Dès 1761, Rousseau a pensé aux Confessions, juste après avoir terminé la Nouvelle Héloïse. L’idée de départ lui est donnée par son libraire (on dirait aujourd’hui son éditeur) suisse, Rey, qui lui demande d’écrire sa vie pour faire une préface à ses œuvres complètes. Rousseau accepte pour plusieurs raisons :
– Il a vécu en décembre 1761 une crise au cours de laquelle il s’est cru mourant (une sonde s’est cassée dans son urètre). Il a alors épousé Thérèse et fait rechercher ses enfants. Il souhaite rentrer dans un certain ordre social, dresser le bilan de sa vie, réparer ses fautes, écrire une sorte de testament. Cependant, ce projet de préface reste sans suite.
– 1762 est l’année d’une deuxième crise, celle d’un homme de lettres dont on veut mutiler et faire disparaître l’œuvre. En particulier, la persécution par les autorités dont il est l’objet est en partie à l’origine de l’angoisse du complot. Le 9 juin, Rousseau est décrété de prise de corps par les autorités genevoises et le 1er juillet, invité à quitter le canton.
Le 10 juillet 1762, Rousseau écrit à Frédéric II de Prusse pour lui demander asile dans une enclave prussienne, à Môtiers, dans le Val de Travers. Il y réside jusqu’en septembre 1765.
Le 29 juillet 1762 meurt Madame de Warens. Il entreprend la rédaction des Confessions. Fin 67 il achève les 6 premiers livres (sa vie de 1712 à 1742). Pendant ce temps, la persécution continue : durant l’automne 1763, le procureur général Tronchin publie les Lettres écrites de la campagne, justifiant la condamnation de Rousseau par le grand conseil genevois. Rousseau répond le 9 juin 1764 par les Lettres écrites de la montagne. Le 27 décembre, Le sentiment des citoyens apprend que l’auteur de l’Emile a déposé ses enfants aux Enfants-Trouvés. Le texte est de Voltaire.
En 1765, Les Lettres écrites de la montagne sont brûlées à La Haye puis à Paris. À Môtiers, le 6 septembre, un prêche excite la population contre lui ; la maison de Rousseau est lapidée dans la nuit. Rousseau se réfugie sur l’île Saint Pierre.
En 1771, sous la pression de Mme d’Epinay, qui redoute les indiscrétions des Confessions, la police interdit les lectures publiques des 6 derniers livres. Peu à peu, Rousseau acquiert la conviction d’un complot universel
Nathalie Cros