Olympe de Gouges, de son vrai nom, Marie Gouze, est une enfant naturelle née à Montauban en 1748 .
Ses parents officiels sont Anne-Olympe et Pierre Gouze, boucher, bien qu’il soit de notoriété publique que son père biologique soit l’auteur dramatique Jean-Jacques Lefranc de Pompignan. Son éducation est très sommaire. Elle apprend à peine à lire et à écrire.
En 1765, Marie Gouze se marie avec Louis Aubry, un officier de bouche de l’Intendant, avec qui elle aura, deux ans plus tard un enfant. Après la mort de son époux intervenue peu après, elle part avec son fils s’installer à Paris, ne voulant pas tenir son rôle de bourgeoise provinciale.
Elle décide alors de changer de nom pour Olympe de Gouges, créé à partir du prénom de sa mère et de son patronyme, avec une particule pour sans doute masquer ses origines modestes.
A une époque où une femme qui demeure célibataire est regardée comme une prostituée, elle assume son indépendance en refusant de se remarier, pour pouvoir rester libre de ses actes et de ses écrits. Elle ne se remariera jamais. Le mariage est pour elle « le tombeau de l’amour et de la confiance ». Son idéal du couple est une union entre homme et femme à travers un contrat qui, en cas de séparation, permet d’avoir avec d’autres personnes des enfants reconnus.
A Paris, elle fréquente les salons, et rêve de devenir femme de lettres. Elle s’intéresse aux idées nouvelles.Elle publie, à partir de 1780 des romans et des pièces de théâtre.
La lutte contre l’esclavage sera la première cause qu’elle défendra comme autrice : en 1784, elle rédige la première pièce du théâtre français dénonçant ce système qui est alors à son apogée, et générait des fortunes colossales pour ceux qui en bénéficiaient, nombreux dans les milieux parisiens. Intitulée Zamore et Mirza ou l’Esclavage des Noirs, la pièce conte l’histoire d’un couple de marrons refugiés sur une île déserte pour échapper aux sévices de leurs maîtres, et qui seront secourus par deux jeunes Français. Inscrite l’année suivante au répertoire de la Comédie Française, elle n’y sera pas jouée avant la Révolution, du fait de son message d’égalité et de fraternité entre Blancs et Noirs jugé sulfureux par beaucoup.
Elle prolonge son engagement trois ans plus tard, en publiant ses Réflexions sur les hommes nègres, et en fréquentant les animateurs de la Société des Amis des Noirs. Sous la Révolution, elle reviendra encore sur ce thème en rédigeant une nouvelle pièce en faveur de la cause abolitionniste, Le Marché des Noirs.
La Révolution Française donne à Olympe de Gouges l’occasion de montrer combien elle est en avance sur son temps. Face à l’Assemblée Constituante qui exclut les femmes des droits de cité, elle publie un texte qui est l’un des fondements du féminisme originel, « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ».
Elle répond en 1791 à l’universalisme incomplet de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui n’appliquait ses principes de liberté et d’égalité qu’aux hommes, par une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qui reste l’un des textes fondateurs du féminisme moderne, dont l’article 1er proclame : « La femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme. »
Elle y prône l’émancipation de la femme et l’égalité totale et inconditionnelle entre les deux sexes. Olympe de Gouges est considérée comme l’une des premières féministes.
Sur le plan politique, Olympe de Gouges soutient le roi Louis XVI, lors de son procès. Elle prendra le parti des Girondins et publiera des pamphlets contre Marat et Robespierre. Accusée d’attenter à l’indivisibilité de la République, elle est condamnée à mort par la Terreur, et exécutée le 3 novembre 1793. Elle est alors la deuxième femme guillotinée, après Marie-Antoinette à laquelle elle avait dédié sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Dans une étonnante ironie de l’histoire, son fils Pierre Aubry de Gouges sera envoyé en 1802 par Bonaparte en Guyane, au moment où Victor Hugues, capitaine général de la colonie, est en train d’y rétablir l’esclavage qu’Olympe de Gouges avait tant combattu de son vivant… P. Aubry de Gouges tomba rapidement malade, et c’est sur cette terre de nouveau esclavagiste qu’il décéda, quelques mois après son arrivée.
Oubliée par les républicains et longtemps ignorée par les historiens, Olympe de Gouges est aujourd’hui reconnue comme une figure majeure de l’engagement des femmes dans la Révolution française, et son nom est régulièrement évoqué pour entrer au Panthéon.
Source bibliographique : memoire-esclavage.org & aufutur.fr