Britannicus dans l’œuvre de Racine
Britannicus est la cinquième pièce de Jean Racine. Elle a été créée en 1669. L’action se situe en 56 apr. Jésus-Christ et mêle intimement rivalité amoureuse et conflit politique.
L’empereur Claude a eu un fils, Britannicus, avant d’épouser Agrippine et d’adopter Néron, fils qu’ Agrippine a eu d’un précédent mariage.
Agrippine, après avoir empoisonné l’empereur Claude, son troisième mari , qui lui-même l’avait épousée en secondes noces, a écarté du pouvoir Britannicus au profit de son propre fils, Néron.
Britannicus et Néron sont amoureux l’un et l’autre de la princesse Junie. Face à l’empereur en proie à ses mauvais instincts, Junie doit faire un choix déchirant : ou bien rester fidèle à Britannicus et provoquer sa mort, ou bien sauvegarder la vie de celui qu’elle aime et sacrifier son amour en cédant à Néron.
Le dénouement tragique sera tragique : Néron enlève Junie, arrête Agrippine, sa mère possessive , qui s’opposait à ses volontés, et fait empoisonner Britannicus. Mais, Junie parvient à s’échapper et se réfugie chez les vestales, prêtresses de la déesse du foyer Vesta, privant ainsi Néron du fruit de ses crimes.
Britannicus est aujourd’hui la deuxième pièce de Racine la plus souvent représentée à la Comédie-Française après Andromaque, et c’est l’une des pièces les plus souvent étudiées au lycée.
Résumé de Britannicus de Racine
Acte 1
Nous sommes en 55 avant Jésus-Christ. Albine, la confidente d’Agrippine, s’étonne de trouver celle-ci, au petit matin, attendre devant la porte de la chambre de Néron, au mépris de tout protocole et de toute bienséance. Agrippine, en effet attend que son fils, qui depuis trois ans, est un empereur qui gouverne avec sagesse, veuille bien la recevoir. Oubliant qu’il lui doit le pouvoir, Néron la fuit et néglige ses conseils.
Agrippine vient d’apprendre que, sans l’en avertir, Néron a fait enlever et conduire au palais, où il la séquestre, Junie, seule descendante d’Auguste, dont elle protégeait les amours avec Britannicus. Néron souhaite-t-il par ce geste signifier à sa mère sa disgrâce prochaine ?
Sarah Bernhardt en 1860 dans le rôle de Junie
dans Britannicus de Jean Racine
Burrhus, un des conseillers de Néron, interdit à Agrippine l’accès à sa chambre. Cette dernière trouve que Burrhus a pris trop d’importance. Il la rassure et lui reproche d’être trop méfiante. Il plaide le droit du jeune empereur à gouverner seul, sans sa mère.
Agrippine l’interroge sur la signification de l’enlèvement de Junie. Britannicus survient, cherchant Junie, exposant son malheur. Agrippine l’informe, et lui offre son appui. Britannicus s’en étonne et s’en confie à Narcisse, son « gouverneur », qui lui semble dévoué. Il pense pouvoir compter sur sa fidélité afin d’obtenir des nouvelles de Junie.
Acte 2
Néron, sûr de lui, a ordonné l’exil de Pallas, allié trop zélé d’Agrippine, ce qui aggrave encore la tension entre le fils et sa mère. Il confie à Narcisse (qui, pour lui, espionne Britannicus) son amour pour Junie, qu’il ne peut pas révéler au grand jour. Car Néron est marié à Octavie. Et Junie n’est elle pas amoureuse de Britannicus ? Balayant avec cynisme les obstacles et les objections, Narcisse incite Néron à déclarer sa flamme. Néron, qui a convoqué Junie, courtoisement, lui dévoile son amour. Elle le repousse, lui opposant qu’elle aime Britannicus. Changeant de ton, Néron menace de tuer Britannicus si elle ne lui dit pas, lors d’un entretien auquel il assistera, dissimulé derrière une tenture, qu’elle ne l’aime plus. Narcisse annonce l’arrivée de Britannicus. Néron réitère sa menace, et se cache. Junie tente de se servir de Narcisse pour prévenir Britannicus, mais celui-ci est déjà là. Affolée, Junie lui réserve un accueil qui semble glacial, ce qui désespère Britannicus, mais dans lequel Néron, observateur jaloux et attentif, décèle autant de preuves d’amour pour son rival. Accablé, Britannicus, se retire. Néron reparaît, mais Junie refuse de l’entendre pour s’abandonner aux larmes. Néron confie à Narcisse que, n’ignorant plus que Junie aime son rival, il laissera libre cours à sa jalousie et sa cruauté, et envoie Narcisse commencer à tourmenter Britannicus .
