Prosper Mérimée

Introduction

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« Archéologue, voyageur sensible, qui traversa son temps comme l’Europe, prenant partout, mais ne se laissant pas prendre, il a dans ce siècle d’écoles bruyantes, une place à part. Il est presque de l’âge des grands romantiques, mais il a l’air d’appartenir à la génération suivante, celle qui ne s’émerveille pas des premiers tumultes. Il est à peine l’aîné des Jeune-France, pourtant, qui furent de la bataille d’Hernani ; et il y a en lui quelque chose de plus moderne, à notre sens du mot, que chez Musset, Gautier, Borel ou Nerval. » Louis Aragon La Lumière de Stendhal 1954

Prosper Mérimée est né à Paris, en 1803. Son père et sa mère sont des peintres de talent. Elevé dans un milieu bourgeois et artistique, Prosper Mérimée suit ses études au lycée Henri-IV, puis fait son droit, tout en fréquentant les salons littéraires de l’époque.

Il fait bientôt figure de jeune homme cynique et libertin. En 1828, il se bat en duel avec le mari de sa maîtresse , Mme Lacoste , puis connaît une éphémère aventure avec Georges Sand, avant de tomber amoureux de la charmante Valentine Delessert, nièce de Natalie de Noailles. Il voyage en Europe et surtout en France. Il devient l’ami de Stendhal, de 20 ans son aîné. Il songe à cette époque, comme tous les jeunes gens de son âge, à révolutionner le théâtre. Il entre en littérature par une double mystification, publiant en 1825 et en 1827 le Théâtre de Clara Gazul, et La Guzla (anagramme de Gazul), deux œuvres qu’il attribue, pour la première à la prétendue comédienne Clara Gazu et pourla seconde à un certain Hyacinthe Maglanovitch.

Esprit libéral , Mérimée accueille avec joie, en 1830, la monarchie de juillet qui lui offrira en retour protection, faveurs et emplois. Puis il se lie, à Madrid, avec le Comte et la Comtesse de Montijo, les parents d’Eugénie, qui aura la bonne idée 20 ans plus tard d’épouser Napoléon III et de devenir l’impératrice des français. C’est la période d’une production littéraire intense. Tout d’abord la Chronique du temps de Charles IX (roman historique) puis une série de nouvelles (Mateo Falcone, Vision de Charles IX, Tamango, Federigo, L’Enlévement de la Redoute) qui lui permettent d’asseoir sa réputation. Ce sera ensuite La Venus d’Ille (1837), Colomba ( 1840) et Carmen ( 1845) 3 récits où Mérimée qui fait preuve à la fois de concision et de pittoresque, donne à la Nouvelle ses lettres de Noblesse.

Prosper Mérimée est élu à l’Académie française en 1844. Puis, il se ralliera à l’Empire, deviendra historien , traduira la littérature russe et se réfugiera à Cannes où il mourra (1870).

