Introduction
» Vous avez la vérité gaie et vous êtes l’un des rares dont le rire ne déforme pas la phrase. » (Alphonse Daudet)
» Il ne doit rien à personne. Ni à Cervantès, ni à l’humour anglo-saxon, ni même au snobisme. Son génie lui est personnel. Il n’a même pas de comptes à rendre à Molière ! » (Sacha Guitry)
Georges Courteline, de son vrai nom Georges Moinaux, naît à Tours en 1858. Il est le fils de Jules Moinaux, auteur dramatique, qui lui déconseille d’embrasser la carrière littéraire. Après avoir effectué son service militaire, il devient fonctionnaire au ministère des Cultes. Il passe quatorze ans dans la fonction publique, ayant tout loisir d’observer ses collègues, avant que le succès de ses œuvres lui permette de se consacrer exclusivement à l’écriture. Ces premières expériences lui ont fourni ses principales sources d’inspiration littéraire. Dans ses premières pièces – Les Gaietés de l’escadron (1886), Lidoire (1891) – il s’amuse à tourner en dérision l’armée. Messieurs les Ronds-de-Cuir (1893) s’attaque aux employés de bureau et aux bureaucrates. Boubouroche (1893), sa célèbre nouvelle qu’André Antoine lui demande d’adapter pour son Théâtre-Libre, prend pour cible la petite bourgeoisie. Les œuvres suivantes, récits ou pièces de théâtre, sont des croquis pertinents de différents milieux, saisis sur le vif, mais sans vraie méchanceté. Un client sérieux (1896) et Les Balances (1901) visent le milieu de la justice et des tribunaux. Le commissaire est bon enfant et Le gendarme est sans pitié (1899) dénoncent la bêtise et la méchanceté des forces de l’ordre. Enfin, La Peur des coups (1894), Monsieur Badin (1897) et La Paix chez soi (1903) n’ont d’autre prétention que d’amuser en montrant les ridicules du couple. Dans son œuvre, servi par un style admirable, Courteline a donné une remarquable description des travers de son époque. Pour sa peinture des caractères, il a notamment su utiliser les dialogues dont il a fait un des ressorts essentiels de son comique. Représentants d’une classe sociale déterminée – le magistrat, le sous-officier – ou types d’individu – la bourgeoise, l’avare –, ses personnages sont tous d’une médiocrité rare et remarquable. Ils apparaissent dans des intrigues inspirées du quotidien, mais d’où surgit l’absurde. Auteur apprécié en son temps pour sa verve satirique propre à dépeindre les travers de la petite bourgeoisie, Courteline est décoré de la Légion d’honneur en 1899 et élu à l’académie Goncourt en 1926. Il meurt en 1929.
Bibliographie
A lire les études suivantes :
- Albert DUBEUX, La Curieuse Vie de Georges Courteline, Gründ, 1949.
- Emmanuel HAYMANN, Courteline, Flammarion, Grandes Biographies, 1990.
- Jean PORTAIL, Georges Courteline, l’humoriste français, Flammarion, 1928.
Biographie
1858 | Le 25 juin, Georges Moineau naît à Tours. C’est le second fils de Joseph-Désiré Moineau (dit Jules Moinaux), sténographe au Palais de justice de Paris, chroniqueur à La Gazette des tribunaux, humoriste et auteur dramatique. |
1858-1870 | Enfance entre Paris et Tours chez ses grands-parents. |
1871 | En mai, la famille Moinaux quitte Paris et La Commune et se réfugie à Iverny, près de Meaux. Georges Moineau est mis en pension au collège de Meaux. |
1871-1876 | Etudes secondaires jusqu’à la première partie du baccalauréat. Assez bon élève, Georges ne supporte pas d’être interne. |
1876-1877 | Fin de ses études (classe de philosophie) à Paris au collège Rollin. Echec à la seconde partie du baccalauréat. |
1877-1879 | Obligé de travailler, Georges trouve une place au service des fiches des » Bouillons Duval « . |
1879-1880 | Il fait son service militaire au 13e régiment de chasseurs à cheval de Bar-le-Duc. Après quelques mois, il obtient un congé de convalescence à Paris, puis est réformé. |
1880 | Grâce à son ami Flourens, Jules Moinaux fait entrer son fils au service des cultes du ministère de l’intérieur. Courteline y restera jusqu’en 1894. |
