Le prix Goncourt des détenus 2023 a été attribué à Mokhtar Amoudi pour son roman « Les Conditions idéales » (Gallimard), inspiré de son enfance en familles d’accueil.
C’est la deuxième édition de ce prix créé en 2022, qui voit s’affronter les 16 romans retenus par l’Académie Goncourt début septembre.
Dans Les Conditions idéales, Mokhtar Amoudi relate avec tendresse la trajectoire chaotique de Skander , un adolescent placé en famille d’accueil. La réussite de ce premier roman tient à la tension du récit : sans misérabilisme ni cynisme, il met en scène un héros qui ne cesse de passer à côté de ses « chances ».
On ne peut pas dire que les fées se sont penchées sur le berceau de Skander. Abandonné très jeune par une mère dysfonctionnelle, le voilà qui atterrit dans le 9-3, chez Madame Khadija, bien occupée à joindre les deux bouts avec l’argent que lui rapportent les enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance. Lui, le bon élève rêvant d’études supérieures, se retrouve au beau milieu des caïds de banlieue, des bagarres et de la délinquance, à deux doigts des filets tendus, d’un côté par l’idéologie salafiste, de l’autre, par l’argent facile de la drogue.
A aucun moment le lecteur ne peut donc deviner si le jeune homme s’enfoncera finalement dans la délinquance ou connaîtra la rédemption… Menée tambour battant, la narration réussit à faire rire intelligemment d’une réalité qui prête pourtant peu à sourire. C’est sans doute ce qui étonne le plus : la capacité du roman à tenir la note de bout en bout. Persuadé que des conditions sociales défavorables peuvent trouver une issue heureuse, le héros aborde avec lucidité sa propre naïveté. Face à cet optimisme forcené, constamment démenti, on attendrait une révolte qui ne se fait jamais vraiment entendre. Alors, Skander succombera-t-il, lui aussi, à ces conditions si peu idéales ?