Naissance du Prix Goncourt

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les frères Edmond et Jules de Goncourt sont deux écrivains célèbres, mais leur notoriété ne leur permet pas d’espérer entrer à l’Académie française ni de passer à la postérité.

Les frères Edmond et Jules de Goncourt vers 1850. 
Rue des Archives/Tallandier

Les frères Edmond et Jules de Goncourt vers 1850. 
Rue des Archives/Tallandier

Voulant malgré tout « forcer les portes de la gloire », ils décident en 1862, de créer une société littéraire, rivale de l’Académie française, qui porterait leur nom et récompenserait chaque année un grand roman français. C’est une autre façon de marquer l’histoire et la culture de leur empreinte.

En 1870 cependant, Jules de Goncourt meurt prématurément, à l’âge de 39 ans, et c’est donc Edmond qui s’y attelle. Il tisse des premiers liens avec d’autres écrivains dans son fameux Grenier et jette les bases du fonctionnement de la future Académie. Prudent, il rédige un testament dès 1874, obligeant ses héritiers à créer cette entité si lui-même disparaissait trop tôt.

Il mourra une vingtaine d’années plus tard sans avoir achevé son projet. Va s’en suivre une intense bataille judiciaire.Pour cause, Edmond de Goncourt a réécrit plusieurs fois ses dernières volontés et désigné différents exécuteurs testamentaires, qui n’étaient pas tous ses héritiers naturels. Deux écrivains étrangers à sa famille héritent ainsi de ses biens et de ses fonds pour créer l’Académie : Alphonse Daudet et Léon Hennique. Les petits-cousins d’Edmond de Goncourt sont furieux et demandent à la justice de casser le testament.

Au terme de plusieurs procès, le tribunal permet le 1er mars 1900 la naissance de l’Académie Goncourt.

Il faudra attendre encore trois ans, que le Conseil d’État valide les décisions de justice, pour que la société rêvée par Edmond de Goncourt puisse remettre son premier prix.

La première Académie Goncourt se réunit le lundi 21 décembre 1903 pour remettre son prix. Le vote a lieu au restaurant Champeaux, place de la Bourse.

Ils sont dix membre de cette Académie Goncourt et ont pour noms : Joris-Karl Huysmans, Octave Mirbeau (Le journal d’une femme de chambre, 1900), Gustave Geffroy (ami de Monet et de Clémenceau), J.H Rosny Aîné, Léon Hennique (Président de l’Académie, de 1907 à 1912), Elémir Bourges, Léon Daudet (fils d’Alphonse Daudet, exécuteur testamentaire d’Edmond de Goncourt), Paul Marguerite, Lucien Descaves et. J.H Rosny jeune (absent , mais qui avait transmis son vote à J.-K. Huysmans)

Première séance de l’académie Goncourt réunie chez Léon Hennique, rue Decamp, à Paris, en 1903 : Lucien Descaves, Gustave Geffroy, Rosny aîné, Joris-Karl Huysmans, Léon Hennique, Léon Daudet, Rosny jeune et Elémir Bougres, de gauche à droite.
Photo Albert Harlingue / Roger-Viollet

John-Antoine Nau premier prix Goncourt en 1903

John-Antoine Nau pour son roman Force ennemie (Editions de la Plume) l’emporte au 2e tour, par 6 voix contre 3 à Camille Mauclair (Ville lumière) et 1 à Jean Vignaud (Les Amis du peuple). Ancien navigateur né à San Francisco, le lauréat est d’abord un poète qui habite Saint-Tropez. Le héros de Force ennemie est un dément qui se dédouble et prête à son adversaire intime les traits d’un être fantastique. John-Antoine Nau recevra une lettre signée des neufs académiciens présents qui lui demandent de se présenter chez Me Boissy, notaire, chargé de lui remettre une somme de 5000 francs.

Les trois journalistes qui s’étaient déplacés, furent informés par la caissière du restaurant que le «prix des Goncourt» venait d’être attribué. Un tiers de colonne dans Le Figaro sera consacré à l’événement qui n’apporta qu’une mince notoriété à l’auteur. Quelques jours plus tard il n’était plus qu’un illustre inconnu. Il faudra attendre l’année suivante, avec le deuxième prix, décerné à La Maternelle, de Léon Frapié, pour que le Goncourt ait un certain retentissement.

Le deuxième prix Goncourt sera décerné au Café de Paris, 41, avenue de l’Opéra, le 7 décembre 1904, à La Maternelle de Léon Frapié.

L’Académie Goncourt restera au Café de Paris une dizaine d’années. C’est le 31 octobre 1914 qu’eut lieu la première réunion de l’Académie Goncourt chez Drouant. Le restaurant de la place Gaillon, au cœur de Paris, non loin de l’Opéra, était fréquenté dans les dernières années de sa vie par Edmond de Goncourt qui était souvent accompagné de Lucien Descaves. 1914

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