1881 | avec Jacques Madeleine et Georges Millet, il fonde la revue Paris moderne, revue de poètes, sous le pseudonyme de Georges Courteline. Il y publie des poèmes et des contes dans le genre érotique de son Maître et ami Catulle Mendès. |
1883 -1885 | Courteline entre comme chroniqueur aux Petites Nouvelles quotidiennes. |
1884 | premier ouvrage édité de Courteline Les Chroniques de Georges Courteline, àla librairie des Petites Nouvelles quotidiennes. 19 juin : grâce au succès d’une chronique » militaire » La Soupe, édition d’une série de » Souvenirs de l’escadron » (jusqu’en juin 1885). |
1885 | (31 mai) Courteline fait partie de ceux qui entourent le cercueil de Victor Hugo sous l’Arc de Triomphe. |
1886 | Parution des Gaîtés de l’escadron (Marpon-Flammarion). |
1887 | parution du 51e Chasseurs (Marpon-Flammarion). |
1885-1887 | Série de chroniques : Les Femmes d’amis, aux Petites Nouvelles, puis à La Vie moderne |
1888 | Les Femmes d’amis (Marpon-Flammarion). Le Train de 8 h47 paraît dans la Vie moderne, puis chez Marpon-Flammarion. |
1890-1894 | Il donne des chroniques régulières – Ombres Parisiennes – à L’Echo de Paris, signées Jean de la Butte, en l’honneur de Montmartre. Il y publie sous le nom de Courteline ses meilleurs contes, Messieurs les ronds-de-cuir en feuilleton d’août 1891 à mars 1892 et Les Hannetons (qui deviendront, vingt ans plus tard Les Linottes) du 26 juillet au 2 septembre 1893. |
1890 | Parution de Madelon, Margot et Cie et de Potiron (Marpon-Flammarion). |
1891 | (8-9 juin) : Débuts de Courteline au théâtre avec Lidoire, un acte joué à la fin du septième spectacle (saison 1890-1891) du Théâtre Libre d’Antoine. |
1892 | (7-11 juillet) : Parution de la nouvelle Boubouroche dans L’Echo de Paris. Lidoire et la Biscotte, nouvelles (Flammarion). |
1892 | (16 avril) : au Nouveau Théâtre, création d’une revue en quinze tableaux, signée de Catulle Mendès et de Georges Courteline : Les Joyeuses Commères de Paris. Deux actrices de cette pièce joueront un grand rôle dans sa vie : Suzanne Fleury, dite Berty, qui deviendra la première Madame Courteline, et Jeanne Bernheim, dite Brécourt, qui sera la seconde. |
1893 | Parution de Messieurs les ronds-de-cuir avec unepréface de Marcel Schwob (Flammarion). (27-28 avril) : Création de Boubouroche, pièce en deux actes, au Théâtre Libre. |
1894 | (14 décembre) : Au Théâtre d’Application a lieu la première de La Peur des coups (avec Suzanne Berty dans le rôle féminin). Parution de Ah! Jeunesse !… (Flammarion). |
1895 | (18 février) : Au théâtre de l’Ambigu, première des Gaîtés de l’escadron, » revue militaire en trois actes et neuf tableaux » (écrite en collaboration avec Edouard Norès). (3 décembre) : Mort de son père Jules Moinaux. |
1895-1896 | Chroniques de Courteline au Journal. |
1896 | (24 août) : Création au Carillon d’Un client sérieux. |
1897 | (15 mars) : Au théâtre du Grand-Guignol : Hortense, couche-toi ! » saynète mêlée de chœurs « . (13 avril): Au Grand-Guignol : Monsieur Badin. (29 septembre) : Ouverture du Théâtre Antoine avec Boubouroche. (10 octobre) : Au Grand-Guignol : Théodore cherche des allumettes. |
1898 | (7février) : Au Grand-Guignol : Les Boulingrin. |
1899 | (27 janvier) : Au Théâtre Antoine : Le Gendarme est sans pitié. (2 février) : Courteline est décoré de La Légion d’honneur. (18 mai) : reprise des Gaîtés de l’escadron au Théâtre Antoine. (16 décembre) : Au Gymnase : Le Commissaire est bon enfant. |
1900 | (9février) : Le Commissaire est bon enfant au Théâtre Antoine. (12 décembre) : au Théâtre Antoine : L’Article 330. |
1901 | Première édition collective du Théâtre de Courteline sous le titre : Les Marionnettes de la vie (1 volume, Flammarion). (26 novembre) : Les Balances, au Théâtre Antoine. |
1902 | (mai) : Mort de Madame Georges Courteline. |
1903 | Courteline quitte le quartier Montmartre et s’installe au 43, avenue de Saint-Mandé. (25 novembre) : La Paix chez soi, au Théâtre Antoine. |
