Interview de Roxane Dambre, auteure de la saga ANIMAE

Roxane Dambre est une écrivain parisienne de vingt-sept ans qui fourmille d’idées et d’envie. Elle vient de publier la saga ANIMAE aux éditions de l’épée. La saga raconte l’histoire d’une jeune aventurière parisienne, Lou, qui se transforme à volonté en animal, le plus souvent en panthère, son animal fétiche. Elle travaille pour les services secrets et lutte contre la prolifération des loups garous qui mettent en danger la race humaine. Le destin éditorial de cette saga est assez original car après avoir été repérée par les éditions de l’épée, les ventes numériques sont telles que Livre de poche lui propose de publier une version papier. Si c’est le souhait commun de l’écrivain que d’accéder au papier, dans la pratique cela n’arrive quasiment jamais. C’était même une première. Autre excellente nouvelle, la saga va également être traduite en anglais et distribuée aux Etats-Unis. Je suis donc allée à la rencontre de son auteure aussi pétillante que son héroïne afin d’en savoir un peu plus sur sa pratique de l’écriture et sur le genre bien particulier qu’elle produit : la fantasy urbaine.

Roxane Dambre

Roxane Dambre
interviewée par Inès Coville

Roxane pourrais-tu te présenter en trois mots ?

J’aime le chocolat. Ou bien Parisienne aimant le chocolat. Ça fait quatre, mais c’est bien non ? (rires)

Quand l’aventure d’ANIMAE a-t-elle commencé ?

J’étais en stage à Epernay, à dix minutes de chez moi, un mois de mai où il faisait très beau. Comme c’était tout près de chez moi et que je finissais assez tôt, j’avais du temps le soir pour écrire. J’avais envie de faire un bouquin avec une fille bien dans sa peau parce que j’ai l’impression que dans la littérature on cumule les personnages dépressifs ! Donc j’avais envie d’écrire sur un personnage non seulement lumineux mais à qui en plus il arrive des trucs tops, comme d’être embauché par les services secrets.

Quelles sont tes lectures ?

Je lis beaucoup de fantasy urbaine, c’est à dire la même chose que ce que j’écris.

Ah, je croyais que c’était de l’heroic fantasy…

C’est normal (rires), il n’y a que les gens du milieu, les puristes qui font la différence entre les deux. En fait, la fantasy urbaine ce sont des histoires qui se passent dans notre monde mais avec des créatures fantastiques ou surnaturelles alors que l’heroic fantasy cela se passe dans un autre monde.

Et alors qui sont les grands pontes de la fantasy urbaine selon toi ? Pas des Français j’imagine…

Les Français écrivent très bien mais ils n’ont pas une grande visibilité car les grands éditeurs sont assez peu ouverts pour publier de nouvelles plumes. Alors oui, les grands pontes c’est plutôt des côtés des Etats-Unis. Patricia Briggs par exemple. On m’a comparée à elle avant même que je ne la connaisse. Du coup je suis allée la lire et j’ai compris pourquoi. Je l’aime énormément, elle est incroyable. C’est un modèle.

Tu travailles dans un milieu bien éloigné de l’écriture (ndlr, ingénieure chez EDF). As-tu l’impression d’avoir une double vie ?

Oui, surtout face à ceux qui ne me connaissent que de façon professionnelle. Je me cache plutôt pour écrire, simplement parce que je ne partage pas ça au premier venu ou au premier abord. Bon, après si on me pose des questions, bien entendu j’en parle et cela me fait plaisir. En fait ça me fait du bien d’avoir une double vie. Ça me permet de rencontrer des gens que je n’aurais jamais rencontrés sans l’écriture.

Quand as-tu commencé à écrire ?

J’ai commencé à écrire quand j’étais en troisième. On me faisait beaucoup de compliments sur ce que j’écrivais et j’ai eu envie de partager mon écriture avec les autres et je me suis dit que je voulais publier. J’avais quatorze ans alors et ça n’a pas du tout marché… J’ai reçu des lettres comme : cher monsieur, malgré votre talent évident, nous sommes au regret de vous dire que nous n’avons pas pu retenir votre manuscrit Les rivières pourpres, et je m’arrêtais en m’écriant mais ce n’est pas moi qui ai écrit ce manuscrit! (rires) Je me suis découragée à plein de moments mais heureusement j’ai été soutenue par ma famille qui me disait que ça allait marcher et de ne jamais abandonner.

