Quand il avait créé le spectacle, en mai 2014, Denis Podalydès, qui signe la mise en scène, avait fait le choix, radical, de confier le rôle de Lucrèce à Guillaume Gallienne.
Elsa Lepoivre, fascinante Lucrèce Borgia, dans une mise en scène signée Denis Podalydès
à La Comédie-Française
Pour cette reprise, depuis 2018, et toujours à l’affiche la Comédie-Française, Podalydès a décidé de revenir à une vision plus simple. Le rôle de Lucrèce est interprété par Elsa Lepoivre, qui s’affirme comme une prima donna de la troupe. Et celui de Gennaro, qui était lui joué par une actrice, Suliane Brahim, est endossé par le tout nouveau pensionnaire, Gaël Kamilindi.
Impériale dans sa longue robe noire, Elsa Lepoivre suscite la fascination, un mélange inextricable d’attrait et de répulsion. Insaisissable, elle change de visage aussi facilement qu’on ôte un masque. Comment la croire lorsqu’elle implore : « Ayez pitié des méchants, vous ne savez pas ce qui se passe dans leur cœur » ? Son confident, l’impitoyable Gubetta (impressionnant Christian Hecq), doute de cette soudaine volonté de rédemption. Peut-être n’y a-t-elle jamais cru elle-même ?
Quant à Eric Ruf, l’administrateur de la maison de Molière, il reprend son rôle de Don Alphonse d’Este, qu’il avait un temps abandonné. Il est grandiose.