Joseph Kessel a traversé le XXe siècle à toute vitesse, se faisant l’observateur émérite d’un monde pris dans la tourmente. Sa curiosité était immense. Véritable témoin de son époque, il n’avait nul pareil pour raconter les hommes et leurs tourments, les conflits, les soirées de prince parisiennes comme la vie dans les pays les plus éloignés. Comme il l’écrivait, « derrière la grande histoire, il y a les hommes. Et j’aime les hommes ».
Sur la scène du théâtre du Lucernaire, Franck Desmedt s’attaque à Joseph Kessel et révèle toutes ses facettes.
Il incarne le grand reporter, aviateur, grand romancier, aventurier et … académicien (1898-1979), que François Mauriac avait ainsi défini : « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d’abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l’univers sans avoir perdu son âme. » De sa jeunesse, où il hésita à devenir comédien pour finalement prendre la plume, de la Première à la Seconde Guerre mondiale, du journalisme à l’Académie française, ce spectacle retrace le parcours d’un homme qui a marqué la littérature et son temps.
Avec bonheur, nous découvrons une existence vécue à 100 à l’heure, une quête du monde, une ivresse de la vie, de l’ailleurs, une curiosité de l’autre, de l’être, à n’en plus finir. Franck Desmedt et l’auteur-metteur en scène Mathieu Rannou transmettent le souffle et l’énergie d’un éternel explorateur.
Nous découvrons ses débuts au journal du Matin pour lequel il rédigea un article fracassant sur les traites des esclaves en Afrique. Nous voilà partis en Afrique avec son fixeur Henri de Monfreid. Puis nous sommes à Londres , avec De Gaulle qui lui demande un chant pour la Résistance. « Le Chant des Partisans » est écrit quelques jours plus tard avec Druon. Il évoque aussi l’Afghanistan et ses cavaliers exceptionnels …
Tous les artifices du théâtre (jeux d’ombres, jeux de costumes, etc.) sont conviés dans ce flamboyant monologue, et même d’excellentes imitations ( De Gaulle, Pierre Lazareff, Humphrey Bogart , Francis Huster… )
On sort sur un petit nuage d’avoir partagé une heure d’une vie si intense.