Etre publiée qu’est-ce que ça a changé pour toi ?

Etre publié c’est une chose : être lue ! De ce fait, mes personnages ont une vie sans moi. Ils existent aussi dans l’imaginaire de ceux qui ont lu mes livres et c’est très intéressant. Mes personnages dépassent le cadre que j’ai imaginé pour eux.

Quel est ton rapport avec ton éditrice ?

Mon éditrice s’appelle Caroline Lépée. C’est une éditrice de rêve ! Elle ne s’est jamais plantée, elle a toujours choisi les bonnes personnes aux bons moments. Les processus d’édition c’est toujours hyper long et ça se compte en mois et en année mais en fin de compte ça paie. Quand je lui ai écrit pour la première fois en envoyant un manuscrit, elle m’a répondu : j’adore, je prends mais, on est d’accord c’est une saga ? J’ai répondu oui bien sûr ! Je n’avais pas du tout pensé à la suite à ce moment…

Quel est ton rêve d’écrivain ?

Rencontrer mes personnages en vrai ! Ça serait vraiment fabuleux ! Et probablement un peu flippant, en y réfléchissant bien…

Comment t’es venu l’imaginaire bien précis du monde de Lou ? Es-tu fascinée par le monde animal ? J’ai beaucoup aimé les blagues et les situations cocasses qui découlaient du fait que l’héroïne ait une double-nature, à la fois humaine et animale.

Quand j’ai commencé la rédaction, ce qui était à la mode dans le milieu c’était les histoires de loup-garou. Moi je trouvais cela dommage de ne pouvoir se transformer qu’en un seul animal, du coup c’est comme ça que m’est venue l’idée des Daïerwolfs qui sont donc des humains qui ont un animal fétiche à la naissance dans lequel il peuvent se transformer mais qui continuent toute leur vie de pouvoir se métamorphoser à volonté en tous les animaux.

Il y a un aspect de l’imaginaire que j’ai trouvé particulièrement intéressant c’est l’inconscient collectif qui relie tous les Daïerwolfs entre eux, leur permet de communiquer psychiquement de façon instantanée. Pour ma part, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que l’inconscient collectif c’était une sorte de grand réseau social ancestral et intégré à la nature des Daïerwolfs.

Je n’avais pas pensé à ça comme une réseau social mais c’est une super comparaison. En fait, je vois ça comme une sagesse collective, parfois un peu enquiquinante mais n’est-ce pas le principe d’une sagesse ? En fait, c’est un énorme frein au développement de l’individualisme des Daïerwolfs. J’ai créé l’inconscient collectif pour que ce soit une limite à la nature de Lou qui dans l’histoire semble pouvoir faire tout ce qu’elle veut. Or pour que cette race soit si puissante tout en restant inconnue des humains il fallait donc ce frein : c’est l’inconscient collectif. Mon gros défi en même temps dans l’écriture de la saga tournait justement autour de la fonction de l’inconscient collectif. Il fallait que je le contourne car c’est ce par quoi les Daïerwolfs ont toujours réglé leurs problèmes. Du coup je devais faire attention.

Quel est ton rapport à l’humour ? Il y a beaucoup d’humour dans le premier tome !

Quand j’écris je me marre toute seule. J’adore rigoler. J’ai envie de prendre du plaisir en lisant et donc réciproquement de faire rire les gens avec ce que j’écris. D’ailleurs certains critiques me disent que comme c’est drôle c’est pour les enfants. Mais non ! Les adultes aussi ont le droit de rire et puis il y a des scènes de sexe assez explicites quand même. Je ne donnerais pas ça à lire à un enfant…

J’ai trouvé que la mère de Lou était un peu lourde à ce sujet… Elle est très insistante pour que sa fille rencontre un partenaire.

C’est vrai. Quelle mère ne l’est pas ? C’est qu’elle est très protectrice aussi.

Un mot pour la fin ?

Je voudrais remercier tous les lecteurs qui me laissent des petits mots. Je n’ai pas le temps de répondre à tous mais ça me fait tellement plaisir !

Propos recueillis par Inès Coville

 

En savoir plus :

L’Esprit de Lou (Animae tome 1) de Roxane Dambre sur le site Livre de Poche