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Ce sont les œuvres par lesquelles Jacques-Bénigne Bossuet, théologien, évêque de Meaux conquit une gloire universelle. Comme La Fontaine a recréé la fable, on peut dire que Bossuet a réinventé l’oraison funèbre.
Fort opposé aux jansénistes et à leur doctrine sur la grâce et la prédestination, mais partageant avec eux leur haine du théâtre, il prêche avec éclat. La cour, pourtant, vers 1662, assez peu portée sur la réforme des mœurs et bien opposée à celui qui soutient le parti de la reine mère Anne d’Autriche et de ses dévots, se presse pour l’admirer dans ses grands sermons du Louvre ou de Saint-Germain. À défaut de convaincre de la nécessité d’abandonner la luxure pour souscrire aux devoir de charité et de justice, il impressionne par ses périodes oratoires et sait rendre grandes les morts les plus suspectes.
Bossuet a composé sa première oraison funèbre à vingt-huit ans (1655). Il y en a eu dix.
Confrontés à l’absurdité de la mort, les hommes cherchent une réponse, et à l’occasion des funérailles l’on prononce toujours quelques mots qui servent à la fois à louer le défunt et à consoler ses amis : c’est la fonction de l’oraison funèbre. Au XVIIe siècle, les funérailles des grands personnages de la cour donnent lieu à de grandioses cérémonies, le rituel funéraire devient presque un spectacle auquel tous accourent, autant pour pleurer le mort que pour jouir des talents d’orateur du prêtre. Parmi les prédicateurs de cette époque, Bossuet est l’un des plus renommés : on se presse en foule à ses sermons, à ses panégyriques, on va à l’église comme on irait au théâtre voir une pièce de Racine. En 1670, Bossuet est devenu un personnage de tout premier plan : l’année précédente il a été nommé évêque, mais surtout il a été choisi par Louis XIV en personne pour être le précepteur du Grand Dauphin, le fils du roi. Cette année-là, quand Henriette-Anne d’Angleterre, l’épouse de Monsieur le frère du roi, décède brusquement, c’est tout naturellement à Bossuet qu’est confiée la tâche de prononcer son oraison funèbre devant toute la cour rassemblée autour du cercueil de cette princesse estimée de tous.
Dans un ensemble de onze oraisons funèbres, prononcées de 1655 à 1687, sept restent comme des chefs-d’œuvre (« Oraison funèbre d’Anne d’Autriche », 1667; « d’Henriette-Marie de France, reine de la Grande-Bretagne », 1669 ; « d’Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans », 1670 ; « de Marie-Thérèse d’Autriche, infante d’Espagne, reine de France et de Navarre », 1683 ; « d’Anne de Gonzague de Clèves, princesse Palatine », 1685 ; « de Michel Le Tellier, chancelier de France », 1686 ; et « de Louis de Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang », 1687).
Source bibliographique : Dictionnaire encyclopédique de la littérature française (Bouquins & Robert Laffont) & universalis.fr