Prix Goncourt des lycéens 2014 pour « Charlotte » de David Foenkinos
Deux semaines après avoir reçu le prix Renaudot, c’est le prix Goncourt des lycéens que s’est vu attribuer, ce mardi 18 novembre 2014, David Foenkinos, pour son roman Charlotte, paru fin août chez Gallimard. L’auteur, très léger, du Potentiel érotique de ma femme, de La Délicatesse, change ici de registre en s’attachant à retracer l’existence de l’artiste Charlotte Salomon, née en 1917 à Berlin, morte en 1943 à Auschwitz où elle avait été déportée quelques mois plus tôt – à partir de la France où sa famille juive s’était réfugiée au lendemain de l’accession au pouvoir des nazis en Allemagne.
Prix Renaudot pour pour « Charlotte » de David Foenkinos
Son roman Charlotte, inspiré de la vie de l’artiste Charlotte Salomon, a obtenu le prix au sixième tour par cinq voix contre trois à Jean-Marc Parisis et une à Kamel Daoud.
Présentation du roman
« Charlotte » , le roman de David Foenkinos retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d’une oeuvre picturale autobiographique d’une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : « C’est toute ma vie. » Portrait saisissant d’une femme exceptionnelle, évocation d’un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d’une quête. Celle d’un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
En contemplant pour la première fois la peinture de Charlotte Salomon, David Foenkinos a eu, écrit-il, « le sentiment d’avoir enfin trouvé ce que je cherchais ». C’est après qu’il a découvert le sort de cette femme juive allemande, assassinée à Auschwitz en 1943, enceinte, à 26 ans. « Charlotte » restitue ce destin, depuis la naissance dans une famille bourgeoise marquée par le tragique, jusqu’à sa mort, et s’interrogeant, dans le corps même du texte, sur la manière de le faire.
Revue de presse
« Son roman, aussi sobre que riche, retrace l’existence d’une femme et d’une artiste d’exception dont l’unique œuvre ne fut connue, exposée et éditée que vingt ans après sa disparition. Loin de se soumettre au diktat des faits, l’écrivain explore les sentiments et les tourments de Charlotte à qui il redonne vie avec puissance. L’attente d’une lettre de la mère qui avait promis d’écrire quand elle serait au ciel, les liens avec les nounous, la rencontre de sa future belle-mère, la révélation de la passion pour le dessin – à chaque étape, le lecteur se tient au plus près d’elle ».
Corinne Renou-Nativel ( La Croix)
« L’audace de Foenkinos n’est pas tant dans le choix de son sujet – il a eu un coup de foudre pour l’œuvre de Charlotte Salomon qu’il a découverte à Berlin où elle fut exposée il y a quelques années – que dans la forme du récit: un long poème narratif en vers libres. Le texte déroule, comme une psalmodie sacrée, une succession de courtes phrases qui tiennent chacune sur une ligne. Cette contrainte force l’auteur à la sobriété, accentue la tension, évite qu’il ne dérape dans le larmoiement. Ce roman incantatoire se lit comme une histoire transmise oralement de père en fils et dont il faut se souvenir ».
Astrid De Larminat ( Le Figaro)