Léopold Sédar Senghor est né le 9 octobre 1906 à Joal, au Sénégal, alors une colonie française. Il grandit dans la famille de sa mère avant d’être élevé dans celle de son père, un commerçant, où il reçoit une éducation catholique. Il suit ses études à la mission catholique de Ngasobil, au collège Libermann et au cours d’enseignement secondaire de Dakar, puis, à Paris, au lycée Louis-le-Grand et à la Sorbonne.
Admis dans la prestigieuse classe préparatoire littéraire du lycée Louis-le-Grand, Léopold Sédar Senghor y côtoie Georges Pompidou et Aimé Césaire qui deviennent ses amis. En 1935, il réussit le concours de l’agrégation de grammaire : c’est le premier Africain à en être lauréat.
Il débute alors une carrière d’enseignant de lettres classiques, qu’il est contraint d’arrêter en 1939 quand la Second Guerre mondiale éclate. Enrôlé dans l’infanterie coloniale, il est fait prisonnier en 1940 et ne sera libéré que deux ans plus tard. Pendant ces années de captivité, il écrira son deuxième recueil de poèmes, Hosties noires (publié en 1948).
Réformé pour maladie en janvier 1942, il participe à la Résistance dans le Front national universitaire. De 1944 jusqu’à l’indépendance du Sénégal, il occupe la chaire de langues et civilisation négro-africaines à l’École nationale de la France d’outre-mer.
C’est au cours des années d’après-guerre que Léopold Sédar Senghor commence sa carrière politique. Il est élu député à l’Assemblée nationale en 1945, représentant du Sénégal et de la Mauritanie. Sans être pour l’indépendance des colonies, il défend une égalité entre les pays sous le joug français, ce qui lui vaut une popularité dans ces territoires. En 1955, il devient secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le gouvernement d’Edgar Faure, avant d’être nommé ministre conseiller dans celui de Michel Debré à partir de 1959. Apprécié et respecté par la classe politique française, Léopold Sédar Senghor jouera un rôle important dans les prises de décisions dans une France alors en plein processus de décolonisation.
Parallèlement à sa carrière en France, Léopold Sédar Senghor occupe également la scène politique sénégalaise. Il est élu maire de Thiès, dans l’ouest du pays, à partir de 1956. Dans les années 50, les déclarations d’indépendance des États africains se multiplient : Léopold Sédar Senghor y voit une opportunité de construire un fédéralisme africain. Mais c’est un échec, les dissidences entre les pays nouvellement indépendants étant trop fortes.
Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance. Ministre-conseiller du gouvernement de la République française en juillet 1959, il est élu premier Président de la République du Sénégal, le 5 septembre 1960. Ses activités culturelles sont constantes : en 1966, se tient, à Dakar, le 1er Festival mondial des arts nègres. Réélu Président de la République en 1963, 1968, 1973, 1978, il se démet de ses fonctions le 31 décembre 1980.
Léopold Sédar Senghor, l’écrivain
En plus d’être un homme politique, Léopold Sédar Senghor est une figure emblématique de la littérature. Ardent défenseur de la négritude, l’écrivain développe la pensée d’Aimé Césaire et prône la revalorisation de la langue, de la culture et de l’histoire africaines. Sa poésie est marquée par le motif de la contestation anticoloniale et antiesclavagiste, mais aussi par l’acceptation et la revendication du fait d’être noir.
Considéré comme l’un des pères fondateurs de la francophonie, Léopold Sédar Senghor a été le vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie. En 1963, il est récompensé de la médaille d’or du Prix de la Langue française par l’Académie française.
En 1978, il est désigné Prince des poètes, succédant à Maurice Carême. Il est élu à l’Académie française, le 2 juin 1983, au fauteuil du duc de Lévis-Mirepoix (16e fauteuil).
Parmi ses œuvres les plus connues, on compte « Éthiopiques » (1956), un recueil de poèmes dans lequel Senghor célèbre à la fois la culture négro-africaine et un métissage culturel universel. Il est aussi l’auteur du « Lion rouge », l’hymne national sénégalais, et du recueil « Nocturnes » (1961), éloge à la beauté de la femme africaine dans le royaume du Sine au Sénégal. Senghor est également l’auteur d’une dizaine d’essais parus entre 1948 et 1988, dans lesquels il développe sa conception de la négritude.
Léopold Sédar Senghor s’éteint le 20 décembre 2001 à Verson, en Normandie, aux côtés de sa dernière épouse Colette Senghor. Jacques Chirac, à l’époque président de la République, lui rend hommage en ces termes : « La poésie a perdu un maître, le Sénégal un homme d’État, l’Afrique un visionnaire et la France un ami ». En dépit de cette déclaration, ni le président ni son Premier ministre Lionel Jospin ne se rendront aux obsèques de l’écrivain, ce qui provoquera une vive polémique.
Source bibliographique : l’Académie française & France Culture