Dominique Dyens, dont j’avais déjà beaucoup aimé « Délit de fuite» et «Intuitions» publie le 7 mai « Lundi noir » un thriller psychologique qui comme son titre l’indique est sombre, très sombre.
Paul Deshoulières a 55 ans. Il semble être un mari et un père comblé ; il est aussi un financier au sommet de sa gloire. Mais ce grand bourgeois, homme d’affaires brillant et redouté, a des failles et surtout une blessure secrète.
Affaibli, obsédé par l’idée de perdre sa jolie femme, infidèle et vénale, ce cadre dirigeant est prêt à tout, même à franchir la ligne jaune, pour la retenir. Mais l’opération financière qu’il a imaginée vire à la «cata» et va entrainer sa ruine. Pire, son nom risque d’être associé à des groupes mafieux et des scandales pharmaceutiques. Ce sinistre lundi, sa réussite et sa dignité sont rayés d’un trait de plume au bas d’une lettre de licenciement.
Le genou à terre, tous ses appels à l’aide restent vains : il est trahi par sa femme, ignoré par ses enfants, abandonné par son frère et ses amis, harcelé par son broker et les banquiers, poursuivi par l’autorité des marchés financiers, menacé de prison… Son monde s’écroule en quelques jours.
Il se retourne alors sur son passé et se pose une question abyssale «Quelqu’un m’a-t-il un jour aimé ? Pour moi ? Pour ce que j’étais et non pour ce que je représentais ? » Un seul prénom émerge de ce fiasco, celui de Madeleine, la femme qu’il a aimée en 1973, alors qu’il n’avait que 15 ans, et qu’il n’a jamais revue depuis …
Et s’il n’était pas trop tard ? Si après s’être fourvoyé les 55 premières années de sa vie, si après avoir passé trop de temps à courir après des chimères il restait encore une lueur dans ce ciel d’apocalypse ? La vie en général et les romans de Dominique Dyens en particuliers ne sont pas des contes de fée et pourtant …
“Lundi noir” fait partie de ces romans vifs et cruels qu’on lit en apnée, sans avoir le temps de reprendre son souffle : la construction et le style sont dignes des meilleurs thrillers, la plume féroce et mutine de Dominique Dyens ne fait qu’une bouchée de cette haute bourgeoisie parisienne dont elle aime faire voler en éclat les apparences.
Lundi noir de Dominique Dyens – Editions Héloïse d’Ormesson – 208 p. – 17 euros – en librairie le 7 mai 2013
Guy Jacquemelle