Javert est un personnage central du roman Les Misérables de Victor Hugo, publié en 1862.
C’est un inspecteur de police, impitoyable et rigide, obsédé par la justice et la loi. Il pourchasse sans relâche Jean Valjean, le héros du roman, même lorsque ce dernier a purgé sa peine. Javert incarne un modèle de justice inflexible et sans compromis.
Michel Bouquet dans le rôle de l’inspecteur Javert
dans Les Misérables réalisé par Robert Hossein (1982)
Javert n’accepte aucune exception ou nuance morale : pour lui, il existe une seule vérité, celle de la justice, et elle ne souffre aucun écart. Il n’accorde aucune place à la miséricorde ou à la rédemption. Sa vision du monde est manichéenne, divisée entre les bons (les autorités légales) et les mauvais (les criminels). Il considère qu’une fois qu’un individu a enfreint la loi, il doit être puni, sans égard aux circonstances.
L’une des relations les plus marquantes du roman est celle entre Javert et Jean Valjean. Ce dernier, après avoir été condamné pour avoir volé du pain, passe de longues années en prison avant d’être réhabilité. En tant qu’ancien forçat, Valjean cherche à mener une vie honnête, mais il est constamment pourchassé par Javert, qui le considère comme un criminel qui ne mérite aucune clémence. À travers cette poursuite, Javert représente l’idée que la loi est la seule autorité qui vaille, et qu’une fois qu’une personne est marquée par la criminalité, elle ne peut jamais changer.
Lorsque Jean Valjean échappe à sa surveillance pour la première fois, Javert se sent humilié et déshonoré. Il considère cette évasion comme un affront personnel et une remise en cause de sa toute-puissance.
L’un des aspects les plus intéressants de la personnalité de Javert est sa crise intérieure, qui se développe au fil de l’histoire. Lorsque Jean Valjean lui sauve la vie, Javert se trouve déstabilisé. Ce geste de compassion, venant d’un ancien criminel qu’il poursuit depuis des années, remet en question tout ce en quoi il croit : l’idée que la loi est infaillible, que les criminels ne peuvent pas changer, et que la miséricorde n’a pas sa place dans la justice. Il est incapable de comprendre pourquoi Valjean a agi ainsi, ce geste le pousse à une grande confusion morale.
Ce dilemme intérieur atteint son apogée lorsqu’il se rend compte qu’il est pris entre deux mondes incompatibles : celui de la justice absolue, qui exige la punition de Valjean, et celui de l’humanité, qui lui montre que Valjean est un homme bon, capable de rédemption. Cette contradiction le mène à un désespoir profond, et il choisit de se suicider, ne pouvant supporter de vivre avec cette crise morale irréconciliable.
Source bibliographique
- Les Miserables de Victor Hugo ( Editions Folio)
- Kléber Haedens Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
- Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions Larousse)
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