Dans Paul et Virginie, Mme de la Tour, la jeune veuve d’un aristocrate libertin, a fui la métropole et est venue cacher son déshonneur sur l’Ile de France (la future île Maurice), alors colonie française.
Elle donne naissance à Virginie, en 1726, la même année que Paul, le fils de Marguerite, une paysanne bretonne séduite et abandonnée, qui elle aussi s’est réfugiée sur cette île
Les deux femmes unissent leur détresse et leur pauvreté et exploitent la terre. Leurs deux enfants grandissent comme frère et sœur : « Ainsi ces deux petits-enfants, privés de tous leurs parents, se remplissaient de sentiments plus tendres que ceux de fils et de fille, de frère et de sœur, quand ils venaient à être changés de mamelles par les deux amies qui leur avaient donné le jour ».
Virginie est décrite comme une jeune fille d’une grande beauté et d’une nature exceptionnellement douce. Elle a les cheveux blonds, les yeux bleus, des lèvres de corail et un regard tendre et candide.
Véronique Jannot dans Paul et Virginie
Son enfance est « comme une aube qui annonce le plus beau jour ». Grâce au contact quotidien de la nature, Virginie acquiert une magnifique innocence que ne vinrent jamais troubler ni sciences inutiles, ni leçons de triste morale. Elle représente la pureté et la bonté. Son caractère est exempt de malice, et elle porte un regard bienveillant sur le monde qui l’entoure.
Ses journées sont rythmées par la douce présence de Paul. Elle a toujours senti ce jeune ami à ses côtés. Il a été le frère de son enfance, l’ami de ses jeux et de ses découvertes, le compagnon rassurant. Lorsque pointe l’adolescence, Virginie sent naître en elle un sentiment amoureux qu’elle ne sait encore nommer. L’âge ne trouble pas la pureté de son âme et elle demeure « douce, modeste et confiante comme Eve ».
Puis elle le rêve comme compagnon et comme époux quand les années transforment sa tendresse en amour.
Statue de Paul et Virginie sur l’Ile Maurice
Virginie est également très attentionnée avec les pauvres et les malades qu’elle rencontre : « On ne fait son bonheur qu’en s’occupant de celui des autres ».
L’obligation d’abandonner son île pour aller rejoindre en France, une tante qui désire lui léguer sa fortune, loin de lui faire quitter sa pauvreté avec joie, la désespère car il lui faut abandonner Paul.
Un titre de comtesse, des parures, des domestiques n’atténuent pas la douleur de la séparation. Quand sa tante veut la marier, elle préfère être déshéritée et renvoyée. Elle ne pense qu’à Paul et au bonheur de le retrouver.
Le bateau qui la ramène sur son île va toucher au port quand survient un brusque ouragan.
Le bateau fait naufrage sous les yeux de Paul. Plutôt que de se déshabiller, Virginie préfère se noyer , sous les yeux de Paul, qui reste impuissant sur le rivage.
« On vit alors un objet digne d’une éternelle pitié : une jeune demoiselle parut dans la galerie de la poupe du Saint-Géran, tendant les bras vers celui qui faisait tant d’efforts pour la joindre. C’était Virginie. Elle avait reconnu son amant à son intrépidité. La vue de cette aimable personne, exposée à un si terrible danger, nous remplit de douleur et de désespoir pour Virginie, d’un port noble et assuré, elle nous faisait signe de la main, comme nous disant un éternel adieu… »
« … et Virginie, voyant la mort inévitable, posa une main sur ses habits, l’autre sur son cœur et levant en haut des yeux sereins, parut un ange qui prend son vol vers les cieux. » »
Source bibliographique
Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre (Folio)
Dictionnaire des Personnages de Laffont-Bompiani (Editions Robert Laffont)
Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions larousse)
Une Histoire de la Littérature française, Kléber Haedens, Grasset 1970