« J’aime le pouvoir de faire rire et celui d’effrayer, de choquer, de remuer. La satire ne me semble pas suffisante. Je cherche toujours un langage parfait et, si je raconte des blagues à la télévision, c’est un rôle de clown acceptable. Je ne vois pas pourquoi un écrivain ne serait pas dans la séduction si cela n’implique pas d’écrire des histoires de vampires parce que ça se vend. On peut inviter le lecteur à participer d’une manière sophistiquée et le laisser à sa réflexion. Je ne tiens pas à avoir le dernier mot… sinon d’un point de vue littéraire. »
propos recueillis par Dominique Widemann L’Humanité du 2 Mars 2000
T. C. Boyle (Tom Coraghessan Boyle) est un écrivain et romancier américain né en 1948 à Peekskill, dans l’État de New York.
« Né un 2 décembre, jour de la Sainte Bibiana (Viviana), réputée pour ses dédoctions contre l’épilepsie, les maux de tête et la « gueule de bois », Tom John Boyle (Coraghessan est un prénom d’emprunt), était-il de ce fait « prédestiné » ? Athée proclamé, il le réfute, admettant toutefois que son oeuvre peut suggérer un tel patronnage. Deux de ses romans historiques, Riven Rock et Aux bons soins du Dr. Kellogg (The Road to Wellville) dénoncent les abus de la psychiatrie ou de ce qui en tient lieu. Quant aux maux de tête, il s’en est infligé quelques-uns, par abus de drogues, avant de rejoindre l’atelier d’écriture de l’Université de Iowa. Ce qui le détourne de la musique et du mode de vie très bohème qui l’accompagnait. Il s’assagit, commence à publier des nouvelles, genre qu’il illustre toujours, puis un premier roman historique, Water Music (récit aussi ironique qu’épique de la découverte de l’Afrique par Mungo Park).
Distingué par un prix Faulkner pour Au bout du monde (World’s End), roman à la Dos Passos mêlant les époques et fustigeant les perversions du Rêve américain, il s’inspirera ensuite des mésaventures de quelques-uns de ses amis pour sa « pastorale » : La belle aventure (Budding Prospects, ou « à la fortune du pot »). Son statut d’auteur culte, à la Pynchon, Vonnegut, doit beaucoup à cette picaresque évocation des plantations clandestines de cannabis en Californie. Mais une partie de la critique américaine le boude lorsque paraît América (The Tortilla Curtain, prix Médicis étranger), qui met aux prises un émigrant mexicain et un libéral bien-pensant claquemuré dans une cité-résidence « assiégée » à la fois par les atteintes à l’environnement et l’exode des démunis.
Avec Un ami de la terre (A Friend of the Earth, à paraître chez Grasset dans les prochains mois), roman d’anticipation, l’humour se fait encore plus caustique pour dénoncer, au-delà de la « malbouffe », des atteintes au climat et de l’égoïsme des possédants, d’autres aspects du mythe social américain. Né sinon pauvre, du moins très modestement, sur la Côte Est, vivant désormais dans l’aisance, à Santa Barbara, traduit en près de vingt langues, il fait figure d’écrivain de la mauvaise conscience. Pour lui, la bonne, celle d’un humanisme moderne ; s’il tient le journal de bord de la nef des fous, c’est toujours en raconteur, avec une verve et un sens de l’autodérision qui font le bonheur de ses lecteurs. Ses futurs recueils de nouvelles (parus en français : Si le fleuve était whisky, Histoires sans héros, Vingt-cinq histoires d’amour…) et ses prochains romans devraient, semble-t-il, renouer avec la veine facétieuse, douce-amère, voire souvent hilarante, qui a tant fait pour sa réputation. Avant peut-être, de s’atteler à un nouveau récit à la manière des Contes de Voltaire. »
Jef Tombeur
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