En écrivant son avant-dernier livre, Philippe Jaenada est tombé par hasard sur l’histoire d’une jeune femme qui s’appelait Jacqueline Harispe , ancien mannequin, qui s’était suicidée à 20 ans. On la surnommait Kaki. Elle s’était jetée par la fenêtre de sa chambre d’hôtel. Philippe Jaenada a ensuite trouvé quelques articles de journaux, mais peu d’informations. On y apprenait simplement que c’était la plus jolie fille du quartier à Saint Germain, on l’appelait « la reine du quartier ».
Elle était intelligente et libre, entourée d’amis, admirée, une fille que la vie semblait amuser. Elle était tombée amoureuse d’un beau soldat américain qui l’aimait.
Elle avait sauté par la fenêtre d’une chambre d’hôtel. Tout ce qui restait comme trace de cette jeune femme, c’était un collage de Guy Debord qui lorsqu’il était jeune, fréquentait le même bistrot qu’elle. Ce collage s’appelle « fragile tissu » parce que son amoureux américain, avait essayé de la retenir par sa culotte qui s’était déchirée.
Dans le café « Chez Moineau » en 1953 (Jacqueline Harispe, deuxième à gauche), l’un des clichés d’Ed van der Elsken sur lequel s’est appuyé Philippe Jaenada pour son roman
Philippe Jaenada n’avait trouvé qu’une seule photo d’elle sur Internet. On la voit dans un café ou un restaurant. Elle mange, en baissant les yeux , elle a l’air pensive. « Elle ne ressemble pas à un mannequin de Christian Dior. Elle est naturelle, elle est soit fatiguée, soit un peu ailleurs » . confie Philippe Jaenada.
Voici comment est né « La désinvolture est une bien belle chose » , le très beau roman de Philippe Jaenada
Présentation de l’éditeur
Tandis qu’au volant de sa voiture de location, il fait le tour de la France par les bords, Philippe Jaenada ne peut s’ôter de la tête l’image de cette jeune femme qui, à l’aube du 28 novembre 1953, s’est écrasée sur le trottoir de la rue Cels, derrière le cimetière du Montparnasse. Elle s’appelait Jacqueline Harispe, elle avait vingt ans, on la sur nommait Kaki. Elle passait son existence Chez Moineau, un café de la rue du Four où quelques très jeunes gens, serrés les uns contre les autres, jouissaient de l’instant sans l’ombre d’un projet d’avenir. Sans le vouloir ni le savoir, ils inventaient une façon d’être sous le regard glacé du jeune Guy Debord qui, plus tard, fera son miel de leur désinvolture suicidaire.
Dans ce livre magnifique et totalement original, Philippe Jaenada a cherché à savoir, à comprendre pourquoi une si jolie jeune femme, intelligente et libre, entourée d’amis, admirée, une fille que la vie semblait amuser, amoureuse d’un beau soldat américain qui l’aimait aussi, s’est jetée, un matin d’automne, par la fenêtre d’une chambre d’hôtel.
En librairie dès le 21 août 2024 (Mialet-Barrault Éditeurs).
Philippe Jaenada
Philippe Jaenada est né en 1964. Il a publié chez Julliard Le Chameau sauvage (prix de Flore 1997 et prix Alexandre-Vialatte), adapté au cinéma par Luc Pagès sous le titre À + Pollux ; Néfertiti dans un champ de canne à sucre (1999) ; La Grande à bouche molle (2001) ; chez Grasset, Le Cosmonaute (2002), Vie et mort de la jeune fille blonde (2004), Plage de Manaccora, 16 h 30 (2009), et La Femme et l’Ours (2011). Depuis Sulak (Julliard, 2013) qui a reçu le Prix d’une vie 2013 (décerné par Le Parisien Magazine) et le Grand Prix des lycéennes de ELLE en 2014, il a publié La Petite Femelle (2015) et La Serpe, prix Femina 2017.
Pour en savoir plus
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