« Pas plus que nous ne savons quelle était l’intention de Bach en composant son Clavecin bien tempéré, nous ne connaissons les » intentions » de Goethe en écrivant son Faust. Il s’est lui-même refusé à le dire. C’est un poème. »
Richard Friedenthal
Ecrivain allemand, Johann Wolfgang von Goethe naquit le 28 août 1749 à Francfort-sur-le-Main.
Sa longue vie est traversée de nombreux bouleversements : des guerres, des transformations dans les structures sociales et les conditions d’existence, dans les sciences, l’art et la poésie. Il voit la guerre de Sept Ans, qui amorce notamment la chute du Saint-Empire, les révolutions américaines et française, des guerres qui ont duré 25 ans, la domination de Napoléon et sa chute. Vieillard il est témoin de la révolution de 1830, par laquelle le prolétariat affirme, pour la première fois, ses prétentions politiques.
Son père voulait faire de lui un juriste et l’envoya étudier le droit à Leipzig, grande cité marchande comme Francfort, mais qui avait une université. Le jeune Goethe y arriva au cours de l’automne 1765 et y demeura trois ans, il y fit du droit, sans plaisir, mais surtout il y connut la vie d’étudiant et fit ses débuts poétiques.
A cet étudiant peu assidu, l’université de Strasbourg délivra en 1771 une licence en droit. Goethe retourna à Francfort avec son parchemin et devint avocat stagiaire, comme le souhaitait son père. Un an plus tard il était auditeur à la Chambre d’Empire (Reichskammer) de Wetzlar.
Cette « Chambre d’Empire » avait à connaître des litiges entre les Etats qui formaient le Saint Empire. Elle travaillait très lentement ; Goethe continua à faire des vers et surtout des visites à Charlotte Buff (Lotte, fille du bailli de l’ordre Teutonique), qui habitait près de Wetzlar et qui était fiancée à J.C.Kestner, un collègue de Goethe.
Après une année à Wetzlar, Goethe revint à Francfort, portant en lui une blessure et une incertitude si profondes qu’il en fit un roman, bref mais destiné à le rendre célèbre en quelques mois : Les souffrances du jeune Werther. 1774 est une date dans l’histoire du roman. Genre tout d’abord d’imagination et d’aventures, le roman trouvait en Werther une direction nouvelle, car dans ce livre il ne se passe rien et on peut dire, d’après la correspondance de Goethe, que rien n’y est inventé. C’est simplement l’analyse des états d’âme d’un amoureux que ronge un mal sans merci. Le coup de feu qui l’achève et le délivre constitue toute l’action du roman.
Aussi fit-il scandale, car on sut que c’était une confession. Il y eut des attaques et des parodies, mais « l’auteur de Werther », comme devait dire Napoléon en 1809, devint en un an l’auteur allemand le plus lu. Goethe devait dire plus tard que toutes ses ouvres étaient les fragments d’une grande confession ; il en avait livré, avec Werther, la page probablement la plus intime.
A cette période Goethe se lie d’amitié avec quelques jeune « rebelles » qui, plus tard, fondèrent avec lui le mouvement du Sturm und Drang (orage et élan) mouvement littéraire et politique à caractère préromantique qui prit naissance en Allemagne en 1770. Deux influences dominent cette période, celles de Shakespeare et de Rousseau.
Le prince héritier Charles-Auguste de Saxe-Weimar (alors âgé de 18 ans) invita le jeune poète à venir s’établir à Weimar ; on lui assurait une fonction qui lui permettrait de vivre en toute liberté.
Goethe a vécu ainsi, sans aucun déplaisir, pendant un assez long moment, cette existence de favori. On attend de lui qu’il mette sa plume et ses talents à la disposition de la Cour. Ce poète, ministre et collectionneur n’a jamais cessé de consacrer une large partie de son temps à l’observation et à l’expérimentation.
L’événement le plus importante fut pour lui, sa rencontre avec la baronne von Stein, âgée de 33 ans et épouse de l’écuyer du prince Charles-Auguste. De sept ans plus âgée que le poète, cette femme très cultivée réussit à façonner Wolfgang, à orienter sa passion débordante vers l’harmonie et la beauté. C’est ainsi que, sur ses conseils, il accorda toute son attention au monde classique et, quand il se sentit fatigué de ses besognes administratives et du service de cour, il s’enfuit en Italie, patrie de la beauté.
Il partit le 3 septembre1786 et il demeura en Italie jusqu’au printemps 1788.
A la fin de son séjour en Italie il se consacre exclusivement à la poésie. Ses ouvres Egmont, Iphigénie, Torquato Tasso voient le jour.
Ce qui l’attire le plus dans les dernières années du siècle, ce sont les travaux scientifiques. Mais sous l’influence de Schiller il retrouve bientôt l’envie impérieuse d’écrire. Pour Goethe Schiller fut un puissant stimulant. C’est grâce à lui que Wolfgang fit progresser son Faust, termina Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister, reprit le poème idyllique Hermann et Dorothée.
C’est dans la maison d’un ami, le libraire Fromann que le poète sexagénaire tomba profondément amoureux d’une jeune fille de 17 ans, Minna Herzlieb, qui lui inspira une nouvelle ouvre : Les affinités électives.
A l’âge de 65 ans il fit une cure à Wiesbaden ; une fois encore une femme devait lui inspirer une violente passion : c’était Marianne von Willemer, âgée de 30 ans, l’épouse du banquier et sénateur Willemer, un vieil ami de Goethe. C’est ainsi que naquit le Divan occidental et oriental.
Goethe passera les dernières années de sa vie dans la maison de Weimar, devenu désormais un lieu de pèlerinage pour l’élite intellectuelle d’Allemagne. Goethe fera preuve jusqu’au bout d’une surprenante verdeur. Jusqu’en 1829, il travaille aux Années de voyage de Wilhelm Meister, puis à Faust, le monument de son existence. Le 22 mars 1832, vers onze heures et demie du matin, Goethe rendit l’âme. Il était entré dans sa 83ème année. Depuis quelques mois seulement il avait terminé son Faust.
Peu jouée en entier, rarement lue intégralement, cette ouvre n’en demeure pas moins le monument le plus auguste des lettres allemandes.
Rosanna Delpiano
Bibliographie :
Dictionnaire des personnages de tous les temps et de tous les pays – Editions Laffont-Bompiani –
Goethe, sa vie et son temps _ Richard Friedenthal – Editions Fayard
Goethe – Les Géants – Paris-Match – Numéro culturel hors série –
Le mythe de Faust – André Dabezies – Editions Arman Colin –
La Grande Encyclopédie Larousse
Goethe – Faust – Editions GF Flammarion – Préface Bernard Lortholary