Contexte
Giraudoux a commencé à travailler sur cette pièce en 1937 et l’a terminée en 1938.
Giraudoux s’est inspiré d’un conte allemand de Fréderic de la Motte-Fouqué, Undine (1811)
Cette pièce en trois actes a été créée au théâtre de l’Athénée le 4 mai 1939 dans une mise en scène de Louis Jouvet. Elle connut dès sa sortie un grand succès tant auprès du public que de la critique. Lors de sa sortie, elle ne fut jouée que soixante huit fois ( du 4 mai au 30 juin 1939) , en raison de la guerre.
Cette pièce fut reprise ensuite et ce fut la pièce de Giraudoux la plus jouée par la troupe de Jouvet.
En 1974 Isabelle Adjani fut une éblouissante Ondine. « Elle rendit à l’œuvre sa dimension originelle de pièce tendre, gracieuse et fragile ».
Résumé de l’œuvre
Acte I
Le vieux pêcheur Auguste et sa femme Eugénie sont inquiets. Ondine n’est pas encore rentrée dans leur humble cabane.
Survient le chevalier errant Hans von Wittenstein zu Wittenstein qui évoque son futur mariage avec Bertha . Apparaît alors la jeune Ondine, créature fascinante qui commande aux éléments. Elle incarne la beauté et la candeur, la douceur et la révolte. Elle jette par la fenêtrela truite au bleu que le chevalier s’apprêtait à déguster. Puis elle s’enfuit. Auguste et Eugénie se confondent en excuses. Ils vont chercher du jambon pour offrir à leur hôte. Ondine réapparaît. Entre les deux jeunes gens, c’est le coup de foudre.
Ondine déclare son amour à Hans qui, étonnamment, n’émet aucune résistance. De retour, Auguste et Eugénie évoquent Bertha. Furieuse , Ondine quitte une nouvelle fois la scène en maudissant l’hypocrisie humaine.
Le pêcheur et sa femme révèlent alors à Hans la vraie nature d’Ondine. Ce n’est pas leur enfant, elle est la fille du lac : elle commande aux éléments et possède de grandes forces. Malgré les avertissements d’Auguste, le chevalier est prêt à renoncer à la comtesse Bertha, sa fiancée, et affirme son intention d’épouser Ondine. Hans et Ondine échangent leurs promesses, le Roi des Ondins prévient celle-ci : « Tu acceptes le pacte s’il te trompe, honte du lac ! » . Ondine est si sûre de son amour et de son fiancé qu’elle passe outre la mise en garde de son oncle.
Acte II
« Après trois mois de lune de miel », une cérémonie est organisée pour présenter Ondine à la cour. Un illusionniste présente un spectacle mettant en scène Ondine, Hans et Bertha. Le chambellan entreprend d’éduquer Ondine au langage de la cour et ne réussit à obtenir d’elle que des témoignages de franchise qui lui assurent la sympathie amusée du poète et de Bertram mais agacent Hans. Ondine reconnait le roi des Ondins sous le déguisement de l’illusionniste et lui demande de faire en sorte qu’elle ne devine plus ce que les autres pensent. Puis Ondine est présentée au roi. Elle manifeste une franchise naïve qui exaspère le chevalier et irrite Bertha. Cette dernière n’a qu’un objectif, reconquérir Hans.
Ondine reste seule avec la reine Yseult . Elle révèle à la reine la vraie nature du pacte scellé avec le roi des Ondins : si Hans la trompe, alors il mourra. Elle expose ensuite à Yseult son projet d’inviter Bertha chez eux afin que, près d’elle, Hans ne la désire plus dans ses pensées. La reine est émue par la générosité d’Ondine et salue « la leçon d’amour » . Mais Bertha , orgueilleuse, se moque des origines d’Ondine . Blessée, Ondine finit par révéler que Bertha n’est autre que la fille des pêcheurs Auguste et Eugénie. De colère, Bertha renie ses parents. En raison de son attitude, elle est exilée de la cour. Généreuse, Ondine lui propose de l’inviter auprès d’elle et d’Hans dans leur château.
Acte III
Six mois plus tard, tout est bouleversé au château. Les domestiques s’affairent pour préparer le mariage d’Hans et Bertha. Ondine, elle, a disparu depuis six mois. Hans est amer. Le monde bruisse d’une rumeur selon laquelle Ondine l’aurait trompé avec Bertram. Hans est également très inquiet . Les serviteurs se mettent à parler en alexandrins. Ceci est signe de malheur chez les Wittenstein. Deux pêcheurs viennent annoncer l’arrestation d’Ondine et la tenue immédiate de son procès. Les juges éprouvent des difficultés à instruire le procès. Déguisé en homme du peuple, le roi des Ondins parvient à faire éclater la vérité . Il réussit à révèler le généreux mensonge d’Ondine et l’intensité de son amour pour Hans. Ondine reste seule le roi des Ondins et le supplie de ne pas tuer Hans. Mais celui-ci avoue son impuissance : Hans mourra. Hans se rend compte trop tard de cet immense amour qu’elle éprouve pour lui. Vient la scène des adieux : Ondine sait qu’à l’instant de la mort de Hans , elle va perdre la mémoire. Elle raconte à Hans comment « elle a inlassablement appris le chemin des hommes pour ne plus jamais l’oublier ». La mort vient prendre Hans. Rappelée aussitôt au royaume des ondins, Ondine émet un regret devant son corps qu’elle ne reconnaît pas : « Comme c’est dommage! comme je l’aurais aimé! »
Source bibliographique
Jean Giraudoux, Balises, Editions Nathan