Introduction
« Le passé ne peut renaître » Alain-Fournier Le Grand Meaulnes, 1913
Le 1er juin 1905, jour de l’Ascension, Henri-Alban Fournier ( il prendra en littérature le demi-pseudonyme d’Alain-Fournier), jeune lycéen de 18 ans vient de visiter » le Salon de la Nationale » au Petit Palais.
En descendant l’escalier de pierre, son regard croise celui d’une grande jeune fille blonde, élancée et élégante : Yvonne de Quiévrecourt. Il la reverra quelques jours plus tard, et pourra échanger avec elle quelques mots. Hélas pour le jeune lycéen, Yvonne de Quiévrecourt est fiancée et son destin, tout tracé.
Cette rencontre, dont il a noté tous les détails, va déterminer la vie entière d’Alain-Fournier. Il la transposera quasi littéralement dans le Grand Meaulnes. Ce roman paraît en 1913. Alain-Fournier est à deux doigts d’obtenir le prix Goncourt. L’année suivante, c’est la déclaration de guerre. Il est mobilisé, dès le mois d’Août. Le 22 septembre, il est tué au sud de Verdun, dans les Hauts de Meuse. Il n’avait pas encore vingt-huit ans.
Guy Jacquemelle
En novembre 1999, CSA a réalisé un sondage pour Le Parisien-Aujourd’hui et la Cinquième. A la question : Quel est pour vous le livre du siècle ? Les 4 romans qui sont arrivés en tête furent : Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, Le Vieil Homme et la mer d’Ernest Hemingway, le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, et l’Etranger d’Albert Camus
Biographie
1886 | Naissance le 3 octobre d’Henri-Alban Fournier ( il prendra en littérature le demi-pseudonyme d’Alain-Fournier) dans le Cher, à la Chapelle-d’Angillon. Fils d’instituteurs, il passe son enfance dans le sud du Berry. |
1891 | Son père est nommé à l’école d’Epineuil-le-Fleuriel. Le futur Alain-Fournier y sera son élève jusqu’en 1898, avant d’entrer en sixième, comme pensionnaire au lycée Voltaire à Paris. |
1901 | En 1901 il songe à devenir marin et rentre en seconde au lycée de Brest pour se préparer à l’Ecole Navale. Mais il y renonce. |
1903 | En janvier il vient passer son baccalauréat au lycée de Bourges. En octobre Alain-Fournier va préparer l’Ecole Normale Supérieure au lycée Lakanal à Sceaux. C’est là qu’il rencontre Jacques Rivière qui devient son meilleur ami. Ils échangeront jusqu’en 1914 une importante et passionnante correspondance. |
1905 | Le 1er juin, jour de l’Ascension, Alain-Fournier, jeune lycéen de 18 ans vient de visiter » le Salon de la Nationale » au Petit Palais. En descendant l’escalier de pierre, son regard croise celui d’une grande jeune fille blonde, élégante, élancée, portant un « grand manteau marron « . Il la suit sur le Cours-la-Reine, puis sur un bateau mouche où elle s’embarque et enfin l’accompagne à distance jusqu’à sa maison du boulevard Saint Germain. Il revient plusieurs fois sous ses fenêtres et sa persévérance sera récompensée. Le 10 juin, il a pu apercevoir derrière la vitre le visage de la jeune fille. Surprise, mais souriante. Le lendemain 11 juin, jour de la Pentecôte, il est encore là, tôt le matin et la jeune fille sort de cette maison, un livre de prières à la main. Avant qu’elle ne monte dans le tramway il l’accoste et murmure : » Vous êtes belle ». Rabroué mais non dépité, il la suit jusqu’à l’église Saint-Germain des Près. A la fin de la messe, il l’aborde à nouveau et c’est » la grande, belle, étrange et mystérieuse conversation » entre deux êtres qui, jusqu’au pont des Invalides vont laisser vivre leur rêve. Au coin du Pont de la Concorde, elle lui demande son nom, il lui dit. Elle hésite une seconde , puis « regardant bien droit, pleine de noblesse et de confiance elle a dit fièrement: Mon nom ? je suis mademoiselle Yvonne de Galais… » Hélas la réalité reprend ses droits : la jeune fille est fiancée, son destin est tracé. Avant de se perdre dans la foule, elle se retourne vers celui qu’elle vient de quitter et à qui elle a demandé de ne pas la suivre. Une dernière fois le regarde longuement. Cette rencontre, dont il a noté tous les détails, dès les jours suivants, va déterminer la vie entière d’Alain-Fournier. Il la transposera quasi littéralement dans le Grand Meaulnes. |
