Chronique du 22 Fév.06
Par Shadi Biglarzadeh
Imaginez que vous êtes dans le métro parisien, il est à peu près 19h30 un mardi, ligne 1 entre la Défense et Charles De Gaulle, créneau horaire tristissime. Soudain le train freine violemment et stationne sous le tunnel. Vous vous trouvez alors presque propulsée sur les genoux d’un monsieur d’âge mûr qui vous dévisage, et vous méprise. Passons.
Par chance, le monsieur en question était assis à côté d’une jeune femme cadre, la trentaine. Cette femme m’intriguait car elle ne levait pas les yeux. Les annonces du conducteur, elle s’en fichait. Quand on allait sortir de là, aussi. Les gens autour, tous les mêmes, désagréables et mal polis, elle les avait sûrement pratiqués aussi. Donc elle s’accrochait à son livre. Un petit livre de poche avec une couverture rose.
Comme j’étais debout, et elle, assise, je ne voyais pas le titre de son livre. C’est toooooooujours comme ça quand on veut voir ce que lisent les gens, soit ils le cachent ou alors on ne peut pas voir, et quand on peut voir, on voit Da Vinci Code, ou.. je ne sais quel autre Sudoku .cul cul. enfin.
J’ai dû faire semblant de perdre l’équilibre -avec plaisir- sur le même monsieur et là j’ai enfin vu le titre du livre : « Ce crétin de prince charmant »(Pocket) , puis j’ai poussé un léger cri de satisfaction, et j’ai été immédiatement séduite. Tout ceci pour expliquer cela : le hasard fait parfois bien les choses, et il faut en profiter au maximum. Ce que j’ai fait, pour mon plus grand plaisir.
L’auteur de ce délicieux premier roman à succès, est Agathe Colombier Hochberg, une parisienne qui écrit avec un ton et une justesse, qui m’ont tout simplement bluffée.
En plus d’être attirée par ce roman au titre que je trouve personnellement génial, j’ai compris que le monopole de ce genre d’histoires n’appartient plus aux américains. Selon moi, c’est même mieux que le livre de Candace Bushnell, qui a inspiré la série culte Sex&theCity. Pourquoi ? parce qu’Agathe Colombier Hochberg décrit la réalité.
Pas d’artifices superflus, pas de Prada à tout va (bon ok une seule fois une des héroïnes se défoule sur des Manolo en lézard mais c’est tout), pas de drogue, pas de discothèques branchées, ou autres extravagances démesurées et souvent inutiles pour décrire le malaise générationnel des trentenaires d’aujourd’hui victimes du célibat.
L’histoire ? la correspondance par e-mail de deux jeunes femmes délaissées.
Ariane, mariée « à temps partiel » à un cadre financier absent, et habitant Paris. Justine, jeune juive new-yorkaise trentenaire au bon statut social, mais qui court toujours et encore après l’amour, le vrai. Jusque là, rien de spécial. Sauf que. Agathe Colombier Hochberg use et abuse d’un ton drôle, acidulé et elle ne mâche pas ses mots. Le prince charmant n’existe vraiment pas. hélas !
Toutes les jeunes femmes mariées ou célibataires se reconnaîtront dans les passages de ce roman attachant qui dit tout haut, ce que nous, les femmes, pensons très souvent tout bas. Quant à vous messieurs, ce livre vous servira aussi à mieux cerner notre état d’esprit dans certaines situations « loquaces » !
Fin octobre 2005, le deuxième roman d’Agathe Colombier Hochberg est paru : « Mes amies, mes amours, mais encore » (Editions Mango
L’histoire de trois femmes contemporaines, proches de nous et de nos préoccupations. Lesquelles ? Le difficile choix de ne pas être mère et prouver qu’on existe ; éduquer ses enfants en essayant de ne pas reproduire les erreurs de ses propres parents ; et la lassitude d’être toujours « la femme de.. ». Là encore pas d’artifices,mais de la simplicité, une bonne dose d’émotion et de justesse dans la description des relations humaines. Des thèmes forts qui touchent les femmes contemporaines et qui les aident à se sentir moins seules.À découvrir sans plus attendre !
Par Shadi Biglarzadeh
Consultante stratégie-organisation (Nouvelles Technologies)
shb_alalettre@yahoo.fr