Anaïs Nin, née le 21 février 1903 à Neuilly-sur-Seine, est une femme de lettres américaine d’origine franco-cubaine.
C’est à onze ans à Barcelone, le 25 juillet 1914 , qu’elle inaugure le premier des innombrables cahiers qui composent cette autobiographie protéiforme (1914-1974). À ce moment-là, son père, Joaquin Nin, pianiste et compositeur cubain, vient d’abandonner sa femme, Rosa Culmell, chanteuse d’ascendance franco-danoise, et leurs trois enfants (Anaïs et ses deux frères, Thorvald et Joaquin). Privée de son chef, la famille embarque pour New York depuis la capitale catalane où elle vivait jusqu’alors chez les parents de son père.
Écrit entièrement en français, le journal d’enfance s’interrompt le 9 juillet 1920 ; les jours suivants la diariste opte définitivement pour la langue anglaise. Très tôt, elle se dédouble dans ses confidences en une Miss Nin, personnage public loué pour ses aptitudes épistolaires, et une Miss Linotte, face secrète et cachée d’une personnalité moins avouable. Confession de soi à soi, descente labyrinthique, le journal, expurgé, est partiellement publié en 1966 seulement : vétilleuse et dubitative, elle ne cesse de le revoir et de le corriger.
Échelonnée de 1946 à 1961, la publication d’un cycle de cinq romans réunis sous le titre « Les Cités intérieures » lui permet de se projeter dans la fiction, notamment à travers Djuna, Lillian et Sabina. Des personnages réels se dissimulent à peine derrière elles ; Djuna peut être June Miller (la seconde épouse de l’écrivain Henry Miller) à moins qu’il ne s’agisse de Djuna Barnes (romancière et dramaturge américaine). Certains essais veulent être de véritables exercices d’admiration pour la femme de lettres allemande Lou Andréas-Salomé et l’actrice américaine Romaine Brooks. Proche d’Antonin Artaud et de Lawrence Durrell, elle côtoie à Paris et à New York les artistes Constantin Brancusi, Brassaï et Marcel Duchamp, ainsi que les poètes Robert Duncan, Paul Éluard, James Joyce et James Merrill, les écrivains Waldo Frank, Gore Vidal et Edmund Wilson.
Elle se dit impressionnée par le compositeur Edgard Varèse et les écrivains André Breton, Aldous Huxley et David Herbert Lawrence.
En 1944, elle publie « La Cloche de verre », un recueil de 13 nouvelles et « Un hiver d’artifice » (3 nouvelles, 1945) .
Entre Bruxelles et Arcachon, New York et Paris, entre ses maris Hugo Parker Guiler (banquier) et Rupert Pole (acteur devenu garde forestier puis professeur de sciences) – elle devient bigame avec le second, entre ses amants René Allendy (ami des surréalistes, fondateur de la Société française de psychanalyse), John Erskine (professeur de littérature et romancier), Henry Miller (qu’elle rencontre à Louveciennes en 1931), Isamu Noguchi (sculpteur et designer japonais), Otto Rank (psychanalyste, disciple dissident de Freud) et son père Joaquin Nin (avec qui elle entretint des relations incestueuses enfant et adulte), elle se raconte au travers du journal intime comme de ses récits fictionnels.
Si elle expose sa nudité en posant pour des peintres, si elle s’enflamme pour l’exercice de la danse flamenca, elle ne cache pas son penchant pour la psychanalyse, l’émancipation féminine, et l’amour unique, et elle réclame de ses vœux un temps et un monde nouveaux où les tabous, les fantasmes et le puritanisme auront disparu. « L’érotisme, soutient-elle, est l’une des bases de la connaissance de soi, aussi indispensable que la poésie. »
En 1973, elle est élue membre de l’Académie américaine des lettres et des arts à New York, joli clin d’œil à la petite fille qui, dans son Journal, signait : Anaïs Nin, membre de l’Académie française.
Anaïs Nin meurt d’un cancer en 1977 à Los Angeles. Ses cendres sont dispersées dans les eaux de l’océan Pacifique au-dessus de la baie de Santa Monica.
La version non censurée de ses journaux n’a pu être publiée qu’après sa mort et celle de son mari.
Source bibliographique : livredepoche.com & encres-vagabondes.com