1906 | Le jour anniversaire de l’Ascension, Alain-Fournier guette vainement la jeune fille sur Le Cours la reine et confie le soir même à Jacques Rivière : « Elle n’est pas venue. D’ailleurs fut-elle venue, qu’elle n’aurait pas été la même « . Cette année-là, il échoue au concours d’entrée à l’Ecole Normale. |
1907 | Au terme d’une ultime année de « Khâgne » au lycée Louis Le Grand, il échoue de nouveau à l’Ecole Normale. Il apprend également le récent mariage d’Yvonne de Quiévrecourt. |
1908 | Il fait son service militaire : après le peloton d’élève-officier à Laval, il est nommé sous-lieutenant à Mirande (Gers). Toujours hanté par le souvenir d’Yvonne, il écrit quelques poèmes et essais qui seront repris plus tard sous le titre Miracles. |
1909 | Jacques Rivière devient le beau-frère d’Alain-Fournier en épousant Isabelle Fournier, de trois ans plus jeune que son frère. |
1910 | Après son service militaire, Alain-Fournier cherche un emploi, il trouve en avril un poste de rédacteur à Paris-Journal. Il a une liaison avec Jeanne Bruneau, une modiste de la rue Chanoinesse, originaire de Bourges. Il se donne tout entier à elle, mais elle ne le comprend pas. Le 19 Octobre il écrit à Jacques et sa sœur : « C’est fini ». Ils se reverront pourtant et la rupture définitive ne se produira qu’au mois d’avril 1912. Alain-Fournier confiera dans sa correspondance : » J’ai fait tout cela pour me prouver à moi-même que je n’avais pas trouvé l’amour. » A partir de 1910, Alain-Fournier, installé rue Cassini, se met pour de bon à l’écriture du Grand Meaulnes |
1912 | Il quitte la rédaction de Paris-Journal, devient le secrétaire de Claude Casimir-Perier avant d’entamer avec la femme de ce dernier la célèbre actrice madame Simone, de son vrai nom Pauline Benda, une liaison orageuse. |
1913 | Fin juillet, huit ans après la rencontre du Grand Palais, grâce à l’entremise de Jeanne de Quiévrecourt, sa sœur , Alain-Fournier rencontre une dernière fois Yvonne de Vaugrigneuse, désormais mère de deux enfants. Il la quitte donc pour toujours et revient vers Simone. Achevé au début de 1913, Le Grand Meaulnes paraît d’abord dans La Nouvelle Revue française ( de juillet à octobre 1913), puis en volume chez Emile-Paul. Sélectionné pour le prix Goncourt, Le Grand Meaulnes obtient 5 voix au dixième tour de scrutin ( alors qu’il lui en suffisait de 6 pour avoir le prix). Pourtant au onzième tour, c’est Le Peupler de la Mer de Marc Elder qui aura le Prix Goncourt. |
1914 | En début d’année, Alain-Fournier ébauche une pièce de théâtre, la Maison dans la forêt, et commence un nouveau roman, Colombe Blanchet, qui restera inachevé. Mobilisé dès la déclaration de guerre, en août, Alain Fournier rejoint le front comme lieutenant d’infanterie. Le 22 septembre, il est tué au sud de Verdun, dans les Hauts de Meuse. Il n’avait pas encore vingt-huit ans. Porté disparu avec vingt de ses compagnons d’armes, son corps a été découvert dans une fosse commune où les Allemands l’avaient entérré. Il a été identifié en novembre 1991 et est maintenant inhumé dans le cimetière militaire de Saint-Remy la Calonne (Meuse). |
Texte repris du site www.legrandmeaulnes.com , avec leur aimable autorisation
Oeuvres
1913 | Le Grand Meaulnes |
Liens
- Un site totalement dédié à Alain-Fournier et au Grand Meaulnes
- Le Grand Meaulnes, le film de Jean-Daniel Verhaeghe
- Retrouvez sur Terres d’écrivains les lieux où a vécu Alain-Fournier