Raymond Radiguet est né le 18 juin 1903 à Saint-Maur-des-Fossés. Il est mort, il y a juste 100 ans, le 12 décembre 1923, à 20 ans.
Il a marqué la littérature avec « Le Diable au corps ».
C’est entre 14 et 20 ans qu’il composa son œuvre qui compte deux magnifiques romans – « Le Diable au corps » (1923) et le posthume « Bal du comte d’Orgel » –, de la poésie – en particulier le recueil « Les Joues en feu » –, mais aussi des essais, des contes et des articles. Soit 900 pages composant l’édition « définitive » de ses Œuvres complètes (éd. Grasset), établie par Chloé Radiguet, sa nièce, et Julien Cendres.
En 1920, à peine adolescent, le jeune auteur Raymond Radiguet rencontre déjà le Tout-Paris. Les artistes de sa génération s’arrachent le jeune homme. Tzara, Picasso, Breton, Poulenc ou encore Cocteau, qui le prendra sous son aile, reconnaîtront son génie précoce. Raymond Radiguet, fils de journaliste, s’essaye au journalisme dès ses 15 ans, mais c’est la littérature qui le rattrapera au cours de sa courte vie.
Dans « Le Diable au corps » Radiguet relate les déboires d’un jeune garçon épris d’une institutrice dont le mari est au front. Cinq ans après la Première Guerre mondiale, la réception du livre choque autant qu’il passionne, à l’image du jeune écrivain. La droite nationaliste de l’époque qualifie le livre d’immoral et de cynique, et pour cause, il y a à la fois l’audace et le talent, comme en témoignent les premières lignes du roman : « Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je ? Est-ce ma faute si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre ? […] Je ne suis pas le seul. Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n’est pas celui de leurs aînés. Que déjà ceux qui m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. »
Ce roman sera adapté par Claude Autant-Lara en 1947, avec dans les rôles titres, Gérard Philipe et Micheline Presle. Un duo magnifique pour un film empreint d’un érotisme avant-gardiste pour l’époque.
« Le Bal du comte d’Orgel », roman publié à titre posthume (1924), « où c’est la psychologie qui est romanesque », écrit-il, en prenant pour modèle « La Princesse de Clèves » (1678) qu’il adulait . Ce roman décrit un triangle amoureux de la haute société française oscillant entre sensualité et chasteté. Son style reflète une sobriété et une sûreté propre à l’auteur.
À la suite d’une baignade (sans doute dans le bassin d’Arcachon), Raymond Radiguet meurt emporté par une fièvre typhoïde mal diagnostiquée par le médecin de Cocteau le 12 décembre 1923 . Il est enterré à Paris au cimetière du Père-Lachaise ( 56e division).
D’un poème l’autre, Jean Cocteau, écrasé par le chagrin, écrira : « Car en te tuant chaque mois / On me tue moi et pas toi. / Ange ou feu ? Trop tard. En joue / Feu ! / Il tombe fusillé par les soldats de Dieu. »