1905 | (15 janvier) : A la Comédie-Française pour le 283e anniversaire de la naissance de Molière : La Conversion d’Alceste, pièce enun acte et en vers, écrite à la fin de 1902. |
1906 | (1er janvier) : Représentée à la Boite à Fursy : Mentons bleus, scène de la vie de cabots (pièce écrite en collaboration avec Dominique Bonnaud). (5 juillet) : La Paix chez soi fait partie du répertoire de la Comédie-Française. |
1907 | (15mai) : Mort de Madame Jules Moinaux. (2 décembre) : Mariage de Courteline avec Jeanne Brécourt. |
1909 | (27 février) : Théâtre de la Renaissance (directeur Lucien Guitry) : première de La Cruche ou J’en ai plein le dos de Margot, pièce endeux actes écrite en collaboration avec Pierre Wolff. |
1910 | (21 février) : Boubouroche entre dans le répertoire de la Comédie-Française. |
1912 | (octobre) : Les Linottes paraissent chez Flammarion. |
1913 | (printemps) : Voyage en Afrique du Nord et en Italie. (été) Voyage en Belgique, Hollande, Allemagne, Norvège. |
1914 | (avril-mai) : Voyage en Afrique et en Espagne. |
1914-1918 | Durant cette période, Courteline et sa femme vivent à Tours et fréquentent Anatole France et Lucien Guitry. |
1917 | Parution de La Philosophie de Courteline (Flammarion). |
1918 | Deuxième édition collective du Théâtre en deux volumes (Flammarion). |
1919 | (5 février) : Représentation de La Cruche à la Comédie-Française. |
1921 | (4 août): Courteline est fait commandeur de la Légion d’honneur. |
1922 | Deuxième édition revue et augmentée de La Philosophie de Courteline. |
1925-1927 | Après corrections et annotations de ses Oeuvres complètes, première édition collective en 13 volumes (Bernouard). |
1925 | (7 janvier) : Amputation de la jambe droite au-dessus du genou (à l’hôpital Péan). |
1926 | (24 juin) : Grand prix d’Académie à Courteline. (24 novembre) : Courteline est élu à l’Académie Goncourt au siège de Gustave Geffroy. |
1927 | (21 novembre-2 décembre) : Exposition à la galerie Bernheim de la collection Courteline » Musée des horreurs « . |
1929 | Chez Flammarion, troisième édition collective du Théâtre en trois volumes. (23 juin) : Amputation de la jambe gauche (à l’hôpital Péan). Le 25 juin, mort de Georges Courteline à soixante et onze ans. |
Noëlle Benhamou
Oeuvres
1881 | (1er mars) sous le pseudonyme de Georges Courteline, fonde avec Jacques Madeleine et Georges Millet la revue Paris moderne (Vanier, éditeur), revue de poètes. Pendant deux ans, Courteline y publie des poèmes et des contes dans le genre érotique de son Maître et ami Catulle Mendès. |
1883-1885 | Courteline entre comme chroniqueur aux Petites Nouvelles quotidiennes. |
1884 | (fin mai) Les Chroniques de Georges Courteline, premier ouvrage édité àla librairie des Petites Nouvelles quotidiennes. 19 juin : vif succès d’une chronique » militaire » La Soupe. Point de départ de toute une série de » Souvenirs de l’escadron » (jusqu’à juin 1885). |
1886 | Les Gaîtés de l’escadron, chez Marpon-Flammarion. |
1887 | Le 51e Chasseurs,chezMarpon-Flammarion |
1885-1887 | Les Femmes d’amis, série de chroniques aux Petites Nouvelles, puis à La Vie moderne. |
1888 | Les Femmes d’amis (Marpon-Flammarion). Le Train de 8h47 paraît dans La Vie moderne, puis chez Marpon-Flammarion. |
1890-1894 | Chroniques régulières à L’Echo de Paris (Ombres Parisiennes), signées Jean de la Butte. d’août 1891 à mars 1892 : Messieurs les ronds-de-cuir, du 26 juillet au 2 septembre 1893 : Les Hannetons (qui deviendront, vingt ans plus tard Les Linottes). |
1890 | Madelon, Margot et Cie et Potiron (Marpon-Flammarion). |
1891 | (8-9 juin) : Débuts de Courteline au théâtre Lidoire, un acte joué à la fin du septième spectacle (saison 1890-1891) du Théâtre Libre d’Antoine. |
1892 | (7-11 juillet) : Boubouroche paraît sous forme de nouvelle dans L’Echo de Paris. Lidoire et la Biscotte, nouvelles (Flammarion). |
1892 | (16 avril) : Les Joyeuses Commères de Paris, création au Nouveau Théâtre d’une revue en quinze tableaux, signée de Catulle Mendès et Georges Courteline. |