Acte 3
Burrhus informe Néron de l’exil de Pallas et essaie en vain de le ramener à la raison. Redoutant de voir l’empereur céder à sa pente naturelle et barbare, il s’en ouvre à Agrippine, mais relativise la signification de l’exil de Pallas. Laissant éclater sa colère, Agrippine menace de rétablir Britannicus sur le trône. Effrayé, Burrhus défend Néron. Agrippine se confie à sa suivante, Albine. Elle éprouve du dépit devant l’amour de Néron pour Junie. Albine la raisonne : elle ne peut commander Néron jusque dans ses amours.
De son côté, Narcisse s’efforce de persuader Britannicus de l’infidélité de Junie. Quand celle-ci qui a pu échapper à la surveillance de ses gardes , apparait . La voyant arriver, Narcisse va aussitôt avertir Néron. Junie, croyant n’être pas surveillée, révèle à Britannicus la raison de sa froideur lors de leur précédente entrevue : espionnée par Néron, elle a été obligée de feindre ne plus l’aimer. Néron, qui a tout entendu, survient. Au terme d’une violente dispute entre les deux rivaux, Néron ordonne de faire arrêter Britannicus, de ramener Junie dans ses appartements, et de placer sa mère sous surveillance.
Acte 4
Burrhus annonce à Agrippine que Néron veut la voir, et lui signale que, s’il est son fils, il est aussi son empereur : son intérêt est de ne point l’accuser, et de lui tendre les bras.
Dans un long réquisitoire Agrippine rappelle à son fils les crimes les plus atroces qu’elle a dû commettre pour qu’il accède au pouvoir. Il rétorque que, sous son nom, elle ne travaillait en fait que pour elle et que Rome demande un maître et non une maîtresse. Il l’accuse d’avoir comploté contre lui avec Britannicus et Junie. Elle se défend de vouloir aider Britannicus à prendre le pouvoir, exige la punition de ses accusateurs, le droit de Junie à choisir son époux, le rappel de Pallas, ce à quoi finalement consent Néron qui, faisant semblant d’être disposé à lui obéir, promet de se réconcilier avec Britannicus.
Burrhus s’en réjouit. Mais Néron lui avoue que cette réconciliation n’est qu’une ruse destinée à perdre Britannicus. Son but réel, jusqu’alors caché, afin qu’Agrippine ne puisse plus jamais menacer de rétablir Britannicus dans ses droits, est d’éliminer ce dernier. Burrhus tente de le raisonner, de le rappeler à la vertu et le conjure de renoncer à cette décision néfaste.
Burrhus parvient à faire douter Néron. Mais Narcisse, plus convaincant encore, réussit à retourner la situation. Il pousse Néron à recourir au crime.
Acte 5
Britannicus, à qui on a annoncé la volte-face de Néron fait part à Junie de sa joie de se réconcilier avec l’empereur qui l’invité à un festin de réconciliation. Junie exprime ses doutes. Agrippine est également invitée et se vante d’avoir repris l’ascendant sur Néron.
Pendant qu’elle s’attarde quelques instants en compagnie de Junie, qu’elle rassure, Burrhus apparait, terrifié, et leur annonce la mort de Britannicus, victime d’un poison foudroyant. Néron apparait, indifférent. Il nie être l’assassin, et lui rappelle qu’elle a fait empoisonner Claude. Agrippine maudit son fils dont elle prévoit les futurs crimes. Elle et Burrhus se sentent menacés. Junie, pour échapper à Néron et rester fidèle à Britannicus, s’enfuie du palais, et se retire chez les vestales, soutenue par le peuple qui lynche Narcisse qui voulait l’en empêcher. Néron, en proie au désespoir parce qu’il est passionnément amoureux, a de sombres pensées. Agrippine et Burrhus se rendent auprès de Néron, sans trop oser croire que les remords le ramèneront à la raison.
Pour en savoir plus
Source bibliographique
Kléber Haedens Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions larousse)
Balises –Britannicus de Racine – Alain Couprie – Nathan
Le comptoir littéraire