Quand Augustin Meaulnes arrive dans l’école de Sainte-Agathe, où les parents du narrateur, François Seurel , sont instituteurs, il a dix-sept ans. Il est grand, rude et silencieux. Il a les cheveux ras comme un paysan, il aime la chasse et l’aventure et devient aussitôt l’entraîneur de ses camarades, car auprès de lui « tout est possible ».
Augustin Meaulnes est orphelin de père, et admiré par sa mère. Il est en quête d’amour absolu et de perfection et ne peut s’accommoder de la vie de tout le monde. Pourtant il est poursuivi par le sentiment de la faute et sait que la joie n’est pas de ce monde.
Parti chercher les grands-parents de François Seurel, le narrateur, à Vierzon, le Grand Meaulnes se perd en chemin. Il trouve asile chez des paysans qui proposent à Meaulnes de mettre sa jument à l’abri. Mais la jument s’enfuit. Il part à sa recherche mais en vain. Fourbu et blessé au genou, il passe la nuit dans une bergerie abandonnée. Au matin, il se remet en marche et approche d’un « domaine mystérieux », où l’on prépare une fête.
Avançant dans l’ombre, il se hasarde dans la fête qui bientôt l’entraine. Dans un château mi-réel, mi féérique, royaume d’enfants, de comédiens, de forains, d’étranges paysannes en costumes de fête. Augustin Meaulnes apprend qu’on va célébrer les noces d’un jeune chatelain et d’une mystérieuse jeune fille de Bourges, que personne n’a vue. Mais l a jeune fiance n’arrive pas . Elle ne viendra pas. Frantz de Galais, le fiancé est désespéré. La noce s’achève avant de commencer. Il faut rentrer au village, età l’école. Mais Le Grand Meaulnes est fasciné par la vision d’une jeune dame magnifique, entrevue dans un salon, et qu’il a suivie dans une promenade en barque. Avant de la quitter, il lui dit son nom, et elle le sien : elle est Yvonne de Galais, la sœur de Frantz.
Meaulnes retourne dans son village, mais il est bouleversé. Ses anciens camarades s’éloignent de lui, sauf le narrateur qui brûle de l’accompagner un soir dans le château de ses rêves. Meaulnes ne voit plus que pour revoir Yvonne de Galais. Mais à l’aller comme au retour de son voyage, il s’est perdu et ne sait plus retrouver la route.
Grace à Frantz de Galais qui reprend contact avec lui, Meaulnes, apprend qu’ Yvonne de Galais est à Paris.
Frantz lui donne son adresse et lui fait jurer, ainsi qu’au narrateur, de se tenir prêts à le secourir s’il les appelle un jour.
Meaulnes se rend à Paris et adresse trois lettres à François Seurel. A l’adresse indiquée par Frantz, il a rencontré une jeune fille qui lui a appris le mariage d’Yvonne. Il n’y a plus aucun espoir. Il préfère oublier.
Plus d’un an après le départ de Meaulnes, François apprend que la « fête étrange » a eu lieu au Domaine des Sablonnières, près du Vieux Nançay. Il se rend alors chez son oncle Florentin, au Vieux Nançay. Dans la boutique, il rencontre Yvonne : elle n’a pas oublié Meaulnes. L’oncle Florentin décide d’organiser pour le jeudi suivant « une partie de plaisir » où les jeunes gens pourront se revoir.
Jean-Baptiste Maunier (François Seurel) et Nicolas Duvauchelle (Augustin Meaulnes)
Lors de cette « partie de plaisir », Augustin retrouve Yvonne. Malgré le bonheur de ces retrouvailles, il réalise que « le passé ne peut renaître ». Durant cette journée de fête, il presse de questions Yvonne de Galais et apprend que l’ancien château a été abattu. Pour payer les dettes de Frantz, la famille a dû vendre les bateaux et les poneys de la fête. Meaulnes semble s’enfermer dans une nostalgie destructrice. Le soir venu, « c’est avec des sanglots qu’il demande en mariage Mlle de Galais ».
