« La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » dans l’histoire littéraire
En 1788, Olympe de Gouges fait imprimer ses écrits politiques et juridiques, sous la forme d’affiches, et d’articles ( « la lettre au peuple » , « journal général de la France »…).
« La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » est imprimée le 14 septembre 1791 dans la brochure intitulée Les droits de la femme, adressée à la reine Marie Antoinette. Il semble qu’elle ne soit parue qu’à 5 exemplaires. Elle devait être présentée à l’Assemblée nationale législative le 28 octobre 1791, mais elle a été refusée et n’a jamais été promulguée.
Comment expliquer l’échec de cette Déclaration devant l’Assemblée ?
Elle relève d’abord d’une initiative individuelle, sans lien avec les mouvements collectifs féminins apparus dès 1789. Elle rejoint en cela l’article de Condorcet « Sur l’admission des femmes au droit de la cité » paru le 3 juillet 1790, dans le journal de la Société de 1789, où le philosophe réclame que soit déjà établie « l’égalité des droits entre les deux sexes » , mai sans succès.
Les écrits d’Olympe de Gouges et de Condorcet émanent de personnes de milieu aisé, ne recoupant pas les préoccupations plus concrètes des femmes du peuple et de la bourgeoise dans les premières années de la révolution. La question de la condition sociale et politique des femmes ne touchera ces deux publics qu’à partir de 1793. Il faut noter, aussi qu’une grande partie des hommes, y compris parmi les députés, n’étaient pas prêts à admettre une égalité des droits entre les hommes et les femmes.
« La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne» est un clin d’œil à la la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui énumère des droits ne s’appliquant qu’aux hommes. Le texte d’ Olympe de Gouges est d’autant plus percutant que lorsqu’il est rédigé, les femmes ne disposaient ni du droit de vote, ni de l’accès aux institutions publiques, ni aux libertés professionnelles et encore moins aux droits de propriété.
Olympe de Gouges y défend avec une ironie dirigée à l’encontre des préjugés masculins, la cause des femmes, écrivant ainsi que « la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ».
Résumé de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
« La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » se divise en 6 parties :
- L’épître dédicatoire à Marie-Antoinette
- « Les droits de la femme »
- Le préambule à la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
- Les dix-sept articles de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
- Le postambule
- Forme du contrat social de l’homme et de la femme
Partie 1 : l’épitre dédicatoire à Marie-Antoinette
La dédicace initiale ne contient pas l’éloge attendu à Marie-Antoinette puisqu’Olympe de Gouges ne flatte nullement la reine.
Elle rappelle son attachement à la reine Marie-Antoinette , même en des circonstances difficiles pour cette dernière. Elle insiste sur sa franchise et son honnêteté, et se place en conseillère de la reine. Ainsi elle la met en garde contre le risque qu’elle encourt de devenir une « implacable ennemie des Français » en refusant la Révolution et en faisant appel aux troupes autrichiennes pour rétablir la monarchie absolue.
Elle l’incite au contraire à accepter le changement de régime et la presse à aider les femmes à obtenir des droits : « Défendez, Madame, une si belle cause ; défendez ce sexe malheureux ».
Cette épitre permet à Olympe de Gouges de placer son texte sous la coupe de la reine, marquant par là son attachement à la famille royale.
Partie 2 : « Les droits de la femme »
Olympe de Gouges s’adresse aux hommes sur un ton violemment accusateur. Elles leur reproche d’être responsables de la manière dont les femmes sont traitées dans la société.
Pour montrer comment le comportement des hommes est injuste, elle a recours à un raisonnement par analogie poussant l’homme à se comparer aux autres espèces de la nature. La différence entre les sexes n’est établie que dans l’espèce humaine. C’est la démonstration que le comportement de l’homme est injuste et illégitime. Cette partie se situe juste avant la Déclaration afin d’insister sur les raisons qui poussent à corriger la récente « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ».
Partie 3 : Le Préambule à « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »
Olympe de Gouges s’adresse à l’Assemblée nationale. Elle reprend le texte du préambule de « la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » et le corrige. Celui-ci ne concerne plus les seuls hommes, mais bien « Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation » .
Les femmes comme les hommes possèdent des droits inaliénables. Le principe de l’égalité entre l’homme et la femme est affirmé. La femme est même présentée comme un être supérieur à l’homme « en beauté » et « en courage dans les souffrances maternelles ».
Partie 4 : les dix-sept articles de « la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »
Il s’agit du texte de la « la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » avec les corrections qu’y apporte Olympe de Gouges afin que la femme ne soit pas oubliée. Le texte reprend en grande majorité le texte original, mais est adapté aux spécificités de la femme.
Partie 5 : Le Postambule
Olympe de Gouges s’adresse avec force aux femmes pour les inciter à s’unir afin de renverser la situation d’oppression où elles se trouvent par la faute de l’homme, mais aussi par leur propre faute puisqu’elles n’ont pas pris leur part de responsabilité dans leur sort.
Olympe de Gouges évoque aussi le sort des femmes infortunées qui s’attirent le mépris de la société une fois âgées ou cite l’exemple d’une femme qu’un homme aura abusée et qu’il aura abandonnée sans ressources. Elle insiste sur l’importance du partage des fortunes entre les hommes et les femmes. Enfin elle aborde la question du mariage qui n’est pas un gage de confiance, au contraire.
Mais la femme mariée pourra agir à sa guise sans trop de risques, notamment si elle a des enfants illégitimes, tandis que celle qui n’est pas mariée restera toujours dans le malheur.
Partie 6 : Forme du contrat social de l’homme et de la femme
Olympe de Gouges rédige un texte juridique qui pourrait être un contrat-type de mariage. Elle insiste aussi pour protéger les droits des femmes et des enfants dans le cadre des unions hors mariages.
Ce contrat social doit également protéger « les veuves et les demoiselles trompées » ainsi que les prostituées.
Elle évoque aussi le mariage des prêtres et les droits des « hommes de couleur ».
Le contrat social s’achève sur une anecdote qui met Olympe de Gouges aux prises avec un juge misogyne (suite à un différend avec un cocher qui lui a demandé plus d’argent qu’elle lui en devait).
Source bibliographique : Une œuvre, un parcours : Olympe de Gouges, « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » Sandra Galand-Le Cardonnel & David Galand ( Nathan), memoire-esclavage.org & aufutur.fr