Horace, entre passion et devoir

Horace est le personnage principal de la pièce éponyme de Pierre Corneille (1640).

Dans cette tragédie, Horace nous apparait d’abord comme un personnage simple et cohérent qui règle sa conduite sur des principes qu’il a librement acceptés. Placé par le sort dans une situation exceptionnelle où ses affections privées se trouvent en conflit avec l’intérêt supérieur de l’État, il choisit sans hésiter de servir son pays , et la logique de ce choix l’amène successivement à combattre Albe, patrie de sa femme Sabine, à tuer les trois Curiaces, ses beaux frères et enfin à égorger sa sœur, Camille.

Résumé de la pièce

 À l’acte l, Sabine, jeune épouse d’Horace, déplore que des guerres fratricides opposent Romains et Albains. L’un de ses trois frères, Curiace, est fiancé à sa belle-sœur, Camille. On apprend qu’une décision commune va mettre un terme à ces effusions de sang ; le sort doit désigner dans chacun des camps trois champions qui seront chargés de faire triompher la cause de la patrie.

Le vieil Horace : « Fuyez, et laissez-les déplorer leurs malheurs.
Leurs plaintes ont pour vous trop d’art et de tendresse ». (Acte II, scène 7)
Gravure de Auguste Trichon sur un dessin de Célestin Nanteuil, 1846

L’acte II révèle coup sur coup aux Horaces et aux Curiaces leur infortune ; un choix unanime les commet au soin de défendre les intérêts de Rome et d’Albe. Déchiré par la perspective d’un devoir si pénible, Curiace, le fiancé de Camille, refuse cependant de s’y soustraire ; dans le même temps, Horace manifeste une joie orgueilleuse et brutale. Devant l’éloquence et les larmes des deux femmes, les guerriers faiblissent quelque peu. Mais l’arrivée du vieil Horace met fin à ces atermoiements. Il envoie les jeunes gens au combat, et les exhorte avec une grandiloquence émue.

À l’acte III, Sabine, gardée à vue dans la maison, tire quelque espoir du fait que les armées se sont mutinées et ont voulu forcer leurs chefs à choisir d’autres combattants. On interroge les dieux. Sombre, Camille n’espère plus rien ; et ses pressentiments se justifient puisque les augures sont favorables. Un peu après que le combat se fut engagé, Julie, la confidente de Sabine, qui se trouvait sur les remparts, annonce que deux des Horaces sont morts et que le dernier fuit devant ses assaillants tous trois blessés. C’est là que se place la parole fameuse du vieil Horace, au comble de l’indignation et de la fureur, et qui réplique à la question de Sabine : «Que vouliez-vous qu’il fit contre trois? – Qu’il mourût ! »

Mais il est instruit à l’acte IV du stratagème dont Horace a fait usage pour triompher des Curiaces. Inégalement blessés, ceux-ci ont poursuivi Horace plus ou moins vite, selon la gravité de leur blessure. Et lui les a tués à tour de rôle sans difficulté. Le désespoir de Camille offense le vainqueur dans son amour-propre et dans son patriotisme sommaire. Il tue sa sœur et se juge bien fondé de le faire.

L’acte V met en présence le meurtrier et son père, qui lui reproche cette inutile violence. Horace se déclare prêt à comparaître devant le roi. Bien que son inhumanité le rende antipathique au dernier point, il est acquitté grâce à la plaidoirie du vieil Horace, qui fait valoir que c’est là un vainqueur, et que cette qualité toute nouvelle lui donne droit à certaine immunité passagère. Car la reconnaissance du peuple lui reste acquise. Le patriotisme l’emporte sur toute autre considération, et le fratricide est absous.

Source bibliographique : 

Dictionnaire encyclopédique de la littérature française (Bouquins & Robert Laffont) & comptoirlitteraire.com

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