Cette pièce de Samuel Beckett ne comporte qu’un seul acte sans subdivision de scènes. Elle est dédiée à Roger Blin et à Jean Martinest .
Fin de partie connaitra deux versions successives en deux actes avant d’aboutir en 1956 à la pièce en un acte que nous connaissons.
Elle est créée en français le 1er avril 1957 au Royal Court, un petit théâtre de Londres dans une mise en scène de Roger Blin. L’accueil est mitigé. Le Studio des Champs-Elysées se décide alors à présenter la pièce à Paris le 27 avril de la même année. C’est un succès malgré des divergences dans la critique. Ce succès ne s’est depuis jamais démenti.
Quatre personnages
Hamm, aveugle et paralysé, est tyrannique. Il se délecte des souffrances qu’il inflige à ceux qui l’entourent.
Clov a été recueilli et élevé par Hamm. Il est devenu son souffre-douleur. Ses jambes le font souffrir et l’empêchent de s’asseoir.
Nagg est le père de Hamm. Il est devenu cul-de-jatte suite à un accident. Il est condamné à l’immobilité.
Nell est la mère de Hamm. ce dernier et Clov vont l’empoisonner.
Résumé de Fin de partie
Une lumière triste, des murs gris.
Hamm , cloué dans son fauteuil à roulettes, est aveugle et infirme. Il ne peut pas se lever.
Clov, lui, ne peut pas s’asseoir : il va et vient sans cesse, au gré des caprices de Hamm. Hamm passe ses journées à tyranniser Clov. Les deux héros répètent devant nous une journée habituelle. Ils dévident et étirent ensemble le temps qui les conduit vers une fin qui n’en finit pas, mais ils en jouent comme le feraient deux partenaires d’une ultime partie d’échecs.
Dès la première réplique de la pièce, Beckett nous parle de la fin : «Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir». Dans ce lieu de fin du monde, Hamm régente tout, agressif et bougon : « Peut-il y avoir misère plus haute que la mienne ? » Pour tromper l’ennui de vivre, il pose toujours les mêmes questions, parce que « les vieilles questions, les vieilles réponses, y’a que ça ! ». Même s’il répète souvent que «ça avance !», et en fait «rien ne bouge ».
Ce couple infernal est doublé par celui que forment Nagg et Nell, les parents de Hamm : Ils finissent leur vie dans des poubelles. Ils y meurent tout doucement et apparaissent parfois pour évoquer un vieux souvenir, ou réclamer un peu de tendresse. Cette pièce inoubliable n’est pas sans rappeler la célèbre maxime de Boris Vian : «l’humour est la politesse du désespoir»
Dominique Pinon dans le rôle de Hamm et Charles Berling dans celui de Clov sont tout simplement inouïs. Courez y !
Fin de Partie de Samuel Beckett dans une mise en scène de Charles Berling avec Dominique Pinon et Charles Berling au Théâtre de l’Atelier à Paris (Novembre 2008)
Quelques citations de Fin de partie
« Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. Les grains s’ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c’est un tas, un petit tas, l’impossible tas.»
« La fin est dans le commencement et cependant on continue.»
«Rien n’est plus drôle que le malheur… C’est la chose la plus comique de monde.»
« CLOV. — A quoi est-ce que je sers ?
HAMM. — A me donner la réplique.»
« J’emploie les mots que tu m’as appris. S’ils ne veulent plus rien dire apprends-m’en d’autres. Ou laisse-moi me taire.»
« Si je ne tue pas ce rat il va mourir.»
« L’infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au milieu de la steppe… Oui, un jour tu sauras ce que c’est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n’auras personne , parce que tu n’auras eu pitié de personne et qu’il n’y aura plus personne de qui avoir pitié.»
« -Salopard ! Pourquoi m’as-tu fait ?
– Je ne pouvais pas savoir.
– Quoi ? Qu’est-ce que tu ne pouvais pas savoir ?
– Que ce serait toi. »
« Rien n’est plus drôle que le malheur, je te l’accorde.»
Source bibliographique
Grandes oeuvres de la Littérature française de Jean-Pierre de Beaumarchais et Daniel Couty ( Editions Larousse)
La Littérature du XXème Siècle (Nathan, Collection Henri Mitterand)
Dictionnaire de la Littérature française du XXème siècle (Albin Michel, Encyclopaedia Universalis)
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
25 pièces de théâtre de la littérature française d’Hélène Potelet (Hatier, Profil d’une oeuvre)