Résumé du Roman
« Qui pousse un certain Guy Roland, employé d’une agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d’un inconnu, disparu depuis longtemps ? Le besoin de se retrouver lui-même après des années d’amnésie ?
Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par s’identifier. Comme dans un dernier tour de manège, passent les témoins de la jeunesse de ce Pedro Mc Evoy, les seuls qui pourraient le reconnaître : Hélène Coudreuse, Fredy Howard de Luz, Gay Orlow, Dédé Wildmer, Scouffi, Rubirosa, Sonachitzé, d’autres encore, aux noms et aux passeports compliqués, qui font que ce livre pourrait être l’intrusion des âmes errantes dans le roman policier. »
Source :
dossier de presse de l’éditeur
La presse en parle
« L’intrusion des âmes errantes dans le roman policier, ce peut être certes une manière de définir le sujet de cette Rue des boutiques obscures, où des silhouettes noires tournent comme dans un manège d’ombres chinoises autour de la silhouette diaphane de Guy Roland. Mieux encore que dans ses cinq romans précédents, Modiano utilise le transparent, l’indécis. Il le fait avec le plus grand art, celui qui exclut l’artifice et nous ramène à une confondante vérité: l’effacement de la vie d’un homme, cet effilochage des souvenirs, ce caractère tout ensemble ténu, attendrissant et méprisable des fameuses traces (au sens en effet policier du terme) auxquelles se résume le passage ici-bas d’un être de chair et de sang : quelques photos de hasard jaunies au fond d’une boîte de biscuit, un nom dans un annuaire, certaines fiches administratives… L’originalité consiste ici à donner au héros le triste privilège d’en mesurer la dérision sur son propre cas. A supposer que quelqu’un puisse revenir sur terre après sa mort, que retrouverait-il de lui dans les lieux qui lui étaient familiers et dans la mémoire des autres? Voici donc la vraie question posée, celle qui, pour toute réponse, appelle ce livre. »;
André Brincourt (article du Figaro daté du 13 septembre 1978)
« Que reste-t-il d’une vie ? (.) Quelques photos jaunissant dans des boîtes à biscuits, des numéros de téléphone changeant d’abonné, une poignée de témoins qui s’évanouissent à leur tour, et pfuitt ! plus rien, à peine si vous avez existé. C’est ce néant de notre trace sur terre, cette buée, que suggère la Rue des boutiques obscures, avec une économie, une maîtrise, qui en font le plus nécessaire des romans de Modiano, sinon le meilleur. (.)
On reconnaît la réussite d’un roman à son dépouillement maximum pour une signification maximum. Au premier coup d’oil, la Rue des boutiques obscures semble aussi transparent et inhabité qu’un rapport de détective. (.)
D’un simple fichier défaillant naissent des interrogations essentielles : à quoi bon ouvrager nos chers petits « moi », vu ce qu’il en reste ? Ne faut-il pas préférer l’instant radieux au mirage des biographies ronflantes ? Ou encore, cette alternative indécidable : à quoi bon vivre si on ne se souvient pas ! A quoi bon se souvenir si on ne vit pas ! C’est la grâce des grands livres, si minces qu’ils semblent, de peser en secret les grandes questions. »
Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde du 8 septembre 1978
Menant d’abord l’enquête dans la capitale, Guy Roland va peu à peu reconstituer le puzzle de sa vie antérieure. Puzzle d’une histoire incertaine et de ses témoins déracinés, Freddie Howard de Luz, Oleg de Wrédé, Gay Orlow, Porfirio Rubirosa, André Wildmer, entre autres. Puzzle d’ «une drôle d’époque», celle de l’Occupation et de la chasse aux juifs, dont les pièces se sont dispersées jusqu’à Bora Bora, en passant par New York, Jouy-en-Josas, Vichy, Rome bien sûr…
Delphine Peras, Lire, novembre 2005