Virginie Delisle

Biographie

1803 Prosper Mérimée naît le 23 septembre à Paris. Son père, Léonor, est professeur de dessin à l’Ecole Polytechnique. C’est un peintre reconnu, grand spécialiste des écoles flamande et italienne. La mère de Prosper, Anne-Louise Moreau, de presque 20 ans moins âgée que son mari, descend de Marie Leprince de Beaumont, la conteuse qui immortalisa La Belle et la Bête. Dès son plus jeune âge Prosper Mérimée est en contact avec le monde de l’art.
1811 Le jeune Prosper Mérimée suit ses études au lycée Napoléon (Henri IV). C’est un élève moyen, qui toutefois, se distingue en droit.
1819 Après son baccalauréat, il commence des études de droit, sur les conseils de son père.
1820 Sous l’influence de sa mère, il s’intéresse à la littérature anglaise, l’une des sources du romantisme français naissant.
1822 Mérimée commence une tragédie ( Cromwell) dont il fait une lecture chez son ami Viollet-Le-Duc.
Il aimerait devenir écrivain, mais souffre de 2 handicaps : il n’a ni nom, ni fortune. De plus, ses positions libérales et religieuses ne lui facilitent pas la tâche. Il a du mal à intégrer les milieux de la Cour et du faubourg Saint-Germain. Il parvient à force de patience à faire son entrée dans la vie mondaine et fréquente les salons parisiens.
Il fréquente bientôt Musset et Hugo. Il rencontre Stendhal (Henri Beyle), de 20 ans son aîné, qui devient l’un de ses amis.
1823 Mérimée obtient sa licence de droit. Il est exempté de service militaire pour « faiblesse de constitution »
1825 Mérimée, passionné par le théâtre espagnol publie une série d’articles anonymes dans le Globe. Puis il conçoit l’idée d’une mystification : il « crée » une comédienne espagnole, Clara Gazul, dont un imaginaire M. Joseph Lestrange vient de traduire les œuvres. Il lit ou fait lire chez Delécluze, six pièces qui seront publiées sous le titre, Théâtre de Clara Gazul. Il y dévoile un esprit brillant, à la fois fantaisiste et humoristique. Plusieurs revues tombent dans le piège, cependant Le Globe révèle la mystification.
1826 Mérimée qui mène une vie de dandy, effectue trois voyages en Angleterre. Le reste du temps, il fréquente les cercles littéraires parisiens.
1827 Mérimée rencontre Emilie Lacoste qui deviendra sa maîtresse.
Il persévère dans la supercherie. Il publie La Guzla (anagramme de Gazul), présenté comme un recueil de chants populaires, qui auraient été écrits par un certain Hyacinthe Maglanovitch (comme pour le Théâtre de Clara Gazul, c’est Mérimée qui en est l’auteur).
1828 Mérimée est blessé en duel par le mari de sa maîtresse Emilie Lacoste.
Il commence la publication de nouvelles qui vont établir sa réputation.
1829 Mérimée fréquente le Cénacle.
Ce sont les années de création intense. Il publie Chronique du règne de Charles IX, un brillant tableau des guerres de religion du XVI ème siècle.
Il publie également des nouvelles : Mateo Falcone, Vision de Charles IX, Tamango, Federigo, L’Enlévement de la Redoute.
1830 Sa pièce, Le Carrosse du Saint-Sacrement, est jouée par l’actrice Augustine Brohan, dont Mérimée est amoureux. La pièce cause un véritable scandale en raison de ses positions antireligieuses.
Mérimée publie Le Vase Etrusque et la Partie de Trictrac.
La Monarchie de juillet va permettre à Mérimée de faire valoir ses idées libérales; Elle va lui faciliter les contacts et lui permettre d’obtenir protection, faveurs et emplois.
Lors d’un voyage en Espagne, Mérimée fait la connaissance du futur Comte de Montijo, le père de la future épouse de l’empereur Napoléon III. Eugénie, la future impératrice n’est alors âgée que de 4 ans.
1831 Grâce à diverses protections, Mérimée entre dans la haute administration. Il est nommé chef de cabinet du Comte d’Argout, Ministre du Commerce.
1832 Mérimée est chargé des mesures prophylactiques pendant l’épidémie.
Il publie Lettres à une inconnue.
1833 Mérimée a une liaison éphémère avec George Sand
Il publie La Double Méprise.
1834 Mérimée devient inspecteur général des monuments historiques. Sa passion pour l’archéologie et son goût des voyages peuvent ainsi s’épanouir pleinement.
Il publie les Ames du Purgatoire
1835 Mérimée publie ses notes d’un voyage dans le Midi de la France. Ces notes seront le point de départ de La Vénus d’Ille qu’il publiera 2 ans plus tard
1836 Début de la liaison entre Mérimée et Mme Delessert
Mort de son père
Mérimée publie ses notes d’un voyage dans l’Ouest de la France
1837 Mérimée publie La Vénus d’Ille
1838 Mérimée publie ses notes d’un voyage en Auvergne
1839 Mérimée voyage en Italie avec Stendhal
1840 Mérimée publie ses notes d’un voyage en Corse qui lui inspirent Colomba. Cette nouvelle, l’un de ses chefs d’œuvre parait en juillet dans La revue des Deux Mondes.
1841 Mérimée visite la Grèce et la Turquie
1842 Mort des son ami Stendhal
1844 Mérimée publie Arsène Guillot, une nouvelle dans La revue des Deux Mondes. Il est reçu à l’Académie française
1845 Mérimée publie Carmen. Cette nouvelle ne connait qu’un faible succès, elle doit beaucoup sa gloire à Bizet (1875). Il apprend le russe.
1849 Mérimée traduit Pouchkine. Il est l’un des premiers à s’intéresser à la littérature russe. La revue des Deux Mondes publie La dame de Pique qu’il a adapté de l’auteur russe.
Il publie H.B, en l’honneur de son ami Stendhal (Henri Beyle), mort en 1842.
1852 Mérimée est emprisonné 15 jours à la Conciergerie pour l’affaire Libri. Il avait défendu la cause d’un bibliothécaire indélicat, faussaire, qui était le mari d’une de ses anciennes maîtresses.
1853 Mérimée publie des Monuments de France.
Mérimée est nommé sénateur à vie. Il devient un familier de Napoléon III et de son épouse Eugènie de Montijo. Il devient l’une des cibles des opposants à l’Empereur. Hugo, de retour d’exil, s’exclamera : « Le paysage était plat comme Mérimée. »
Il voyage en Espagne.
1854 Rupture avec Mme Delessert
1856 Atteint dès 1856, de graves troubles de la respiration, il commence à se rendre dans le midi, à Cannes, sans cesser pour autant de voyager.
Il traduit le coup de Pistolet de Pouchkine
1858 Mérimée fait faire à Napoléon III et à l’impératrice sa fameuse dictée. Ils font respectivement 54 et 90 fautes.
1862 Mérimée sert de nègre à Napoléon III pour la rédaction d’une Histoire de Jules César.
Mérimée achète une maison à Cannes pour tenter de soigner une grave bronchite chronique.
1863 Il se partage entre l’Angleterre, Cannes, Paris et Biarritz.
Il refuse le Ministère de l’Instruction publique
Il rédige la préface de Pères et Enfants de son ami Tourgueniev.
1865 Il rencontre Bismarck le 18 septembre
1866 Il lit la Chambre bleue et Lokis à Mme Delessert
1868 Mérimée publie Lokis
1869 Son l’asthme le fait terriblement souffrir
1870 Mérimée reste très attaché au régime impérial. Il essaie en vain de s’opposer à sa chute en août 1870. Profondément affecté par la déroute de la France dans la guerre franco-prussienne et par la défaite de Sedan, il meurt à Cannes le 23 septembre. Il est enterré au cimetière anglais de Cannes.
1871 Sa maison de Paris est incendiée pendant les troubles de la Commune.
1873 Publication posthume de Dernières Nouvelles

Oeuvres

1825 Le théâtre de Clara Gazul
1827 La Guzla
1829 Chronique du temps de Charles IX
Mateo Falcone
Le carrosse du Saint-Sacrement
L’enlèvement de la Redoute
1832 Lettres à une inconnue
1833 La double méprise
1834 Les Ames du purgatoire
1837 La Vénus d’Ille
1840 Notes d ‘un voyage en Corse
Colomba
1841 Essai sur la guerre sociale
1845 Carmen
1849 La Dame de pique
1868 Lokis
1869 Djoûmane (œuvre postume)

Liens