Raymond Chandler est né à Chicago dans l’Illinois en 1888.
Il déménage en Grande-Bretagne, avec sa mère, d’origine irlandaise, au cours de l’année qui suit le divorce de ses parents (1895). Inscrit au Dulwich College en 1900 où il est externe jusqu’en 1905, il voyage pendant les vacances en France et en Allemagne. Il est naturalisé britannique en 1907 afin de pouvoir subir l’examen du service civil. Il réussit cet examen et travaille pendant moins d’un an dans les bureaux de l’Amirauté britannique. De cette époque date la publication de son premier poème. Après avoir démissionné du service civil, Chandler travaille comme pigiste pour divers journaux, dont The Spectator, et continue de composer des poésies de style « romantique tardif ».
Chandler rentre aux États-Unis avec sa mère en 1912 et entreprend un temps des études pour devenir comptable. En 1917, il s’engage dans l’armée canadienne et combat en France. Après l’armistice, il s’installe à Los Angeles et commence une liaison avec une femme de dix-huit ans son ainée, Cissy Pascal, qu’il épousera en 1924 après qu’elle aura divorcé de son mari Julian, un pianiste de concert.
Par la suite, Chandler exerce divers petits métiers : cueilleur d’abricots, employé d’un fabriquant de raquettes de tennis. En 1932, il est vice-président du Dabney Oil Syndicate à Signal Hill en Californie, mais il perd cet emploi lucratif en raison de son alcoolisme et de la Grande Dépression de 1929.
Il se décide à rédiger des nouvelles policières, espérant sans trop y croire pouvoir gagner sa vie grâce à sa plume. Sa première nouvelle, Blackmailer’s Don’t Shoot, qu’il passe cinq mois à écrire et pour laquelle il touche {{unité}}, paraît dans Black Mask en 1933. Jusqu’en 1938, Chandler en produit une bonne douzaine, dont plusieurs seront en partie reprises ou refondues pour tisser la trame de ses romans. Le premier, Le Grand Sommeil (The Big Sleep), que l’auteur rédige en trois mois et qu’il publie en 1939, connaît un succès immédiat. Chandler a alors cinquante ans.
Le Grand Sommeil marque la première apparition d’un héros récurrent, le détective privé de Los Angeles Philip Marlowe, nommé ainsi en l’honneur du dramaturge élisabéthain Christopher Marlowe. Ce fin limier, plutôt taciturne, apparaît proprement dégoûté par l’hypocrisie du milieu ambiant et de la société américaine en général. Son regard sévère sur cet univers décadent se voit relevé par un humour grinçant et pince-sans-rire. S’il se révèle à ses heures aussi alcoolique que désabusé, il poursuit avec sagacité la vérité sur les affaires qui lui sont confiées. On retrouve Marlowe dans tous les romans de Chandler et dans deux nouvelles tardives.
Après Le Grand Sommeil, Chandler publie Adieu, ma jolie en 1941, La Grande Fenêtre en 1942 et La Dame du lac en 1943. De plus, la célébrité acquise lui ouvre rapidement les portes de Hollywood. Ses livres sont adaptés au cinéma (Adieu ma belle en 1944 par Edward Dmytryk, Le Grand sommeil par Howard Hawks en 1946, La Dame du lac par Robert Montgomery en 1947) et Chandler, parallèlement à ses activités de romancier, commence à travailler comme scénariste. Mais jamais il ne participera à l’adaptation d’un de ses livres.
Son premier travail de scénarisation consiste à adapter le roman de James M. Cain Assurance sur la mort (Double Indemnity) (1944) pour Billy Wilder. La relation entre les deux hommes est difficile et Chandler ira jusqu’à affirmer que sa collaboration avec Wilder avait abrégé ses jours. Le film est cependant un grand succès et permet à Chandler d’obtenir une nomination à l’Oscar du meilleur scénario adapté .
En 1946, il rédige un premier scénario original qui deviendra le film Le Dahlia bleu (The Blue Dahlia), réalisé en (1946) par George Marshall. Pour la deuxième et dernière fois, Chandler reçoit une nomination aux Oscars. Il rédige un autre scénario original, Playback, qui ne sera pas produit et qu’il transformera ultérieurement en roman.
Chandler termine sa carrière de scénariste en travaillant avec Alfred Hitchcock sur le film Strangers on a Train (1951), adapté d’un roman de Patricia Highsmith. Ce fut une collaboration malheureuse, Hitchcock et Chandler ne s’entendant pas du tout.
Cissy meurt en 1954, à l’âge de 84 ans. Chandler recommence à boire. La qualité de son écriture s’en ressent et il tente de se suicider en 1955. En dépit de l’admiration grandissante que lui vouent les milieux littéraires et le grand public, les dernières années de l’écrivain se placent sous le signe d’un état dépressif chronique. Si Chandler parvient à en atténuer les effets pendant un bref séjour en Angleterre, il y retombe plus profondément dès son retour en Californie.
Il meurt d’une pneumonie le {{Date}}, laissant derrière lui un roman inachevé intitulé Poodle Spring qui met encore une fois en scène son héros fétiche. Le livre sera complété en 1989 par Robert B. Parker, un autre écrivain spécialiste du genre.
« Raymond Chandler a inventé une nouvelle façon de parler de l’Amérique, et l’Amérique n’a plus été la même depuis. »
Paul Auster
Source bibliographique : bibliotheques.cc-sevreloire.fr