1893 | Messieurs les ronds-de-cuir, préface de Marcel Schwob (Flammarion). (27-28 avril) : Création de Boubouroche, pièce en deux actes au Théâtre Libre. |
1894 | Ah! Jeunesse !… (Flammarion). première de La Peur des coups, au Théâtre d’Application. |
1895 | (18 février) Première des Gaîtés de l’escadron, » revue militaire en trois actes et 9 tableaux » (écrite en collaboration avec Edouard Norès), au théâtre de l’Ambigu. |
1895-1896 | Chroniques de Courteline au Journal. |
1896 | (24 août) Création au Carillon d’Un client sérieux. |
1897 | Au théâtre du Grand-Guignol Hortense, couche-toi ! » saynète mêlée de chœurs » Ouverture du théâtre Antoine avec Boubouroche. Au Grand-Guignol :Théodore cherche des allumettes. |
1898 | (7février) Au Grand-Guignol , Les Boulingrin |
1899 | (27 janvier) : Au théâtre Antoine Le Gendarme est sans pitié. (16 décembre) Au Gymnase ;Le Commissaire est bon enfant. |
1900 | (12 décembre) : L’Article 330, au théâtre Antoine. |
1901 | Première édition collective du Théâtre de Courteline sous le titre Les Marionnettes de la vie (1 volume, Flammarion). (26 novembre) :Les Balances, au théâtre Antoine. |
1903 | La Paix chez soi, au théâtre Antoine. |
1905 | A la Comédie-Française La Conversion d’Alceste, pièce en un acte et en vers, écrite à la fin de 1902. |
1906 | (1er janvier) Représentée à la Boite à Fursy Mentons bleus, scène de la vie de cabots (pièce écrite en collaboration avec Dominique Bonnaud) (5 juillet) Entrée de La Paix chez soi au répertoire de la Comédie-Française. |
1909 | (27 février) : Théâtre de la Renaissance (directeur Lucien Guitry) première de La Cruche ou J’en ai plein le dos de Margot, pièce endeux actes écrite en collaboration avec Pierre Wolff. |
1910 | (21 février) : Boubouroche entre au répertoire de la Comédie-Française. |
1912 | (octobre) : Les Linottes paraissent chez Flammarion. |
1917 | La Philosophie de Courteline (Flammarion) |
1918 | Deuxième édition collective du Théâtre en deux volumes (Flammarion). |
1919 | (5 février) : La Cruche, à la Comédie-Française. |
1922 | Deuxième édition revue et augmentée de La Philosophie de Courteline. |
1925-1927 | Courteline corrige et annote ses Oeuvres complètes, première édition collective en 13 volumes (Bernouard). |
1929 | Troisième édition collective du Théâtre en trois volumes, chez Flammarion. Noëlle Benhamou |
Noëlle Benhamou
Editions
- Les Balances, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992.
- Le Commissaire est bon enfant, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992.
- Du Courteline pour les jeunes, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992.
- Les Femmes d’amis, Arléa, 1992.
- Les Gaîtés de l’escadron, présentation par Francis Pruner, Flammarion, GF, rééd. 2002.
- Messieurs les Ronds de cuir, présentation par Francis Pruner, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992 ; Flammarion, GF, 1993.
- Œuvres, Flammarion, » Vieux Fonds « , 2 vol., 1994.
- La Paix chez soi, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992.
- Les Pensées de Courteline, Le Cherche Midi, » Pensées « , 1989.
- La Philosophie de Georges Courteline, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992 ; Lausanne : Age d’Homme, 2000.
- Quelques gaîtés de l’escadron, Seine, Poche 1?, 2001.
- Théâtre, édition établie par Francis Pruner, Flammarion, GF, 1993. (Comprend : Boubouroche, La Peur des coups, Monsieur Badin, Les Boulingrin, Le Gendarme est sans pitié, Le Commissaire est bon enfant, L’Article 330, Les Balances, La Paix chez soi, La Conversion d’Alceste, La Cruche).
- Théâtre à lire, Ecole des Loisirs, Médium Poche, 1982.
- Théâtre complet, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992.
- Théâtre, contes, romans et nouvelles, philosophie, écrits divers et fragments retrouvés, édition établie par Emmanuel Haymann, R. Laffont, Bouquins, 1990.
- Le Train de 8h47, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992.
- Un Client sérieux, Flammarion, » Vieux Fonds « , 1992.
Noëlle Benhamou