Résumé du Neveu de Rameau de Denis Diderot
Commencé en 1761 ou en 1762, souvent remise en chantier jusque vers 1772, ce récit dialogué, qui contient probablement plusieurs passages autobiographiques, n’a pas été publiée par Diderot (mort en 1784). Goethe traduisit cette ouvre en allemand en 1805. Ce qui est étonnant c’est que la première édition française du Neveu de Rameau (1821) ne fut pas la version originale de Diderot mais une traduction de cette traduction. Ce n’est qu’en 1891 (plus d’un siècle après sa mort), que le manuscrit autographe, retrouvé par hasard chez un bouquiniste, permit enfin de faire connaître le texte original de cette ouvre de Diderot.
Dans un café du Palais-Royal, le philosophe (Moi) rencontre le neveu du célèbre compositeur Rameau (lui).
Le neveu de Rameau est à la fois artiste, philosophe, fantasque et cynique. Comparé au « Neveu », le philosophe incarne lui la réflexion. Il a surtout pour but de donner la réplique au Neveu.
Lui et Moi entament un longue joute verbale. Ils s’interrogent sur ce qu’est un génie : un artiste et un citoyen idéal ou un monstre d’égoïsme ? Ils débattent ensuite de l’éducation des jeunes filles, de l’immoralisme, de l’aide aux indigents , de la flatterie comme art de vivre, de la musique …
Le Neveu affirme d’emblée que l’Education est inutile , qu’il n’a jamais rien appris et que cela ne lui porte aucun préjudice. Il en profite pour faire l’éloge du parasitisme. Il évoque ses expériences de bouffon auprès de ses protecteurs : la comédienne Melle Hus et le financier Bertin. Il n’hésite pas d’ailleurs à se moquer avec beaucoup de férocité de ces pseudo-mécènes qui ont besoin d’artistes pour animer leurs dîners et se divertir.
Rameau nie ensuite les valeurs telles que la vertu ou l’amitié. S’y soumettre serait pour lui synonyme de malheur. Le philosophe a beau s’offusquer d’un tel cynisme, et le mettre en garde de l’impossibilité d’être heureux avec une telle immoralité, le Neveu lui rétorque que c’est la Société qui impose une telle attitude et que lui se délecte de calquer ses vices sur ceux des autres ; et de mimer avec un réel talent tous les sentiments nécessaires pour paraître et briller en société.
Concernant la morale, Le Neveu affirme que chacun agit conformément à ses intérêts et non d’après les grands principes. Il se réjouit de son propre amoralisme et veut juger la vie , les personnes et les événements non en bien ou en mal mais à l’aune de la beauté et du prestige qu’ils confèrent.
Le philosophe reprend l’initiative de la conversation et oriente celle-ci sur la musique. Rameau se lance alors dans un éblouissant plaidoyer en faveur de la musique Italienne et de l’opéra. Il prend position contre on oncle. Il mime à lui tout seul tout un opéra . Il y tient alternativement tous les rôles et souhaite ainsi démonter que le chant peut exprimer toutes les passions.
Le philosophe est émerveillé par tant de talents et s’interroge sur le décalage entre les dons de Rameau et son manque de vertu. Par manque de courage lui répond ce dernier. Il explique que selon lui nous sommes tous des gueux : même le roi a un maître devant lequel il s’avilit pour en obtenir quelque bénéfice. Le philosophe lui réplique que lui, a renoncé au désir, et qu’il a pour ambition de vivre libre et intègre.
La cloche de l’opéra annonce le début du spectacle. Le Neveu qui évoquait alors sa défunte épouse met fin à l’entretien.
Le Texte intégral du Neveu de Rameau sur le site ABU
Source bibliographique
Diderot d’Olivier Wotling (Balises, Editions Nathan)
Le Neveu de Rameau de Denois Diderot (Collection Foliot)
Le Neveu de Rameau , étude de Jan-Daniel Mallet ( Hatier)
Kléber Haedens Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions larousse)