Présentation du roman
Marie a perdu le fil de sa vie. Plus rien n’arrête son regard, sauf ce jour-là, un groupe d’hommes en haillons massés prés du Monoprix. Sans savoir pourquoi, elle pénètre dans la tente dressée près de la mairie, se joint aux bénévoles pour servir des repas à ceux que, dans la ville, on appelle les «kosovars». Négligeant sa famille, indifférente aux attentions de son mari, à la tendresse de ses enfants, elle se consacre entièrement à la survie de ces hommes en perdition. Elle leur donne tout : de la nourriture, des vêtements, son temps, son argent. Entraînée malgré elle dans un drame intime, elle s’expose à tous les dangers, y compris celui d’y laisser sa peau
Olivier Adam
photo du dossier de presse
Biographie de l’auteur
Olivier Adam est né en 1974. Il a grandi en banlieue parisienne. Après avoir vécu à Paris, travaillé dans une agence d’ingénierie culturelle puis, en tant qu’éditeur, aux Éditions du Rouergue, il s’est installé près de Saint-Malo. Il est, depuis sa création en 1999, membre de l’équipe de programmation du festival littéraire « Les correspondances de Manosque».
En 2000, il publie son premier roman, Je vais bien, ne t’en fais pas, aux éditions du Dilettante. Suivent aux Éditions de l’Olivier : A l’ouest, Poids léger, Passer l’hiver (Goncourt de la nouvelle 2004) et Falaises, salué par le public et la critique en 2005.
Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma, dont Poids léger (mis en scène par Jean-Pierre Améris, 2004) et Je vais bien, ne t’en fais pas (2006, primé aux Césars en 2007) dont il a écrit le scénario avec son réalisateur, Philippe Lioret.
Olivier Adam évoque À l’abri de rien,
son dernier roman
Dans À l’abri de rien, l’histoire est racontée du point de vue d’une femme, Marie. Pourquoi ce choix?
Je n’ai pas choisi grand-chose. Ce livre et sa nécessité se sont imposés à moi. J’ai longtemps lutté contre l’idée de l’écrire, d’en venir à bout, de le publier. Entre la première et la dernière version, quatre ans se sont écoulés. Mais s’il y a une chose dont j’ai toujours été sûr, c’est de Marie. J’ignore d’où elle vient mais elle m’accompagne depuis longtemps, et elle est présente dans tous les textes que j’ai écrits durant cette période. Plus j’avance, et plus c’est vers le féminin que je penche, plus j’ai le sentiment que c’est à travers ce «je » là que je suis le plus juste, au plus près de moi, de ma respiration et de ma folie. Or je crois qu’écrire, c’est se tenir au bord de sa folie. D’une manière générale, les héroïnes de films ou de romans me touchent tout particulièrement. J’écris toujours avec auprès de moi une large tribu de femmes, oscillant entre étrangeté au monde et présence intense aux éléments, à la nature et aux autres, à la fois plongées dans le concret de la vie et se tenant à sa lisière, égarées mais terriblement vivantes. On les trouve aussi bien chez Cassavettes que chez Virginia Woolf, Joyce Carol Oates, Laura Kasischke, Victoria Lancelotta ou Alan Warner. Mais pour ce livre, les héroïnes auxquelles j’ai d’abord pensé, ce sont des jeunes filles que j’ai croisées à Calais, quand j’y menais des ateliers d’écriture en lycée professionnel. Ce sont elles qui m’ont inspiré au premier chef. Leur voix, leur vie. Ce qu’elles allaient devenir.
La violence que la société fait subir aux plus faibles – ici, aux «réfugiés de Sangatte – est très sensible dans ce livre. Vous sentez-vous, vous-même, concerné par ce problème?
