Les Sonnets de Shakespeare contiennent cent cinquante quatre poèmes exposant les mêmes thèmes : le désir, la jalousie, la hantise, la vieillesse, la mort et l’amour. Tous ces poèmes se présentent sous la forme du sonnet shakespearien, c’est-à-dire douze vers en trois quatrains et un distique. À la première lecture on peut penser que ces Sonnets sont dédiés à une femme et que c’est le poète lui-même qui parle, mais en fait, les Sonnets sont dédiés à un homme dont on ignore l’identité. Au fil des Sonnets le ton du poète change. Les premiers poèmes s’adressent plus à un homme, les autres à une mystérieuse Dame Noire et les deux derniers sont plutôt d’inspiration grecque. Il y a une certaine morale dans les Sonnets, la vérité, la beauté et la bonté devraient être nos modèles de vie.
Problématiques soulevées et pistes d’analyse
1) Le dédicataire : Plusieurs Sonnets tentent de faire passer une morale sur l’écriture. Cela porte à croire que le mystérieux dédicataire de ce recueil soit un autre poète et que Shakespeare essayait de lui donner des leçons sur l’écriture. Par exemple, dans le célèbre » sonnet 18 » il refuse de comparer sa muse à un jour d’été comme le ferait d’autres poètes ( » Puis-je te comparer à un jour d’été? « ). La vérité est qu’elle ne vivra pas éternellement, mais ne sera jamais oubliée car elle vit dans le poème et c’est la seule vérité qui compte.
2) Le » je « : Le » je » shakespearien est le plus pur exemple du fait que le poète n’est pas le narrateur. En effet, si tel était le cas cela voudrait dire que Shakespeare avait des penchants homosexuels puisque les premiers poèmes s’adressent à un homme, mais ce n’était pas le cas. Le » je » est donc employé comme personne extérieure au poète. Dans la même ligne de pensée, on ne peut donc pas déterminer qui est le jeune homme des premiers poèmes et la Dame Noire des autres. Ils sont eux aussi des personnages qui ne faisaient pas partie de la vie du poète.
3) La Mort : Pour Shakespeare la mort n’existe pas. Le temps est éternel. Aussi longtemps que ses poèmes seront lus, il ne mourra pas. De même, sa muse ne mourra jamais puisqu’elle est immortalisée dans ses poèmes. Un second facteur qui fait que la mort n’existe pas pour Shakespeare est que la famille assure la vie éternelle de leur ancêtre. Les Sonnets qui parlent de la mort en parle donc comme d’un début, et non comme d’une fin.
4) La Beauté et le temps : Ce n’est pas une qualité qui part avec le temps. La vraie beauté reste pour toujours dans la mémoire et les souvenirs des êtres chers. Puisque le temps est éternel, la beauté l’est aussi. Pour Shakespeare, le temps ne s’arrête jamais. Il continue au-delà de la mort.
Emilie Hoang,
étudiante à l’Université de Montréal
Source bibliographique
SHAKESPEARE, William. Sonnets, traduit par Bernard Hoepffner, Turin, Mille et une nuits, 1999, 174p.