Thomas Mann (1875-1955) a conquis à l’âge de vingt-six ans la notoriété littéraire avec la publication de son roman naturaliste Les Buddenbrook.
Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1929. Son œuvre se distingue tant par sa perfection stylistique que par la richesse de son propos. On compte parmi ses romans les plus célèbres : Les Buddenbrook, La Montagne magique, Le Docteur Faustus, Joseph et ses frères.
Il est également l’auteur de nouvelles (La Mort à Venise, Tonio Kröger), ainsi que de nombreux essais littéraires, philosophiques et politiques.
La Montagne magique
Écrite entre 1912 et 1924, La Montagne magique est l’un des romans majeurs du vingtième siècle. Cette œuvre magistrale radiographie une société décadente et ses malades, en explorant les mystères de leur psychisme. Le jeune Hans Castorp rend visite à son cousin dans un luxueux sanatorium de Davos, en Suisse. Piégé par la magie de ce lieu éminemment romanesque, captivé par des discussions de haut vol, il ne parvient pas à repartir. Le jeune Allemand découvre son attirance pour un personnage androgyne et, au mépris du danger, se laisse peu à peu envoûter par cette vie de souffrances, mais aussi d’aventures extrêmes en montagne et de dévergondage, où fermentent des sentiments d’amour et de mort.
Évocation ironique d’une vie lascive en altitude, somme philosophique du magicien des mots, ce vertigineux « roman du temps » retrouve tout son éclat dans une nouvelle traduction qui en restitue l’humour et la force expressive.
Roman traduit de l’allemand, annoté et postfacé par Claire de Oliveira ( Editions Fayard)
La Mort à Venise
La genèse de cette nouvelle
Lors d’une rencontre en 1951, Thomas Mann a expliqué à Luchino Visconti que ce texte était très autobiographique.
« Rien n’est inventé, le voyageur dans le cimetière de Munich, le sombre bateau pour venir de l’Ile de Pola, le vieux dandy, le gondolier suspect, Tadzio et sa famille, le départ manqué à cause des bagages égarés, le choléra, l’employé du bureau de voyages qui avoua la vérité, le saltimbanque, méchant, que sais-je… Tout était vrai… L’histoire est essentiellement une histoire de mort, mort considérée comme une force de séduction et d’immortalité, une histoire sur le désir de la mort. Cependant le problème qui m’intéressait surtout était celui de l’ambiguïté de l’artiste, la tragédie de la maîtrise de son Art. La passion comme désordre et dégradation était le vrai sujet de ma fiction. Ce que je voulais raconter à l’origine n’avait rien d’homosexuel ; c’était l’histoire du dernier amour de Goethe à soixante dix ans, pour une jeune fille de Marienbad : une histoire méchante, belle, grotesque, dérangeante qui est devenue « La Mort à Venise ». A cela s’est ajoutée l’expérience de ce voyage lyrique et personnel qui m’a décidé à pousser les. choses à l’extrême en introduisant le thème de l’amour interdit. Le fait érotique est ici une aventure anti-bourgeoise, à la fois sensuelle et spirituelle. Stefan George a dit que dans « La Mort à Venise » tout ce qu’il y de plus haut est abaissé à devenir décadent et il a raison ».
Le film de Luchino Visconti
C’est vingt ans après sa rencontre avec Thomas Mann que Visconti entreprend l’adaptation de la nouvelle.
Les pensées et rêveries d’un écrivain sont difficiles à rendre en images sauf à abuser à l’extrême de la voix off. Pour résoudre ce problème, le réalisateur procède à plusieurs modifications, toujours au plus proche des conceptions de l’auteur, et introduit des flash-back.
Il revient notamment aux sources du texte et Aschenbach redevient musicien. Le film est accompagné par l’adagietto de la cinquième symphonie du compositeur. Mahler avait éprouvé la douleur de perdre sa fille, victime très jeune du typhus. Des flash-back évoquent la mort de la fillette et le petit cercueil blanc.
Pour faciliter l’expression des conceptions du romancier sur l’art et la beauté, Visconti emprunte au Docteur Faustus (1947) de Thomas Mann. Un autre musicien, Schönberg, prend les traits d’Alfred et donne la réplique à Aschenbach dans plusieurs flash-back.
Pour le reste, le film reste plutôt fidèle aux chapitre III à VI de la nouvelle.
Source bibliographique : belin-editeur.com & fayard.fr