Tous mes livres sont «socialement» très ancrés, tous, à leur manière, parlent d’une France invisible, des classes moyennes inférieures ou plus modestes encore, de la banlieue, des zones péri urbaines. Il y a, de ma part, une volonté, politique, délibérée, de donner la parole aux sans-voix, aux dominés, de dire leur vie sans rien cacher de la violence sociale et économique qui s’y déploie et qui me touche et m’obsède au point qu’il m’est impossible d’envisager d’écrire un livre sans cette réalité-là. Il y a surtout je crois une fidélité sans faille à la géographie et au contexte social dans lesquels j’ai grandi, et qui m’ont fabriqué tel que je suis.
Mais dans À S’abri de rien, cette réalité sociale entre en collision avec une autre réalité, qui provoque révolte et indignation : la misère inhumaine, le dénuement absolu dans lesquels vivent les migrants, à la fois exilés, clandestins et sans abri. L’absurdité de leur situation, coincés dans cette ville parce qu’on les empêche d’aller ailleurs, traqués et harcelés avec une violence injustifiable parce qu’ils y restent.
Marie s’engage aux côtés de ces migrants. Et vous, pensez-vous que les écrivains doivent s’engager politiquement? Et de quelle manière?
Si un écrivain doit s’engager c’est d’abord dans et par ses livres. Il s’agit de se frotter au monde et à la vie, de mettre les mains dans le cambouis, dans la boue de l’humain, du réel, des sentiments, du social, de l’intime, du politique. Il s’agit d’habiter physiquement sa langue. Ne pas se tenir à distance – Ne pas se regarder écrire. Ne pas avoir peur de se salir Ne pas se cacher derrière l’arrogance, les postures confortables et toutes les excuses théoriques possibles pour éviter de mouiller sa chemise. Se défier du cynisme, de l’ironie, de l’intelligence froide. Se foutre de plaire ou de déplaire. «Avoir du cour et jouer franc jeu» comme disait Jean-Pierre Enard au sujet de Calet, de Perros ou d’Hyvernaud. Pour le reste, en dehors de mes livres, mon engagement politique est égal à celui de chacun. Je n’ai d’avis autorisé sur rien. Je ne suis pas un « intellectuel » qui écrit des romans. Ce que je pense du monde, de la vie, de la société française, je ne saurais l’exprimer mieux, plus précisément ni avec plus de portée – si faible soit-elle -qu’à travers mes livres, qu’à travers la fiction, qu’à travers une histoire.
Source : Dossier de presse des Editions de l’Olivier
La presse en parle
« Le magnifique portrait d’une femme qui se donne sans compter ».
Sous la plume d’Olivier Adam, Marie raconte son parcours. Un monologue intime qui vrille le cour lorsqu’elle évoque ses rapports avec ses enfants qu’elle voudrait tant ne pas voir grandir trop vite. Lorsqu’elle cède à un irrépressible besoin de trouver ailleurs un sens à sa vie. Lorsqu’elle décide de tout donner, au risque de se perdre. « Cet engagement est total pour Marie. Il remplit le vide immense qu’elle ressentait auparavant. Mais en même temps, il la dépasse », explique Olivier Adam.
Pelerin.info, Isabelle Marchand, 22 Août 2007
Un livre bouleversant sur les sans-papiers de Sangatte
Marie néglige sa famille, oublie ses enfants. Marie en fait trop (ou pas assez…), passe du côté de l’illégalité, dérive, bascule dans la folie pour réparer l’injustice du monde. Un roman bouleversant où se superposent et s’affrontent la misère ordinaire d’un quotidien sans espoir et le dénuement total d’exilés pourchassés. Entre ces deux univers, gens d’ici et malheureux d’ailleurs, peu de solidarité, la haine parfois prête à surgir.L’émotion affleure à chaque phrase de ce récit tendu, où une héroïne fragile se fracasse sur les récifs de l’existence. Un des beaux romans de la rentrée, qui confirme après l’« Eldorado » de Gaudé en 2006, l’intérêt des romanciers les plus en phase avec le monde contemporain pour les rapports Nord-Sud.
France 2
Source bibliographique
Olivier Adam sur Myspace
Les Editions de l’Olivier