C’est au commencement de février de l’année suivante qu’est célébré le mariage d’Augustin Meaulnes et d’Yvonne de Galais . Le jour même des Noces, aux abords de la maison des jeunes mariés, « un appel déjà entendu jadis » retentit dans la grande sapinière. Il s’agit de Frantz, malheureux, de n’être pas parvenu à retrouver sa fiancée Valentine. Il vient rappeler à Meaulnes sa promesse. François essaye d’éloigner Frantz, mais Augustin Meaulnes a entendu l’appel de son ami et malgré son amour pour Yvonne, il décide de partir en quête de la fiancée disparue. Yvonne reste seule à la maison. François, nommé instituteur dans une école voisine, devient son confident et tente de la réconforter.
Au mois d’octobre Yvonne met au monde une petite fille. Mais elle meurt le lendemain d’une embolie sans avoir revu Augustin. François s’installe aux Sablonnières. Il découvre quelques mois plus tard, le journal de Meaulnes qui lui fournit des renseignements sur sa vie passée à Paris : en cherchant Yvonne, son ami a rencontré et séduit Valentine Blondeau. Lorsqu’il découvre que celle-ci n’est autre que la fiancée de Frantz, il éprouve le sentiment d’avoir trahi son ami en lui prenant celle qu’il aimait. Meaulnes chasse Valentine sans ménagement. Pris de remords, il a ensuite désiré la revoir, mais la belle s’était enfuie. Meaulnes, pour expier ce qu’il considérait comme sa faute, a quitté Yvonne et répondu à « l’appel de Frantz ». C’est pourquoi il est parti dès le lendemain de ces noces en laissant dans son journal ces derniers mots « je ne reviendrai près d’Yvonne que si je puis ramener … Frantz et Valentine mariés ».
Un an plus tard, Meaulnes ramène Frantz et Valentine mariés, prend sa fille et disparaît avec elle laissant François seul.
Quelques citations du Grand Meaulnes
« Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189… Je continue à dire « chez nous », bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n’y reviendrons certainement jamais. Nous habitions les bâtiments du Cours Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j’appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours Supérieur, où l’on préparait le brevet d’instituteur, et le Cours Moyen. Ma mère faisait la petite classe ».
« Mais quelqu’un est venu qui m’a enlevé à tous ces plaisirs d’enfant paisible. Quelqu’un a soufflé la bougie qui éclairait pour moi le doux visage maternel penché sur le repas du soir. Quelqu’un a éteint la lampe autour de laquelle nous étions une famille heureuse, à la nuit, lorsque mon père avait accroché les volets de bois aux portes vitrées. Et celui-là, ce fut Augustin Meaulnes, que les autres élèves appelèrent bientôt le grand Meaulnes ».
« Mais un homme qui a fait une fois un bond dans le Paradis, comment pourrait-il s’accommoder ensuite de la vie de tout le monde ? Ce qui est le bonheur des autres m’a paru dérision ».
« Lorsqu’elle me tendit la main, pour partir, il y avait entre nous, plus clairement que si nous avions dit beaucoup de paroles, une entente secrète que la mort seule devait briser et une amitié plus pathétique qu’un grand amour ».
« Notre aventure est finie. L’hiver de cette année est mort comme la tombe. Peut-être quand nous mourrons, peut-être la mort seule nous donnera la clef et la suite et la fin de cette aventure manquée ».
« Je n’ai pas gardé d’autre souvenir que celui, à demi effacé déjà, d’un beau visage amaigri, de deux yeux dont les paupières s’abaissent lentement tandis qu’ils me regardent, comme pour déjà ne plus voir qu’un monde intérieur ».
Source bibliographique
Dictionnaire des Personnages de Laffont-Bompiani (Editions Robert Laffont)
Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions larousse)
Dictionnaire encyclopédique de la littérature française, de Laffont-Bompiani (Editions Robert Laffont)
Une Histoire de la Littérature française, Kléber Haedens ,Grasset 1970
Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier