Nathalie et Patrice Royer habitent une luxueuse maison à Bois-Joli, petite ville résidentielle de la banlieue parisienne.
Il est avocat, elle dirige une agence immobilière. Leur fils ainé, Grégoire, étudie à New-York et Amélie, leur fille de 16 ans juge les comportements de sa famille avec distance et ironie: « Je me sens tellement différente d’eux, au point que, régulièrement, je me demande s’ils sont bien mes parents.»
Chez les Royer les non-dits permettent d’éviter les sujets qui fâchent et Patrice se refuse à évoquer avec son épouse le drame qui les a frappés dix ans plus tôt; traumatisme qu’elle n’est jamais parvenue à surmonter.
Nathalie rêve d’une aventure avec le mari d’une de ses amies tandis que Patrice, lui, a déjà franchi la ligne jaune.
Un SMS de leur fils Grégoire leur annonçant son prochain mariage avec Gala, une jeune française de bonne famille et vivant aux Etats-Unis, va chambouler ce jeu des apparences et entraîner des réactions en chaîne.
La première rencontre entre les parents de Grégoire et la fiancée se passe bien, du moins en apparence, car Nathalie Royer a une mauvaise intuition. Est-ce la façon cavalière dont son fils leur a appris la nouvelle ? Le premier dîner avec la future belle-famille lors duquel certains sujets sont évités ? Nathalie décide de mener une enquête sur Gala. Ses recherches teintées de paranoïa et d’irrationalité vont révéler de lourds secrets.
Dans Intuitions, roman haletant, Dominique Dyens dépeint avec beaucoup d’ironie et de justesse le dérèglement d’un couple bien sous tous rapports. Cette famille « presque parfaite » donne l’illusion d’une vie idyllique alors qu’elle est en réalité au bord de la crise de nerfs. Le vernis et les apparences de ce microcosme bourgeois ne résistent pas au talent de l’auteure de Délit de fuite. Dans la lignée de certains films de Chabrol, elle nous offre dans ce roman, aux allures de thriller et à la frontière de la raison et de la folie, une âpre satire de la «bonne» société.
Intuitions de Dominique Dyens – Editions Héloïse d’Ormesson – 192 p. – 17 euros – en librairie le 31 mars 2011
Guy Jacquemelle