Louis Jouvet |
1934 | Cocteau publie Mythologie |
1935 | Cocteau part comme journaliste pour Paris Soir réaliser la fiction de Jules Verne : « Le Tour du Monde en 80 jours ». Il effectue ce voyage avec Marcel Khill, son secrétaire particulier. |
1937 | Il rencontre Jean Marais. Représentation d’Odipe Roi avec Jean Marais puis des Chevaliers de la Table Ronde Cocteau est élu à l’Académie Mallarmé. |
1939 | Cocteau est condamné à une forte amende pour usage de stupéfiants. |
1940 | Première des Monstres Sacrés : en première partie , Le Bel Indifférent avec Edith Piaf |
1941 | Les représentations de La Machine à écrire et des Parents Terribles sont interdites |
1942 | Cocteau témoigne en faveur de Jean Genet en cour d’Assises. |
1943 | Mort de sa mère en janvier. Triomphe d’Antigone à l’Opéra de Paris sur une musique d’Arthur Honneger Tournage de l’Eternel retour. Ce film connaîtra un immense succès. |
1945 | Tournage de La Belle et la Bête |
1947 | Cocteau achète la Maison de Bailli à Milly La Forêt. |
1949 | Jean-Pierre Melville réalise Les Parents terribles |
1950 | Orphée |
1952 | Publication du chiffre sept (essai) , du journal d’un Inconnu ( autobiographique) et Bacchus (Théâtre) |
1953 | Cocteau est président du Jury du Festival de Cannes |
1954 | Cocteau est victime d’un infarctus du Myocarde. |
1955 | Jean Cocteau fut élu à l’Académie française le 3 mars 1955 au fauteuil de Jérôme Tharaud, par 17 voix contre 11 à Jérôme Carcopino. Se présentait également un inconnu, le vicomte de Venel, qui rédigeait en vers de mirliton ses lettres de candidatures, renouvelées plus de trente fois. Reçu le 20 octobre 1955 par André Maurois, Cocteau décrivait la Coupole comme « quelque grotte sous-marine, une lumière quasi surnaturelle d’aquarium et sur des gradins en demi-cercle, quarante sirènes à queues vertes et à voix mélodieuses .» |
1959 | Il écrit , à la suite d’une nouvelle crise cardiaque, Requiem, testament poétique. |
1960 | Tournage du Testament d’Orphée monté grâce à l’aide financière de François Truffaut. |
1961 | Mort de son frère Paul. |
1963 | Cocteau meurt le 11 octobre 1963, peu après la mort de sa grande amie Edith Piaf. |
Sources :
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
Magazine Littéraire septembre 2003
Oeuvres
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Liens
Jean Cocteau (1889-1963)
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