Résumé du livre
» En fait, j’aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n’est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n’ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d’écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n’ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j’ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j’ai sans doute forcé la limite, mais là je n’étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l’air, le manger, le boire et l’excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif. » Avec cette somme qui s’inscrit aussi bien sous l’égide d’Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l’avait fait: l’épopée d’un être emporté dans la traversée de lui-même et de l’Histoire.
(Présentation de l’éditeur)
Biographie de l’auteur.
Jonathan Littell est né à New York, en 1967. Les Bienveillantes est sa première oeuvre littéraire.
La Presse en parle
Il a 38 ans et la tête juvénile d’un attaquant de la Mannschaft au sommet de son art et de sa détermination à vaincre. Costume blanc, cheveux blonds, yeux bleus, plus un anneau à l’oreille gauche. Seuls le scotch et le cigarillo dissipent, dans le café parisien où il ne fait que passer, l’image du sportif de haut vol. Car il y a de l’exploit athlétique dans « les Bienveillantes », le premier roman que Jonathan Littell, sans se retourner ni tergiverser, a rédigé en quatre mois dans une langue où il excelle et qui, à l’origine, n’est pas la sienne. Ce n’est pas seulement un très gros livre, c’est aussi un très grand livre. Jamais, dans l’histoire récente de la littérature française, un débutant n’avait fait preuve d’une telle ambition dans le propos, d’une telle maestria dans l’écriture, d’une telle méticulosité dans le détail historique et d’une telle sérénité dans l’effroi.
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur
Fresque de grande ampleur où sont convoqués des centaines de personnages réels ou fictifs, portée par une authentique puissance narrative et un souci éthique omniprésent on pense souvent, à la lecture, à Vie et destin de Vassili Grossman , Les Bienveillantes n’est certes pas de ces romans quon peut envisager daimer, mais il se dégage de ses pages une force de conviction hors du commun, une sensation inouïe de réalisme et de justesse.
Nathalie Crom, Télérama
Lire Les Bienveillantes c’est quitter la société française de 2006 avec ses blessures, ses non-dits, ses débats douloureux pour gagner une rive dangereuse, celle d’une fiction où tout est sinon vrai, du moins vraisemblable. Bien harnaché, l’on consentira à découvrir le récit d’une soirée charmante chez les Eichmann, la visite technique du camp d’Auschwitz, aux fins d’en améliorer la productivité. On acceptera, le temps d’un roman, les ignominies des uns, les justifications « scientifiques » des autres, les dénégations des troisièmes. Décalage horaire assuré.
Etienne de Montety , Le Figaro
Le roman de Littell se pose ainsi comme une exploration détaillée, un inventaire avant liquidation d’une conscience que le sens moral n’a jamais quittée, mais qui a perdu toute maîtrise de son destin. La masse même de ces neuf cents pages, compactes, emprisonne le lecteur, presque avec violence, dans un temps de lecture long, dont on ne saurait s’affranchir sans perdre des éléments essentiels au sens. La structure des chapîtres, calquée sur celle d’une suite de Bach, ne laisse rien deviner du contenu, mais renvoie à des thèmes, des atmosphères que seule la lecture permet de dégager, et qu’elle éclaire après coup, faisant apparaître un ordre qui simpose une fois le chaos traversé. En ce sens, Jonathan Littel, qui se confronte dès son premier roman à une matière pleine de risques, et au genre difficile du roman historique, se l’approprie avec maestria. Mieux encore, il le tire hors de ses codes, l’ouvre à la modernité sans sacrifier l’efficacité de la narration ni le réalisme de son univers. Le lecteur qui voudra bien accompagner cette démarche verra ses efforts récompensés.
Alain Nicolas, L’Humanité